Premier foyer de contamination dans la Capitale : Dakar Ouest en État d’urgence

Des 2 785 cas recensés dans la capitale, le district Dakar Ouest comptabilise 556 cas de Covid-19, soit le premier foyer au Sénégal. Un constat dans une plage de Tonghor montre que le respect des mesures d’hygiène est une chimère dans ce district qui concentre Yoff, Ngor, Ouakam et Mermoz-Sacré Cœur.

Sans masque, rassemblements en masse, aucun respect des mesures d’hygiène… Sur les grosses pierres de la plage de Waraar, ce dimanche 31 mai 2020 est une journée portes ouvertes au Covid-19.

L’endroit niché dans le quartier de YoffTonghor, à côté de l’ex maison de Ousmane Sembène, renoue avec ses jours fastes : filles en maillot de bain et garçons en caleçon se tiennent la main dans l’eau, dans une ambiance d’insouciance. Hallucinant, dans ce contexte de propagation à grande échelle du Covid-19 ! Comme le hasard n’existe pas, selon Albert Camus, Yoff cumule une vingtaine de cas communautaires.

Dans les 2 derniers points dressés par le ministère de la Santé, Yoff a enregistré à chaque fois des cas communautaires. Ce décor illustre l’avancée de la contamination dans le district de Dakar Ouest qui compose Yoff, Ngor, Ouakam et Mermoz-Sacré Cœur. A la date d’hier, ce district était le premier foyer de cas infectés dans le pays avec 556 personnes qui ont déjà contracté le virus, à égalité avec DakarSud. Devant l’indiscipline érigée en règle dans la commune de Yoff, le coronavirus a encore de beaux jours devant lui.
A la plage de Waraar qui jouxte le Virage, l’odeur du poisson grillé donne l’impression que l’été bat son plein. Des regroupements de dizaines de personnes sont formés autour du thé. Le soleil décline ses derniers rayons, avant de céder la place au crépuscule. C’est la ruée : adolescents et adultes, certainement pressés d’en avoir fini avec le Ramadan, descendent en masse sur la plage.

«Le Corona n’existe pas»

Normalement, c’est l’heure où les Sénégalais se précipitent pour échapper aux rigueurs du couvre-feu. C’est tout le contraire. La frime des garçons ne faiblit pas devant les assauts charmeurs des filles habillées en mode sexy. En jean pour la plupart, elles laissent défiler leurs formes généreuses. Lunette de soleil, certains hommes apprécient. D’autres sont juste occupés à jouer au tennis. On n’est pas loin des plages de Copacabana du Brésil. Les vendeurs de mangues et de saba senegalensis (madd) se frottent les mains. Pourtant, leurs étals ne respectent aucune norme d’hygiène et sont posés à même le sol. Ces produits, les baigneurs en raffolent. Les vagues lâchent de longues rafales qui s’écrasent au pied des impressionnantes grosses pierres noires. Pour la baignade, la météo est généreuse. Dans chaque groupe, des personnes sont préposées pour préparer le dessert. La bouffe est servie dans des conditions sanitaires aux antipodes de l’orthodoxie. Les normes d’hygiène sont piétinées. La distanciation sociale est juste une notion que l’on entend dans la bouche des autorités. Quelques titres des albums de Wally Seck distillés par des magnétophones agrémentent l’ambiance. La danse est groupée. L’extase est au summum. «Le corona n’existe pas. Les gens cherchent à nous faire peur. Je ne vois pas la nécessité de porter des masques», lance un jeune adolescent occupé à griller du thon et interpellé sur le non port du masque. Finalement, des centaines de personnes se la coulent douce dans cet endroit assez tranquille où des pontes de la République ont élu domicile. La fiesta se déroule à côté de la résidence de Moustapha Niasse, actuel président de l’Assemblée nationale. Ancien maire de Dakar, feu Mamadou Diop a aussi sa maison et un hôtel à côté. Malgré tout, cette plage continue de recevoir du monde. Au grand dam de Yoff qui voit les cas se multiplier sur son sol et souvent issus de la transmission communautaire…



    BgDiop – Le Quotidien

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