Pr Pape Demba Sy relève les limites de la démocratie au Sénégal : « Nous n’avons pas une culture démocratique et la citoyenneté est limitée »

Professeur de Droit à l’UCAD, Pape Demba Sy soutient que la démocratie au Sénégal fait face à plusieurs menaces.
La Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS), à l’occasion de la conférence publique qu’elle a organisée samedi dernier, avait invité le Pr Pape Demba Sy, juriste, pour réfléchir sur la démocratie au Sénégal.

De l’avis du Professeur en droit à l’UCAD, il y a certes une démocratie au Sénégal mais, il est incontestable que celle-ci reste un idéal, un combat et une consolidation de tous les jours. Cependant, selon ce Pr des Universités, la démocratie sénégalaise a aussi des limites, liées au nombre pléthorique de partis politiques, le dialogue, la culture politique, entre autres. « Le nombre de partis politiques est une pathologie dans notre démocratie. Quand on laisse les partis se développer, il faut mettre les conditions d’une bonne compétition. L’autre point est relatif au refus du dialogue chez certains hommes politiques. Seulement, le danger dans une démocratie est le recours à la violence, l’utilisation de l’insurrection quand on refuse d’aller au dialogue. Il y a aussi la culture politique et démocratique. Pour moi, la culture politique et démocratique au Sénégal est faible, la citoyenneté est limitée. On ne voit presque pas le sens de l’Etat et de la République. L’indiscipline est généralisée chez les jeunes. Or dans tous les pays démocratiques, c’est la discipline qui est la base », a explicité Pape Demba Sy.
La question du parrainage a également été soulevée par le juriste. Pour lui, le parrainage est utile pour réguler notre démocratie électorale parce qu’il y a souvent beaucoup de listes qui risquent de biaiser le processus électoral. « Il faut un filtre et dans toutes les démocraties il y a un filtre. Il y a des parrainages citoyens comme le cas du Sénégal et le parrainage parlementaire ou des élus locaux, dans d’autres pays », dira le Pr de droit. Seulement, ajoute-t-il, au moment où le parrainage a été adopté dans notre pays, il n’y avait pas une discussion entre les parties. « En ce moment-là, il n’y avait pas de discussions entre le pouvoir et l’opposition sur les modalités. Ce sont des modalités qui ont été définies par le pouvoir tout seul. Ce que nous voulons dire est, qu’ il faut une nouvelle discussion des modalités de parrainage pour les présidentielles à venir à partir des questions qui ont été soulevées et discutées par la Société civile, par l’opposition ainsi que par les membres de la mouvance présidentielle », indique Pape Demba Sy. 

D’après l’universitaire, « les modalités sont d’abord la jauge, ensuite le nombre de parrain s’il y a une question qui s’impose et qui tourne autour de la possibilité qu’une personne puisse être parrainée par plusieurs personnes ou non ». Et ce n’est pas tout car, ajoute M. Sy, la question de la transparence ainsi que l’arbitrage du Conseil Constitutionnel doivent aussi être discutées.

D’ailleurs, pour le juriste « c’est parce que ces modalités n’ont pas été discutées que la Cour de justice de la CEDEAO a critiqué le Sénégal ».

 

    Abou Kane Dia  –  laviesenegalaise.com

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