Pourquoi Joe Biden se retire de la course à la Maison Blanche ?

Affaibli par son état de santé et lâché par des poids lourds du camp démocrate, Joe Biden a décidé, dimanche, d’abandonner la course à l’élection présidentielle. De ses gaffes à répétition aux soupçons de maladie de Parkinson, retour sur les différents épisodes qui ont abîmé sa crédibilité ces derniers mois.

Son camp se faisait de plus en plus pressant. Joe Biden a finalement décidé dimanche 21 juillet de renoncer à se présenter à l’élection présidentielle contre Donald Trump, d’après un communiqué qu’il a publié sur son compte X. Ces derniers jours, les appels à se désister s’étaient multipliés dans le camp démocrate.

Selon le Washington Post, Barack Obama, aurait dit à des proches penser que son ancien acolyte devait « sérieusement évaluer la viabilité de sa candidature ». Le représentant démocrate à la Chambre Adam Schiff a aussi appelé le 17 juillet le chef d’État américain à « passer le flambeau ».

Même constat du côté du Sénat, selon ABCS news pour qui Chuck Schumer, le chef de la majorité démocrate au Sénat, « a vigoureusement fait valoir qu’il serait préférable pour Biden, pour le parti démocrate et pour le pays qu’il se retire ». Enfin, l’acteur George Clooney, très actif dans les levées de fonds pour le parti, n’a pas hésité à faire entendre sa voix le 10 juillet. Dans une tribune intitulée « J’aime Joe Biden mais nous avons besoin d’un nouveau candidat » publiée dans le New-York Times, la star d’Hollywood a affirmé « nous ne gagnerons pas en novembre avec ce président ».

Quelques semaines auparavant, Georges Clooney avait pourtant passé du temps avec le président américain et aidé à remettre 28 millions de dollars à la campagne de Joe Biden lors d’une collecte de fonds à Los Angeles.

Le plus vieux président des États-Unis en exercice
À 81 ans, Joe Biden aura été le plus vieux président des États-Unis en exercice à la fin de son mandat. Un record de longévité, certes, mais doublé d’une santé fragile qui interroge forcément les Américains. Selon un sondage de CBS news publié fin juin, 72 % des Américains estiment que Joe Biden n’a pas la santé mentale et cognitive nécessaire pour rester président. Répondant aux questions de NBC news, le président a répondu que « (s)on acuité mentale est sacrément bonne ». Dernier coup de massue en date, on a appris que le président démocrate avait été testé positif au Covid-19, lors d’un déplacement dans le Nevada.

Des soupçons de maladie de Parkinson
On savait Joe Biden atteint de bégaiements depuis sa jeunesse, le voilà désormais soupçonné de cacher la maladie de Parkinson. Selon le New-York Times, un spécialiste de la maladie de Parkinson s’est rendu à la Maison Blanche à huit reprises entre l’été 2023 et le printemps 2024, notamment pour rencontrer le médecin de Joe Biden. Interrogée, la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a tout de suite démenti devant la presse : « Le président est-il traité pour la maladie de Parkinson ? Non (…). Prend-il des médicaments contre la maladie de Parkinson ? Non. »

Des chutes et bourdes à répétition
Les derniers mois précédent son retrait, Joe Biden a multiplié les chutes lors de déplacement, et les bourdes pendant ses prises de parole. Emmanuel Macron a lui-même eu son moment de gêne avec le président américain. Le 2 février 2024, en plein discours à Las Vegas dans le cadre des primaires démocrates, Joe Biden évoque une réunion passée avec François Mitterrand en 2021 au lieu d’Emmanuel Macron.

Nouvelle bourde quelques semaines plus tard. Le président accorde une interview à la chaîne MSNBC début mars et exprime ses regrets sur l’intervention militaire américaine en Irak, lorsqu’il se trompe avec l’Ukraine : « L’Amérique a fait une erreur. Nous avons poursuivi Ben Laden jusqu’à ce que nous l’attrapions. Mais nous n’aurions pas dû aller en Ukraine… ». Puis de se reprendre : « Je veux dire, nous n’aurions pas dû envahir l’Irak et l’Afghanistan. Ce n’était pas nécessaire. »

Un débat complètement raté contre Donald Trump
Le 27 juin, le candidat républicain à la Maison Blanche et l’actuel président s’affrontent lors d’un débat télévisé sur CNN. Fidèle à lui-même, Donald Trump se montre agressif, multipliant les attaques, plus ou moins fondées contre son adversaire. Face à lui, Joe Biden apparaît fébrile, s’emmêlant régulièrement les pinceaux dans ses explications. Il a même une tirade incompréhensible dont se saisit immédiatement son adversaire : « Je n’ai vraiment pas compris ce qu’il a dit à la fin de sa phrase. Je ne pense pas non plus qu’il sache ce qu’il a dit », a taclé Donald Trump.

Dans les jours qui ont suivi, Joe Biden justifie sa piètre prestation par ses voyages à répétition. Il admet que ce n’était « pas très malin » d’avoir « voyagé à travers le monde plusieurs fois » peu avant cette confrontation.

Son terrible lapsus avec Volodymyr Zelensky
Lors du sommet organisé pour le 75e anniversaire de l’Otan à Washington, le 11 juillet, où il se savait scruté par le monde entier, le président a relancé la machine à gaffes. Joe Biden s’adresse au président ukrainien mais se trompe de nom : « Je veux passer la parole au président de l’Ukraine, qui a autant de courage qu’il a de détermination. Mesdames et messieurs, le président Poutine ! ». Profond malaise dans la salle. Joe Biden tentera de se rattraper quelques secondes plus tard. Interrogé deux jours plus tard lors d’un passage à Dublin, le président ukrainien a déclaré qu’il ne lui en tenait pas rigueur : « Je pense que les États-Unis ont beaucoup soutenu les Ukrainiens. Nous pouvons oublier certaines erreurs, je pense que c’est le cas ».

Quelques heures plus tard, lors d’une conférence de presse très attendue, la langue de Joe Biden a fourché une nouvelle fois. Interrogé sur d’éventuelles inquiétudes quant à la capacité de sa colistière Kamala Harris à battre Donald Trump dans le cas où il renoncerait, le candidat démocrate a fait une drôle de réponse. « Je n’aurais pas choisi la vice-présidente Trump si je ne pensais pas qu’elle était qualifiée », a-t-il lancé.

La tentative d’assassinat de Donald Trump
Déjà en bonne position dans la course à la Maison Blanche, Donald Trump bénéficie d’un ultime coup du sort lorsqu’il échappe de justesse, le 14 juillet, à une tentative d’assassinat lors d’un meeting à Butler, en Pennsylvanie.

Au lendemain de l’attaque, le candidat républicain cultive son image de rescapé, inarrêtable pour la Maison Blanche, le poing levé. Malgré ses 78 ans, Donald Trump apparaît bien plus en forme que son principal adversaire. Blessé à l’oreille lors de l’attaque de Butler, il remonte sur scène quelques jours plus tard pour clôturer la convention républicaine qui le consacre pour la présidentielle. La question reste désormais de savoir qui reprendra le flambeau pour l’affronter chez les démocrates.

Source France24
Par Louis CHAHUNEAU
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