Port autonome de Dakar : Des opérateurs du secteur portuaire démontent les chiffres du Directeur Général Aboubacar Sédikh Bèye

En conférence de presse avant-hier, jeudi 16 mai, le directeur général du Port autonome de Dakar a livré les chiffres obtenus par la société portuaire pour l’année 2018. Dressant un bilan reluisant du port, il a fait savoir que la société a réalisé un bénéfice de 9 milliards de francs CFA avant impôt. Certains opérateurs qui s’activent dans le secteur portuaire trouvent que ces performances sont loin de la réalité. Selon eux, contrairement à ce que dit Aboubacar Sédikh Bèye, le port aurait fait perdre à des opérateurs des pénalités estimées à 15 millions de dollars.

Les performances dont le directeur général du Pad Aboubacar Sédikh Bèye a fait état avant-hier, jeudi, avec un bénéfice de 9 milliards de francs Cfa sont loin de la réalité. Contrairement à ce que fait croire le directeur général, l’entreprise portuaire traverse aujourd’hui une crise. C’est du moins l’avis de certains opérateurs qui ont relevé que le port a fait enregistrer durant l’année 2018 des pertes estimées à 15 millions de dollars, soit 9 milliards de francs Cfa. «L’année dernière, il y a une quinzaine de milliards de dollars perdus par les opérateurs. Et d’ailleurs, les plus impactés sont les cimentiers. Aujourd’hui, le port de Dakar est un vrai problème et les opérateurs souhaitent vivement pour que le port de Sendou démarre demain et qu’il soit capable de prendre en charge l’ensemble des flux vaques qui vont décongestionner le port de Dakar. En ce moment, le port pourrait retrouver sa compétitivité. Mais dans les trois années à venir, il n’y a aucune solution envisageable », ont indiqué différentes sources.

Selon eux, le bilan dressé par le directeur général du Pad Aboubacar Sédikh Béye est loin d’être exhaustif. « Quand on fait le bilan du port, il faut être exhaustif. On ne peut pas seulement s’arrêter à faire un focus sur les états financiers d’une structure qui a aussi un impact transversal de notre économie. On peut dire qu’ils ont peut-être gagné de l’argent mais en même temps ils en ont fait perdre aux autres. Même si le port était capable de régler ces problèmes-là, nous n’aurions pas pu perdre dans l’année 15 millions de dollars », se désolent certains. Pour eux, les performances d’un port s’apprécient non seulement par rapport aux résultats financiers mais aussi en comparaison avec l’impact que ce port a sur les autres activités. «Quand on fait un bilan économique des performances du port, on ne peut pas faire abstraction de l’impact des contreperformances du port sur la communauté des utilisateurs. Aujourd’hui, quand on regarde seulement les importateurs de produits vraques au Sénégal, on parle d’une quinzaine de millions de dollars de pénalité en 2015, soit 9 milliards de francs Cfa», font-ils part.

Poursuivant, ils confient: «on a créé toutes les conditions pour que l’accès au port soit complètement privatisé et rendant plus difficile les gros flux. Pour le moment il n’y a aucune solution technique possible. Chacun planifie ses approvisionnements dans l’année en fonction de ses contraintes d’exploitation et des enjeux par rapport à son propre budget ».

Selon nos interlocuteurs, le dynamisme d’un port se mesure également par la mise en place d’un plan d’extension et d’investissement de massifs. «Quels sont les investissements sur de nouvelles installations, de nouvelles infrastructures en dehors de Dubai Port World ? Donc, où sont les plans de développement et gestion du port ? Il n’y en a pas ! Il faut que les gens sachent que le port est un problème plutôt qu’une structure qui apporte des solutions», ont-ils tenu à relever.

Avec Sud Quotidien

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