Pélèrinage à la Mecque: les pèlerins affluent sur le Mont Arafat, moment fort du hajj

Plus de 1,8 million de pèlerins musulmans se rassemblaient dimanche sur le Mont Arafat, près de La Mecque, pour l’étape la plus importante du hajj en Arabie saoudite, endeuillé l’année dernière par une bousculade meurtrière.

Sans discontinuer, le flot des nouveaux arrivants, tout de blanc vêtus –la couleur de l' »ihram », les deux pièces de tissu que doivent porter les hommes– se pressait vers l’imposante mosquée Namira et le Jabal al-Rahma, « le Mont de la Miséricorde » en arabe.
Au lever du soleil, pour la première des cinq prières de la journée, ils étaient déjà des milliers accroupis, debout ou escaladant les marches creusées dans la rocaille sur ce mont couvert de rochers polis par le vent et le temps.
« C’est le plus beau moment de ma vie », affirme dans un grand sourire Ahmed Salmane, comptable égyptien. « Je me trouve dans le plus bel endroit du monde, celui où plus d’un milliard de musulmans à travers le monde rêvent d’être », poursuit-il, alors qu’autour de lui des dizaines de pèlerins reprennent en choeur les invocations traditionnelles du hajj.

« On est au plus près de Dieu, c’est comme si on venait une nouvelle fois au monde », renchérit le Syrien Yassine Issa.
En contrebas, une cohorte de pèlerins continue d’affluer de et vers les campements érigés pour les accueillir après avoir entamé la veille leur pèlerinage dans la vallée voisine de Mina, près de La Mecque.
– ‘La même joie’ –
Chadli Rouissi, Tunisien de 61 ans, accompagné de son épouse, avoue qu’il lui est « difficile de décrire » sa joie. Mais, assure cet homme à la barbe blanche, « tout le monde ici partage la même joie, des gens de toutes les couleurs qui parlent toutes les langues sont tous réunis ici pour la même chose: glorifier Dieu ».

Entre les campements, où les fidèles sont installés selon leur pays d’origine, certains ont déployé leur propre petite tente de camping triangulaire colorée. Pour trouver de l’ombre et tenter d’échapper à la chaleur déjà étouffante aux premières heures du jour, des groupes de pèlerins s’agglutinent sous des arbres ou des bâches tendues un peu partout.

Après le coucher du soleil, les croyants doivent refluer sur la plaine de Mouzdalifa pour se préparer le lendemain à l’Aïd al-Adha, la fête du Sacrifice, et se consacrer au rituel de lapidation de Satan à Mina.
Symboliquement, les pèlerins doivent jeter sept pierres sur une stèle lors de ce rituel qui avait tourné l’an dernier au cauchemar.

Le 24 septembre 2015, quelque 2.300 pèlerins –selon des données compilées à partir de bilans des gouvernements étrangers– y avaient péri dans une gigantesque bousculade, la pire tragédie de l’histoire du hajj. L’Arabie saoudite avance, elle, le chiffre de 769 morts, et n’a toujours pas annoncé les résultats de son enquête sur le drame, alors que de nombreux gouvernements se sont plaints de la confusion qui a suivi et des problèmes rencontrés pour identifier leurs ressortissants décédés.
Pour éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise, Ryad assure avoir pris des mesures, notamment la création d’un bracelet électronique stockant les données personnelles de chaque pèlerin. Aucun chiffre n’a cependant été donné sur le nombre de fidèles équipés de ce bracelet.

-Pèlerinage de substitution-

Dimanche, des hélicoptères survolaient le Mont Arafat, tandis que des policiers à pied, à moto et à bord de véhicules tout terrain régulaient la circulation et orientaient la foule. Sur le Jabal al-Rahma, ils devaient parfois faire barrage de leur corps pour réguler le flot de pèlerins et éviter les engorgements.
Au total, ont annoncé les autorités samedi, 1.855.406 pèlerins participent cette année au hajj, dont 1.325.372 venus de l’étranger. Pour la première fois depuis près de 30 ans, il n’y a pas de contingent iranien.
Sur les quelque 60.000 Iraniens qui s’étaient rendus en 2015 à La Mecque, plus de 460 avaient péri dans la bousculade, provoquant la colère de Téhéran.

En dépit de négociations, les deux puissances régionales rivales ne se sont pas entendues sur l’envoi des Iraniens au pèlerinage. Depuis, c’est la guerre des mots enfin entre Ryad et Téhéran, aux rapports déjà tendus.
Des centaines de milliers d’Iraniens ont convergé ce week-end vers la ville sainte chiite de Kerbala, en Irak, pour y accomplir un pèlerinage de substitution.

Le Point

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