Paralysie du secteur de la santé – le mal profond

Le Sénégal a traversé deux jours autant redoutés qu’inqualifiables, qui montrent une situation claire : le malaise est immense, le mal profond. Avec les deux jours de paralysie du secteur de la santé, il est apparu urgent de procéder à un chantier, devenu incontournable, de l’analyse des mouvements de grève : y’a-t-il des gens qui ont perdu la vie ? Quelles sont les personnes impactées ? Des fautes ont-elles été commises ? Le ministère public va-t-il faire un suivi de la situation en cas de drames avérés, malgré la sacralité du droit de grève ? Autant de questions qui nécessitent des réponses.

Or, le gouvernement a l’obligation de documenter les faits liés à cette grève, qui a secoué un secteur aussi vital que la santé. Il est évident que des patients vont traîner à jamais des séquelles liées au boycott généralisé et inédit des hôpitaux du personnel de santé. Malgré la tension palpable, il serait «inconcevable» que l’Etat ne fasse pas l’autopsie de ces deux jours sans santé. «C’est comme une entente criminelle», souligne un agent, qui a eu du mal à justifier les deux grèves concomitantes des travailleurs de la santé et des pharmaciens.

Pendant 72h, les citoyens ont été laissés à eux-mêmes. Sans possibilités de recours. Il y a 3 ans, le Président Sall avait réquisitionné les travailleurs de la Sde, qui avaient entamé une grève générale. Les enseignants, aussi. Cette fois-ci, les autorités ont ressemblé à des corps anesthésiés négociant juste le respect des urgences. Face à une situation inédite. Sans un socle minimal de règles, l’autorité politique et le courage de prendre certaines décisions, on risque de s’enfoncer dans une nouvelle saison de grèves. On peut être saisi d’effroi.

L’Etat mesure-t-il bien, en retour, les risques qu’entraînerait une réponse en deçà de la gravité de cette décision de paralyser le secteur de la santé pendant deux jours ? Le combat pour que Justice soit rendue à Mme Astou Sokhna montre les revendications souverainistes des populations, qui aspirent à plus de rigueur, à une vie meilleure. A moins de fatalisme. Cette demande assumée est un sérieux avertissement, car la lassitude et la colère gagnent les citoyens. Il serait temps que le gouvernement en prenne toute la mesure pour satisfaire des citoyens de plus en plus exigeants, faire face à cette brutalisation inouïe de la société, montée des positions «jusqu’au-boutiste» dans tous les secteurs.
Par Bocar Sakho

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