Opposition Sénégalaise : Défi de l’unité relevé par Wade

Contre toute attente, surtout des tenants du pouvoir, le Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade, le Rewmi d’Idrissa Seck, la Convergence libérale démocratique/Bokk gi gis de Pape Diop, ainsi que leurs alliés du Front pour le socialisme et la démocratie/Bennoo jubël (FSD/BJ) de Cheikh Bamba Dièye, Tekki de Mamadou Lamine Diallo et Bés du ñakk de Serigne Mansour Sy Djamil, entre autres, ont réussi à mettre de côté leurs divergences et à s’unir pour engager ensemble la bataille des futures joutes électorales. Ce qui, aux yeux de l’opinion, constitue un défi hautement relevé par l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade. Qui, dans une lettre ouverte adressée récemment aux différents leaders de l’opposition, les appelait à s’unir autour de l’essentiel.

Il ne s’en est pas limité là. Le pape du Sopi a reçu nombre d’entre eux en Arabie Saoudite. Sans compter ceux qui sont allés le voir dans son appartement parisien. Maintenant que cette unité est actée, l’opposition semble fixer un cap bien clair et définir un partage limpide des responsabilités des uns et des autres.

Les libéraux et leurs alliés que tout séparait, du fait de leurs ambitions divergentes, semblent aujourd’hui, chacun en ce qui le concerne, mettre en veilleuse certaines d’entre elles, au profit de l’unité qu’exige le moment. Conscients des vrais enjeux de ces joutes électorales et des objectifs qu’ils se sont assignés, ils ont en effet bien réparti les tâches, en choisissant d’investir les leaders dans leurs fiefs.

A partir du moment où Malick Gakou est investi à Guédiawaye, Idrissa Seck à Thiès, Oumar Sarr à Dagana, Cheikh Bamba Dièye à Saint Louis, Mansour Sy Djamil dans son fief à Tivaouane, Modou Diagne Fada à Kébémer, Pape Diop et Khalifa Sall à Dakar, les leaders de l’opposition font d’une pierre deux coups.

D’abord, ils maximisent leurs chances de triompher des listes de Bennoo bokk yaakaar, surtout dans les départements. Dans un département comme Thiès par exemple, même si le parti d’Idrissa Seck, Rewmi en l’occurrence, y a perdu du terrain lors des élections précédentes, avec l’apport des libéraux du Pds et de leurs alliés de Bokk gis gis, de Dolel Khalifa, de Bés du ñakk et autres, il peut espérer un large score devant la mouvance présidentielle. Itou pour Oumar Sarr à Dagana et Cheikh Bamba Dièye à Saint-Louis.

Ensuite, ils règlent la question de la tête de liste nationale qui ne devrait plus poser un problème particulier, dès lors que l’ensemble des leaders sont investis sur les listes départementales. La question risque donc de poser moins de problème, si tous les leaders sont prêts à aller en découdre avec la mouvance présidentielle sur la départementale. Du coup, l’idée avancée de faire d’Abdoulaye Wade la tête de liste nationale pourrait facilement faire l’objet d’un consensus fort, dès lors que, malgré son âge avancé, il a une envergure nationale et connaît bien la cartographie électorale du pays.

Mankoo, refuge des frustrés du Macky

Au-delà de ces considérations, la coalition Mankoo Taxawu Senegaal pourrait constituer une menace pour le régime, dans la mesure où elle se positionne de plus en plus comme un réceptacle des frustrés du Macky. Après avoir enrôlé le leader du FSD/BJ, Cheikh Bamba Dièye, qui a claqué la porte de la mouvance présidentielle au lendemain des élections locales de 2014, Mamadou Lamine Diallo de Tekki, après le référendum du 20 mars 2016, Malick Gakou après qu’il a quitté Moustapha Niasse et Khalifa Sall qui n’est plus en odeur de sainteté avec son parti, le PS, l’opposition poursuit son opération de débauchage tous azimuts.

Avant-hier, elle est allée pêcher le leader du Bloc des centristes Gaïndé (BCG), Jean Paul Dias, jusqu’au sein de la coalition Macky 2012 qui a porté Macky Sall au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2012 et qui a beaucoup contribué à son élection à la tête de la magistrature suprême du pays. Egalement, elle est en train d’appâter le leader du Parti des travailleurs et du peuple, Me El Hadj Diouf, qui a suspendu son adhésion à la coalition de l’opposition à la décision des instances de son parti.

Parallèlement, 7 autres partis, selon le maire de Mermoz-Sacré Cœur Barthélemy Dias, sont en passe de rejoindre la coalition de l’opposition. C’est dire que cette opération de débauchage pourrait beaucoup grignoter sur le bloc BBY resté jusqu’ici soudé et compact. Même s’il faut reconnaître que les partis qui claquent la porte n’ont pas une certaine envergure politique, il n’empêche qu’auprès de l’opinion, ils exercent une influence qui peut impacter sur le choix des électeurs sénégalais.

Vers une bipolarisation de l’échiquier politique sénégalais

Les tractations et autres négociations en cours dans le landerneau politique sénégalais augurent surtout d’une bipolarisation de l’échiquier politique. Dès à présent, on se retrouve avec deux grands blocs compacts qui vont se disputer l’essentiel des sièges de la prochaine législature. Un cas de figure qui peut se reproduire, lors de l’élection présidentielle de 2019.

Depuis l’installation de Macky Sall au pouvoir, jamais une coalition ne s’est mesurée à celle de la mouvance présidentielle. Toutes les initiatives enclenchées par l’opposition ont été très tôt tuées dans l’œuf soit par le choc des ambitions de ses différentes composantes, soit par les manœuvres du camp présidentiel, comme ce fut le cas avec le fameux dialogue national.

Avec la mise en place de MTS, l’opposition s’inscrit dans une dynamique nouvelle qui augure de chaudes empoignades lors des élections législatives de ce 30 juillet 2017, et certainement, pour la présidentielle de 2019.

EnQuete

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.