Mutations sociales et violences dans le monde contemporain – l’anthropologue et sociologue Youssou Mbargane Guissé diagnostique le mal

Le Sénégal fait face à une série de barbaries (meurtres et viols) dont les causes sont à chercher dans le modèle de développement néocolonial et les mutations sociales, selon Youssou Mbargane Guissé. D’après le chercheur anthropologue et sociologue, les inégalités sociales qui ont suivi les indépendances sont à l’origine de ce fléau.

« Après l’indépendance, on a pris l’option d’un modèle de développement fondé sur l’élitisme, sur la séparation ville campagne, sur une économie centrée sur la capitale qui a toute la richesse par rapport à des régions qui sont marginalisées, à un système politique très bureaucratique francophone d’ailleurs. Il y a une période où les gens parlaient français même quand ils allaient chez les paysans », souligne le sociologue qui rappelle qu’autrefois, l’individu était membre d’une communauté; maintenant elle a plus tendance à affirmer sa propre personnalité : c’est le début d’un processus d’individualisation. C’est à son avis ce qui a déstructuré le tissu social.

Youssou Mbargane Guissé estime que si les jeunes sont devenus violents, c’est parce que depuis toujours, ils ont été en marge du système politique avec qui il y a toujours eu un manque de communication. Voyant venir, les professeurs Pierre Fougeyrollas et Sankhalé avaient sonné l’alerte dès 1964 dans un rapport.

« En 1964, le Conseil économique et social de l’époque, avait commandité une étude prospectus sur le Sénégal parce qu’ils voyaient les problèmes venir. Ils ont travaillé à l’époque sur les problèmes d’éducation, sur les jeunes, entre autres. Une partie de ce rapport a été publié dans un ouvrage intitulé Dakar en devenir et quelques années après, Pr Fougeyrollas a publié un ouvrage intitulé Où va le Sénégal (1970) », rapporte-t-il sur le plateau de l’émission Objection sur Sud Fm. Hélas, regrette-t-il, leurs conclusions avaient été rangées dans les tiroirs mais les évènements de 1968 et 1988 leur ont donné raison.

Pour mettre fin à cette série noire, recommande Guissé, il faut des solutions structurelles susceptibles de réduire les inégalités sociales et davantage impliquer les jeunes.


 

Avec SeneWeb

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