Manko perdue par les intérêts divergents de ses leaders

L’opposition réunie au sein de la coalition Manko Taxawu Senegaal ira aux élections législatives du 30 juillet prochain en rang dispersé. Au moins, trois entités sont sorties des flancs de cette coalition qui n’a pas pu transcender ses divergences sur la tête de liste nationale et départementale et sur la répartition des sièges à Dakar.

La coalition Manko Taxawu Senegaal vole en éclats. Depuis hier, elle est dorénavant scindée en trois entités. Il s’agit de la Coalition Wàttu Senegaal créée par le Parti démocratique sénégalais (PDS) soutenu par d’autres formations politiques comme la Convergence libérale démocratique/Bokk gi gis (CLD/BGG) de Pape Diop, Tekki de Mamadou Lamine Diallo, And Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS) de Mamadou Diop Decroix et plus d’une vingtaine d’associations et mouvements, à en croire le chargé de la communication du PDS, Mayoro Faye. Qui soutient d’emblée qu’ils comptent aller aux élections législatives sous leur propre bannière avec comme tête de liste nationale l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade. “Wàttu Senegaal se veut une coalition gagnante”, déclare Mayoro Faye contacté hier par EnQuête. Cette fracture survenue à quelques encablures seulement des élections législatives du 30 juillet prochain a beaucoup irrité les libéraux du PDS et leurs alliés. Ils dénoncent ainsi un coup tordu d’Idrissa Seck et de Malick Gakou. “En un moment, les autres partis ont voulu renouer le contact avec nous, mais on a été dépité. Les Gakou et autres ont tout essayé, mais on a compris que c’était fini. Nous avons été victimes d’actes de déloyauté, alors qu’ils étaient tous d’accord que le PDS soit la tête de liste. Ils se sont rétractés à la dernière minute. C’est parce qu’ils ont déposé leurs cautions qu’ils ont voulu nous coincer. C’est déloyal. Idy et Gakou ont beaucoup manœuvré pour qu’on en arrive à cette situation. Ils ont été les plus grands manœuvriers, en dehors de Bamba Dièye qui n’a jamais caché son soutien à Khalifa Sall”, fulmine un haut responsable de la coalition dirigée par le PDS. Notre interlocuteur de reconnaître tout de même qu’avec cette fissure, les chances de l’opposition de gagner s’amenuisent. “Il y a une diminution de nos chances, avec cette situation. On aurait eu beaucoup plus de chances de gagner, en étant ensemble. Mais on aura une longueur d’avance sur eux. Rien que Me Wade tête de liste, nous aurons des résultats probants”, soutient-il. Outre la Coalition Wàttu Senegaal, Manko Yessal Senegaal est également né des flancs de MTS. Celle-ci a été lancée hier par le leader de Les démocrates réformateurs (LDR/YESSAL), Modou Diagne Fada, au cours d’un point de presse tenu dans sa permanence à Dakar. Ce dernier avait, depuis l’ouverture des négociations, pris ses précautions en déposant sa propre caution pour parer à toute éventualité, en cas de désaccord. Il a vu juste. Puisqu’il serait aujourd’hui dans un dilemme cornélien, si tel n’avait pas été le cas. Mais sa démarche “solitaire” aura tout de même laissé pantois les soutiens de Khalifa Sall qui l’avaient inclus dans leur plan. Idy, Djamil, Bamba Dièye et Gakou restent avec Khalifa Quant aux autres formations politiques comme le Rewmi d’Idrissa Seck, le Grand parti de Malick Gakou, le Front pour le socialisme et la démocratie/Benno Jubël (FSD/BF) de Cheikh Bamba Dièye, Bés du ñakk de Serigne Mansour Sy Djamil et les autres partis membres de Initiatives 2017, ils sont restés fidèles à Khalifa Sall et ont décidé de faire de ce dernier leur tête de liste nationale. Cette situation était pourtant prévisible. EnQuête annonçait déjà dans son édition d’hier que cette coalition qui regroupait les partis les plus représentatifs de l’opposition sénégalaise avait du mal à transcender ses divergences et qu’elle s’acheminait inévitablement vers une implosion. Il faut relever que trois questions principales opposent les leaders de la coalition Manko Taxawu Senegaal, notamment Oumar Sarr du PDS et Khalifa Sall de Initiatives 2017. Ces deux leaders se disputaient, en effet, la tête de liste nationale de la coalition. Outre cette question, la répartition des 7 sièges impartis à Dakar opposait Khalifa Sall aux autres leaders de MTS. Le maire de Dakar, jusque-là derrière les barreaux dans le cadre de l’affaire de la caisse d’avance, réclame 5 sur les 7 sièges octroyés à la capitale sénégalaise, au motif qu’il y est plus représentatif que ses alliés. Ce que les autres leaders de Manko, notamment ceux du PDS, n’ont pas voulu accepter. Le troisième écueil sur lequel butent le maire de Dakar et les autres leaders de Manko, c’est le choix de la tête de liste départementale à Dakar. En effet, le président de la Convergence libérale démocratique/Bokk gis gis (CLD/BGG), Pape Diop, disputait cette posture au dauphin de Khalifa Sall, Barthélemy Dias, par ailleurs maire de Mermoz-Sacré-Cœur. Au moment où Khalifa Sall estime que le fils de Jean Paul Dis pourrait faire l’affaire de la coalition à Dakar, Pape Diop lui pense le contraire. En tant qu’ancien maire de Dakar, l’ex-président du Sénat sous le régime d’Abdoulaye Wade, croit qu’avec le soutien indéfectible des autres partis alliés, il est le plus apte à conduire la coalition MTS au niveau du département de Dakar pour venir à bout de la liste de la mouvance présidentielle regroupée dans la coalition Benno bokk yaakaar (BBY).

EnQuete

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