MAMADOU NDOYE : “Le Sénégal est tout à fait perdant, dans ses échanges avec la France”

Dans un entretien avec le Journal « EnQuete », l’ancien Secrétaire général de la Ligue démocratique, Mamadou Ndoye sans langue de bois a fustigé l’exploitation et l’inégalité dans les échanges Nord/Sud : « Le Sénégal est tout à fait perdant, aujourd’hui, dans ses échanges avec la France », a-t-il dit.

Pour Mamadou Ndoye, Secrétaire général de Ligue démocratique, « aujourd’hui les seuls accords qui vaillent entre les deux pays  c’est comment rééquilibrer la balance entre le exportations et les importations ». Il s’en explique dans un entretien avec le journal Enquête.

«  Le Sénégal par rapport à l’importation et l’exportation c’est un rapport d’un quart à peu près sinon moins. Ce qui veut dire que le Sénégal est tout à fait perdant, aujourd’hui, dans ses échanges avec la France. Peut-être ça aussi c’est l’arbre qui cache la forêt parce que lorsqu’on regarde la part qu’occupe les sociétés françaises, c’est encore beaucoup plus inquiétant », relève-t-il.

« Je crois que tout accord que l’on doit signer avec la France c’est de faire comprendre à ce pays aujourd’hui qu’il est absolument indispensable de rééquilibrer, parce que nous avons besoin de protéger notre économie, nous avons surtout besoin de protéger nos acteurs économiques pour qu’ils aient le temps d’apprentissage nécessaire et pour devenir compétitifs comme les autres entreprises mondiales », assène-t-il.

Pour lui, la visite de Macron avait deux dimensions. La première est une dimension internationale, avec la mobilisation des ressources pour le Partenariat mondial pour l’éducation. Et la dimension bilatérale, même si on ne connait pas de manière précise le contenu des accords, on connait la tendance des relations entre le Sénégal et la France.

En ce qui concerne la première dimension, l’apparence que cela donne, au regard des résultats, c’est à-dire 2,5 milliards de dollars mobilisés pour un objectif de 3 milliards. Certes, les objectifs n’ont pas été atteints, mais disons que le résultat s’en approche. Cependant, ce sont là des résultats comme ceux du Club de Paris, c’est-à-dire ce sont des promesses et des engagements. Ce ne sont pas des décaissements réels. 

“Le Sénégal est tout à fait perdant, aujourd’hui, dans ses échanges avec la France.”

Très souvent, il y a un écart entre les engagements et les décaissements. D’ailleurs, c’est l’un des problèmes de l’aide au développement. Parce que si tous les pays développés s’engagent aujourd’hui à donner au moins 0,7 % de leur Pib pour l’aide au développement, il n’y a presque pas de pays développés qui respectent cet engagement.

La plupart d’entre eux, dont la France, ont une aide très faible qui, quelquefois, ne se situe même pas à la moitié de l’engagement qui a été fait. Le deuxième volet, ce sont les relations entre le Sénégal et la France. Je crois que les seuls accords qui vaillent entre ces deux pays, c’est comment rééquilibrer aujourd’hui, j’allais dire la balance entre les importations et les exportations. Vous avez donné dans votre journal des chiffres qui sont édifiants en la matière.

C’est-à- dire que le Sénégal par rapport à l’importation et à l’exportation, c’est un rapport d’un quart à peu près, sinon moins. Ce qui veut dire que le Sénégal est tout à fait perdant, aujourd’hui, dans ses échanges avec la France. Peut-être ça aussi c’est l’arbre qui cache la forêt, parce que lorsqu’on regarde la part qu’occupent les sociétés françaises dans l’économie sénégalaise, c’est encore beaucoup plus inquiétant.

Je crois que tout accord qu’on doit signer avec la France, c’est de faire comprendre à ce pays qu’aujourd’hui, il est absolument indispensable de rééquilibrer, parce que nous avons besoin de protéger notre économie, nous avons surtout besoin de protéger nos acteurs économiques pour qu’ils aient le temps d’apprentissage nécessaire et pour devenir compétitifs comme les autres entreprises mondiales. Mais on ne peut pas demander à quelqu’un qui vient d’entrer à l’école et celui qui a terminé depuis longtemps ses études d’être en compétition. Cela n’a aucun sens. Donc, c’est un problème de fond.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.