Mamadou Badio Camara, premier président de la cour suprême : «la liberté de la presse ne peut autoriser des propos ou écrits diffamatoires ou injurieux»

Il est important que les acteurs de la justice encouragent la liberté à la presse et la sécurité des journalistes, certes. Mais, cette liberté ne doit pas donner l’occasion aux journalistes de verser dans la calomnie ou la diffamation. L’avis est du Premier président de la Cour suprême, Mamadou Badio Camara. Il a présidé hier, mardi 24 septembre, l’ouverture de l’atelier régional des juges des Cours suprêmes de l’Afrique de l’Ouest sur la sécurité des journalistes.

Tout en reconnaissant que la protection de la liberté de la presse, l’accès à l’information et la sécurité des journalistes doivent être encouragés et soutenus par les acteurs du monde judiciaire, le Premier président de la Cour suprême, Mamadou Badio Camara, juge aussi que la liberté d’expression ne doit pas tout permettre à un journaliste. « Il convient de retenir qu’aucune liberté n’est absolue car la liberté trouve ses limites dans la loi.Mamadou Badio Camara, Président de la Cour Supreme

Ainsi, la liberté de la presse ne peut autoriser des propos ou écrits diffamatoires ou injurieux, des dénonciations calomnieuses ou autres faits ou actes prévus et punis par le Code pénal. Cela induit, pour les journalistes et organes de presse, de s’adosser aux règles de déontologie régissant la profession, notamment les principes d’impartialité et d’objectivité, qui garantissent l’indépendance de l’exercice de leur métier », a-t-il déclaré hier, mardi 24 septembre, en marge de l’ouverture d’un atelier régional des juges des Cours suprêmes de l’Afrique de l’Ouest sur la sécurité des journalistes.

La rencontre des juges des Cours suprêmes des pays de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action des Nations unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité. Un plan adopté en 2013 par l’Assemblée générale des Nations unies dont la coordination est confiée à l’Organisation des Nations unies pour la science et la culture (Unesco) dont le Bureau régional multisectoriel pour l’Afrique de l’Ouest Sahel, basé à Dakar, est l’initiateur de cette rencontre qui se tient du 24 au 25 septembre.

177 journalistes, dont 14 femmes, assassines sur le sol africain de 2000 à 2019

Impliquer les juridictions suprêmes dans la protection des journalistes est nécessaire. En effet le directeur du Bureau régional de l’Unesco pour l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, Dimitri Sanga, citant les données de l’observatoire de l’Unesco sur les journalistes tués dans l’exercice de leur fonction de 2000 à 2019, informe que 177 journalistes de toutes nationalités confondues ont été assassinés sur le sol africain parmi les lesquels 14 femmes.

Pis, a-t-il ajouté, sur le plan judiciaire, seuls 18 cas ont été résolus. Pour la même période, l’Unesco a enregistré 22 cas en Afrique de l’Ouest parmi lesquels 3 seulement ont été définitivement résolus. Le conclave de Dakar, auquel prennent part plus une trentaine de participants venus de plusieurs pays d’Afrique, porte sur le renforcement des capacités et des connaissances des acteurs judiciaires en matière de liberté d’expression et de la presse. Histoire de permettre aux journalistes et aux individus en Afrique d’exercer leur droit à la liberté d’expression avec une plus grande sécurité.


 

 

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