« La France a eu raison d’intervenir en Afrique contre le terrorisme, […] on a juste oublié de nous dire merci. » Ces propos, et bien d’autres, tenus le lundi 6 janvier par Emmanuel Macron lors de la traditionnelle conférence des ambassadeurs, passent particulièrement mal à Ndjamena et à Dakar.
Emmanuel Macron provoque la colère des africains et en reçoit des reproches et des réponses à la hauteur de l’affront. En effet, le Tchad et le Sénégal dénoncent les propos « méprisants » d’Emmanuel Macron.
« Nous avons proposé aux chefs d’État africains de réorganiser notre présence », a expliqué lundi Emmanuel Macron. « Comme on est très polis, on leur a laissé la primauté de l’annonce », a-t-il indiqué, affirmant que plusieurs de ces pays « ne voulaient pas enlever l’armée française ni la réorganiser ».
Des propos qui ont fait réagir le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko. « Dans le cas du Sénégal, cette affirmation est totalement erronée », a-t-il dénoncé. « Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain. »
Il a également répondu au chef de l’État français qui estimait lundi que des dirigeants africains n’ont « pas eu le courage, face à leurs opinions publiques », de remercier la France pour son engagement dans la lutte antiterroriste au Sahel.
« La France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté. Bien au contraire, elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel », a-t-il dénoncé sur le réseau social X.
Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno est lui aussi monté au créneau. « Je voudrais exprimer mon indignation vis-à-vis des propos récemment tenus par le président Macron, qui frisent le mépris envers l’Afrique et les Africains. Je crois qu’il se trompe d’époque », a-t-il réagi, lors d’un discours prononcé au palais présidentiel et publié sur la page Facebook de la présidence. Son ministre des Affaires étrangères avait précédemment dénoncé « une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains ».
À Paris, une source diplomatique a tenté d’éteindre l’incendie. « Le Tchad et le Sénégal n’étaient absolument pas visés par ces propos puisque ce qui a été annoncé par Dakar et N’Djamena était déjà acté, on était d’accord sur la finalité – c’est juste le timing de ces annonces qui nous a surpris », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Cette sortie d’Emmanuel Macron va-t-elle précipiter le départ des troupes françaises au Sénégal et au Tchad ?
Affaire à suivre !
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