Lundi à hauts risques au Sénégal

Le Sénégal au devant de nouvelles journées à hauts risques à partir de ce lundi. Le Mouvement de défense de la démocratie (M2D), formé après l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, a appelé à de nouvelles manifestations.

Après avoir connu pendant trois jours ses pires troubles depuis des années, le pays habituellement considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest et sa capitale Dakar ont connu une relative accalmie samedi, jour de relâche d’ordinaire.

Des actes de saccage et de pillage ont cependant continué à être rapportés, y compris contre des enseignes françaises, écrit l’Afp.

La tension n’est pas retombée pour autant. Le Mouvement de défense de la démocratie (M2D), comprenant le parti de l’opposant arrêté, des partis d’opposition et des organisations contestataires de la société civile a appelé « à descendre massivement dans les rues » à partir de lundi.

Le même jour, Ousmane Sonko, dont l’arrestation a mis le feu aux poudres mercredi, doit être présenté au doyen des juges. La décision du magistrat de le relâcher ou de l’écrouer s’annonce lourde de conséquences.

Le Mouvement de défense de la démocratie réclame « la libération immédiate de tous les prisonniers politiques illégalement et arbitrairement détenus » et une enquête sur ce qu’il appelle un « complot » du pouvoir.

Les cours sont suspendus dans les écoles et universités toute la semaine « pour des raisons de sécurité », selon le gouvernement. Plusieurs entreprises ont déjà annoncé qu’elles resteraient fermées avec ce lundi, cet appel, donc, à de nouvelles manifestations pour 3 jours lancé par le nouveau « mouvement de défense de la démocratie » ; mais aussi, en parallèle, la convocation de Ousmane Sonko au palais de justice de Dakar. Le procureur a levée la garde-à-vue qui a déjà durée 96 heures, Sonko qui est sous le coup d’un mandat d’amener doit donc répondre ce lundi 08 mars, à 11 heures au Juge d’instruction du 1er cabinet pour 2 affaires : il sera déféré au Parquet pour « troubles à l’ordre public » et il comparaîtra devant le doyen des juges dans la procédure concernant l’accusation de viol. Le Juge décidera de son sort. Il pourrait rentrer chez lui ou bien placé sous mandat de dépôt, le juge peut le placer sous contrôle judiciaire. Comme le dossier peut également être classé sans suite… Qui vivra verra.

Dans ce contexte extrêmement tendu, les réactions se multiplient. Le khalife général des Mourides a interdit les manifestations à l’intérieur de Touba, ville sainte pour la confrérie. Du côté des politiques, on peut citer la déclaration de Karim Wade, le fils de l’ancien président exilé au Qatar, qui dénonce une « escalade de la violence d’État ». De plus en plus de voix aussi pour appeler le président Macky Sall à s’exprimer. Le chef de l’État « doit reprendre vite la main, parler au peuple vite et prendre des décisions pour répondre à cette crise inédite », estime notamment le défenseur des droits humains Alioune Tine. Le président est en effet, silencieux depuis le début des évènements mercredi.

Par ailleurs, la situation au Sénégal fait une nouvelle fois réagir la Cédéao. L’organisation ouest-africaine « exprime ses vives préoccupations » avant les nouvelles manifestations annoncées, et appelle « au calme et à la retenue toutes les parties prenantes pour une issue rapide et pacifique ».

Le président de la république garde toujours  le silence, mais la pression augmente pour qu’il prenne la parole.

Vendredi soir, c’est son ministre de l’Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome qui a tenu un langage vigoureux. Il a appelé au calme et fait miroiter « la perspective » d’un allègement du couvre-feu instauré contre la pandémie et qui pèse sur l’activité d’un grand nombre. Mais il a aussi dit que l’Etat emploierait « tous les moyens nécessaires » pour rétablir l’ordre.

« Toutes les personnes auteures d’actes criminels seront recherchées, arrêtées, poursuivies et traduites devant la justice », avait-il promis.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a appelé « toutes les parties à la retenue et au calme ». L’Union africaine a exprimé sa « préoccupation » et son attachement à une solution « par la voie pacifique, le dialogue et dans le strict respect de l’ordre ».

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