Littoral – bande des filaos : 150 HA déclassés, la société civile sur le pied de guerre

Par décret n°2021-701 signé hier vendredi, 4 juin, le chef de l’État, Macky Sall, vient de déclasser la bande de filaos située dans la Commune de Wakhinane Nimzath, à Guédiawaye. Le Plan d’urbanisme de détails (PUD) concerne une superficie de 150,58 hectares. D’après le document parcouru par Emedia, il est fait mention de « la réalisation de diverses infrastructures et équipements ainsi que la construction de logements selon la répartition suivante : 43,92% réservés à l’habitat, 21,01% aux voieries et réseaux divers, et 35% aux équipements. »

Michel Mendy, membre du Forum civil section Guédiawaye, est dans tous ses états. « Pour le déclassement des 150 hectares situés dans la zone des Niayes, département de Guédiawaye, sur la bande des filaos, notre position reste échangée, a-t-il réagi, joint par Emedia. Nous disons que cette bande a besoin d’être restaurée, d’être sauvegardée, et d’être protégée au bénéfice des populations. Ceci pour des raisons écologiques, environnementales, économiques mais aussi sanitaires. Parce que vous n’êtes pas sans savoir qu’aujourd’hui, de plus en plus, nous assistons à un réchauffement de la planète. Et que si nous avons la chance d’avoir cette belle bande, ce poumon vert, le mieux serait de le conserver. »

Poursuivant, il a déploré la prédation foncière. « Malheureusement, a-t-il appuyé, nous avons des politiciens qui ont jeté leur dévolu sur cette bande et depuis, ils ne cessent de la convoiter. Parce que Guédiawaye est confrontée à une surpression foncière, les populations n’ont plus de zones d’habitation et que la démographie croit. De ce fait, il n’y a que cette bande-là qui puisse constituer un débouché ».

« LES POPULATIONS JAMAIS ASSOCIÉES »
Il constate que les populations n’ont jamais été conviées aux projets. « De façon globale, la loi voudrait que les populations soient associées à des concertations citoyennes. Ce qui s’est passé, c’est que la ville de Guédiawaye a délocalisé une réunion à Saly, à laquelle elle avait convié deux ou trois personnes issues de la société civile mais jamais les organisations de la société civile, les populations n’ont, à l’intérieur des frontières de Guédiawaye, participé à aucune consultations citoyennes dans le but d’élaborer un plan d’aménagement concerté de cette bande de filaos ».

Puis, le reproche est fait aux élus locaux. « Tous les maires notamment celui de la ville (Aliou Sall), qui ont une frange côtière sur cette bande, avaient lors des Conseils municipaux, promis aux conseillers, s’ils votaient une délibération pour l’aménagement de la bande, de se battre pour qu’ils puissent aussi disposer de terrains à usage d’habitations, ce qu’ils appelaient des cités municipales. Ils ont déjà voté les délibérations et d’ailleurs ils (conseillers municipaux) ne cessent de rappeler aux maires l’exécution de cette promesse-là. Nous disons que c’est dommage d’en arriver là. Demain, ceux qui ont pris ces actes-là notamment le président de la République, le maire de la ville de Guédiawaye, et tous les maires qui sont en exercice aujourd’hui, à Guédiawaye et tous les responsables qui ont participé à cette prise de décision, sont responsables devant l’histoire. Ce qui va se passer, on dira que c’est de leur faute. »

LES MAIRES POINTÉS DU DOIGT »
« Maintenant, a-t-embrayé, il faut dire qu’il y a 19 hectares qui sont prévus par le décret comme des zones de reboisement et d’aménagements paysagers, des zones protégées. Il faut le faire. L’histoire ne doit pas se répéter. Quand la VDN 3 passait ici on avait promis de reboiser l’autre frange côtière, et jamais cette promesse n’a été tenue. Autre chose, il y a 43 % qui sont à usage d’habitation.

Mendy de poursuivre : « aujourd’hui, qu’est-ce qui peut garantir aux populations qu’elles seront prises en compte dans l’octroi de ces terres-là ? Est-ce que les conseillers municipaux qui ont voté les délibérations dans les différentes instances ne vont pas être privilégiés par rapport aux citoyens lamda ? Ce n’est pas parce qu’on est maire ou conseiller municipal qu’on peut se prévaloir d’un droit sur un citoyen lamda. Donc, nous continuons à dénoncer cela parce que pour nous cette bande est très importante. Il faut la sauvegarder, il faut la restaurer, nous ne cesserons jamais de le dire. Nous veillerons au grain pour que tout ce qui est espace d’aménagement soit respecté et que ces espaces-là soient reboisés, et dans l’affectation des terres que les populations de Guédiawaye soient prises en compte ».

Sur ce dossier, des organisations citoyennes à l’instar du « collectif Aar Sunu Suff – Aar Sunu littoral’’, ont saisi Macky Sall, pour faire annuler l’octroi des quatre hectares aux magistrats sur la bande littorale de Guédiawaye.

Source Emedia
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