L’ex ministre conseiller du Président Macky Sall chargé des droits humains et de la paix est sorti de sa réserve pour s’insurger contre son limogeage intervenu mardi dernier. Selon le professeur de Droit, sa situation au Palais de la République était difficile à cause d’un manque notoire de cadre d’expression.
«J’ai souffert à la Présidence de la République, voilà tout ce que je puis vous dire. J’ai souffert à la Présidence de la République. Il y avait des embûches…est-ce que vous savez ce qu’est une embûche ? Ce sont des épines que l’on vous place sous les pieds», dira-t-elle en conférence de presse dans sa demeure du Point-E.
D’ailleurs a tenu à préciser Amsatou Sow Sidibé, elle n’a pas eu de problèmes personnels avec le Chef de l’Etat. « Je n’ai pas de problèmes personnels avec le Président de la République, mais il y a eu un désaccord profond sur le manque de cadre de concertation et de réflexion pour apporter des solutions propices à l’épanouissement du peuple Sénégalais. Il n’y avait pas de cadre d’expression en dehors des notes. Dieu sait que j’en ai fait plus de cent (les notes) adressées au Président de la République… Il faudrait lui demander ce que disaient ces notes et ce qu’elles sont devenues ».
La présidente de la convergence des acteurs pour la défense des valeurs républicaines (CAR LENEEN) a écarté en outre « toute demande qu’elle aurait faite au Chef de l’Etat pour l’obtention d’un poste ». « Le Président sait que je ne lui ai jamais demandé un poste de ministre, en revanche j’ai souhaité valoriser toutes les institutions qui s’occupent de droit humain et de paix. C’est une question fondamentale et transversale, les droits humains. »
Pour finir, Amsatou Sow Sidibé a confirmé comme l’a fait le groupe de travail de l’ONU, qu’il y a eu détention arbitraire « puisque la prolongation de la détention n’était pas motivée ». Et le Sénégal ajoutera t-elle, avait ratifié les conventions internationales « et je ne comprends pas qu’il s’oppose à des points de droit fondés ».
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« Ce que le Directeur de Cabinet du Président m’a dit avant mon limogeage….»
L’ex ministre conseiller Amsatou Sow Sidibé est aussi revenu sur les raisons de son limogeage. Elle a confirmé que cela était lié à sa sortie sur l’affaire Karim Wade. «Je vais vous dire ce que le Directeur de Cabinet m’a dit : « je m’étais opposé à votre limogeage, il y a de cela quelques mois, je vous avais demandé de venir me voir ». Cela c’était après que j’avais parlé du manque de communication entre le conseiller que je suis et le Président et j’avais dit à l’époque que si le Président m’avait écouté, on ne lui aurait pas jeté des cailloux à l’Université ».
« Il m’a dit, poursuit Amsatou Sow Sidibé, cela, et d’autres réactions. Mon point de vue opposé à celui du ministre-conseiller Ismaël Madior Fall, qui je vous le rappelle était mon étudiant, à propos de l’interprétation d’un article de la constitution.
C’est moi qui lui ai enseigné le droit civil. Et il m’a dit la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est l’affaire Karim Wade ». Mais, indique l’ex ministre, « j’ai retenu de la littérature française, le Cid de Corneille, cette fameuse réplique : Je le ferais encore si j’avais à le faire… »
Sur une probable coalition avec Rewmi ou le groupe de l’opposition, Amsatou Sow Sidibé ne fuit pas le débat : « mes bras sont ouverts à toutes et à tous. A tous ceux qui pensent que l’on peut travailler ensemble pour un Sénégal de rupture. Je suis en pleine réflexion et vous aurez l’occasion de m’entendre à nouveau sur tout ce qui concerne le Sénégal ».
« Est-ce que je suis encore membre de Benno Bokk Yakaar? Wait and see » conclut-elle.