Libération de Khalifa Sall – la bataille électorale

Le camp de Macky Sall affirme que c’est l’ancien maire de Dakar qui a demandé à être gracié. Celui de Khalifa Sall le réfute catégoriquement. La bataille de l’opinion reprend de plus belle.

«Khalifa n’a jamais sollicité une grâce.» «C’est Khalifa Sall qui en a fait la demande.» La libération de Khalifa Sall était pourtant un fruit politique mûr que finalement personne ne veut mettre dans sa bouche. Mais on est là dans une bataille de communication, une bataille de l’opinion, une bataille politique. Et l’on peut même dire une bataille électorale. Avant l’heure. Parce que, de toute façon, il est ici question d’en tirer le maximum de profit. C’est la finalité. Qui plus est pour un dossier judiciaire, mais surtout politique.

Il est évident que le chef de l’Etat a saisi l’appel de Massalikoul Jinane à la paix qui s’est traduit par la poignée de main avec Wade. Et puis, par la grâce accordée à Khalifa Sall deux jours après. Il est aussi évident -et c’est de bonne guerre- que les proches de l’ancien maire de Dakar ne laisseraient pas l’idée d’une libération quémandée germer. Chacun veut prendre l’opinion à témoin. Dans un combat, il y a toujours un vainqueur et un vaincu. Mais, là, personne ne veut abdiquer. Parce qu’au début et à la fin de cette histoire de caisse d’avance, il y a la politique. Ensuite la politique. Et enfin la politique.
C’est comme lorsqu’il s’est agi de proposer à Khalifa Sall de payer une caution pour ne pas aller à Rebeuss ou pour en sortir par une liberté provisoire. Si, à cette étape, certains de ses conseillers lui avaient suggéré de le faire, Khalifa Sall, lui, le politique, l’ambitieux, le présidentiable, avait préféré la voie de la prison plutôt que de passer le «couteau» à son adversaire.

C’était une question de vie ou de mort… politique ! Payer serait accepter d’avoir commis une faute. Il avait d’ailleurs mis quelque chose sur la table : maisons, terrains, argent, mais avait été accusé de faux. Ses proches avaient aussi lancé une campagne de levée de fonds pour payer sa caution en comptant sur les Sénégalais d’ici et de la diaspora. Mais sans succès. C’était aussi la même querelle entre le Pds et le pouvoir lorsque Karim Wade a été gracié et libéré nuitamment.

L’enjeu est donc de taille : grâce oui, mais pas sur demande de Khalifa Sall qui, sans doute, pense déjà à se refaire politiquement après avoir été écarté de la Présidentielle, perdu ses mandats de maire et de député. C’est dans cette logique qu’il faut comprendre que, même s’il était le premier à souhaiter sa libération, il serait obligé de contrecarrer une communication présidentielle orientée vers une demande de grâce de sa part.

Son successeur à la marie de Dakar, Soham Wardini, l’avait pourtant dit : «Ceux qui refusent la grâce ne savent pas ce que Khalifa Sall vit en prison!» Dimanche, elle a pourtant remercié le chef de l’Etat d’avoir tenu sa promesse avec quelques larmes d’émotion. Puisqu’elle-même est allée supplier Macky Sall de libérer son camarade de Taxawu senegaal d’abord en privé, puis en public, précisément lors du lancement du dialogue national le 28 mai dernier. Le combat (politique) continue. A quelques mois, en principe, des élections territoriales.

Hamath Kane

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