Les misères des riziculteurs de Podor

Baisse drastique de la production, hypothèque sur la campagne de contre saison, soudure précoce… résument le calvaire des riziculteurs de Podor. Au secours!

Les producteurs de riz du département de Podor, plus particulièrement ceux des cuvettes de Ndioum, des arrondissements de Saldé et de Cascas, payent un lourd tribut des résultats calamiteux de la dernière campagne d’hivernage. Sur ces sites de la Moyenne Vallée, ce sont des milliers de ménages agricoles qui redoutent aujourd’hui le pire. Dans la cuvette rizicole de N’Dioum forte de 6OO hectares, c’est du riz impropre à la consommation en souffrance dans les magasins, que les producteurs ont récolté. Ce à cause de la mauvaise qualité de l’engrais mis à leurs dispositions.

Dans le département de Podor, la production de riz de la campagne d’hivernage a accusé de manière générale une baisse notoire du fait de nombreuses difficultés auxquelles ont été en butte les groupements de producteurs. Entre aménagements précaires et engrais de mauvaise qualité en passant par des équipements défectueux, cette campagne n’a pas été de tout repos pour ces riziculteurs qui avaient d’ailleurs régulièrement tiré la sonnette d’alarme pour exprimer leurs inquiétudes quant à l’issue de cette campagne.

Les résultats enregistrés quoique à géométrie, ont malheureusement confirmé leurs craintes. Au niveau de la cuvette de Ndioum par exemple où seulement sur presque six cent hectares, seuls deux cent quatre-vingt hectares ont été mis en valeur au niveau de la phase 2, et deux cent hectares au niveau de la phase 1 renseigne Maghoum N’DIAYE Président de L’union agricole de la phase 1 de N’Dioum. Des rendements ont tourné autour de 70 sacs à l’hectare du fait, entre autres explications, de la piètre qualité de l’engrais utilisé Pire, selon ces producteurs, les quelques tonnages récoltés sont encore en souffrance dans les magasins de stockage au niveau de N’Dioum Walo faute d’acheteurs.

« Un sac de paddy de 80 kg décortiqué ne pèse pas plus de 25 kg », s’indigne Sada Oumar AW Secrétaire Général de l’union agricole au niveau de la cuvette qui renseigne que la majeure partie du riz décortiqué est réduit en poudre. « Ce qui constitue un manque à gagner évident pour nous », se désole N’Gouyla N’DIAYE ,Secrétaire Gie Pellital au niveau de l’union agricole de N’Dioum. Autre souci de ces riziculteurs, le produit serait même impropre à la consommation. Car des opérateurs économiques venus du département de Dagana avec leurs semis remorques pour acheter le riz, sont finalement retournés comme ils étaient venus.

Selon toujours les producteurs de N’Dioum, ces derniers qui doutaient de la qualité du riz , une fois sur place se sont effectivement rendu compte de la gravité qu’il y a à consommer le produit.

À l’origine de cette situation inédite jamais vécue dans cette cuvette, ce sont ceux-là qui ont vendu l’engrais de mauvaise qualité aux producteurs qui sont les principaux responsables de ce danger auxquels sont confrontées les populations. On a jamais vu du riz après décorticage se ressemblait à de la poudre s’étonnent ces paysans. Une situation difficile pour ces producteurs, qui a fini d’impacter la campagne de contre saison qui devrait démarrer en ce mois de février.

Avec un crédit de campagne de l’ordre de 115 millions de FCFA, ou seulement cinquante millions ont été remboursés au niveau du CMS à cause des contraintes évoquées ci-haut, c’est la campagne de contre saison chaude qui se trouve ainsi compromise au grand dam des ménages agricoles aujourd’hui fortement sous la menace d’une insécurité alimentaire.

Dans l’Ile à Morphil, plus précisément de Saldé à wallah en passant par Diaranguel, Wassétacké et Barobé Diackel, le décor n’est pas plus reluisant. « Ici, c’est la grosse inquiétude chez les producteurs dont la plupart n’ont pu obtenir plus de 26 sacs par l’hectare », se désole Abdoulaye LY président de GIE à Wassétacké. Une chute drastique des rendements provoquée par un environnement de production austère (aménagements sommaires, équipements vétustes et engrais de mauvaise qualité etc.).

Étranglés par des dettes et plongés dans une insécurité alimentaire et une soudure précoce, ces producteurs de riz broient du noir et en appellent à une réaction diligente du Gouvernement avant que les forces valides ne se vident des traditionnels terroirs de production.

 

Abou KANE

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