Le scandale présumé de corruption qui éclabousse le clan Diack s’est intensifié

Le scandale présumé de corruption qui éclabousse le clan Diack (Lamine et Massata) s’est intensifié hier. Alors que les enquêteurs révélaient un autre virement accablant Massata Diack, une première arrestation a eu lieu au Brésil. L’homme suspecté d’avoir fait remettre 2 millions de dollars à Lamine Diack via Massata a été arrêté en même temps que son principal collaborateur. Des mails versés dans le dossier d’accusation et consultés par Libération attestent des versements financiers vers les comptes de Massata Diack à Dakar et Moscou.


Le scandale de corruption qui éclabousse l’instance mondiale d’athlétisme (IAAF) vient de connaître un troisième rebondissements majeurs avec l’entrée en scène d’un nouveau personnage désormais visé par une enquête interne : Serguei Bubka, membre du comité exécutif du CIO et vice-président de la Fédération internationale d’athlétisme. 
Selon les informations des juges français, le 18 juin 2009, Bubka a effectué un virement de 45.000 dollars à la société New Mills Investment. Cette société offshore appartient à Valentin Balakhnichev, ancien trésorier de l’IAAF, et ex président de la Fédération russe d’athlétisme suspendu à vie par l’IAAF en plus d’être visé par un mandat d’arrêt international. 
Vingt quatre heures après, le même montant a été viré par New Mills vers un compte ouvert au nom de Pamodzi Sport, la société de Papa Massata Diack. 
Ces mouvements financiers intriguent les enquêteurs car ils ont eu lieu au moment où les délégations passaient devant le CIO pour l’organisation des Jeux olympiques de 2016 qui seraient entachés de corruption. 
En effet, la Justice française a réuni des indices graves tendant à faire croire que Rio, qui avait été désigné pour organiser ces jeux, a payé des commissions à plu- sieurs dirigeants dont Lamine Diack qui aurait reçu 2 millions de dollars via son fils, Massata. 

Arrestations au Brésil, hier 

À ce propos d’ailleurs, Carlos Nuzman, président du Comité olympique brésilien et du comité d’organisation des Jeux de Rio, soupçonné d’avoir acheté des voix pour obtenir les JO-2016, a été arrêté hier au Brésil. Mis en examen pour « corruption, blanchiment d’argent et participation à une organisation criminelle », il a été mis sous les verrous. 
Le 5 septembre, Nuzman avait été interrogé durant plusieurs heures par la police fédérale qui le soupçonne d’avoir été « l’élément central » d’un réseau présumé de corruption ayant permis à la ville d’obtenir les JO. La résidence de Nuzman, située dans le très chic quartier de Leblon, avait été perquisitionnée, de même que le siège du Comité olympique brésilien et de nombreuses entreprises cariocas. Son passeport lui avait été confisqué. 
A cette opération participaient des représentants français de la police et de la justice, dont le célèbre juge anti-corruption Renaud Van Ruymbeke. Simultanément, les autorités françaises avaient passé au crible le domicile d’un intermédiaire brésilien installé en France, dans le cadre d’une enquête ouverte en 2015 en France sur les soupçons de corruption dans les élections de Rio-2016 et de Tokyo-2020. 
La justice brésilienne soupçonne l’ex-gouverneur de Rio, Sergio Cabral d’avoir été le cerveau de cette opération qui aurait eu pour objet le versement de pots de vin pour un montant de deux millions de dollars à Papa Massata Diack. 
Selon les informations de Libération, les enquêteurs français ont mis la main sur des mails qui attestent que Papa Massata Diack mettait la pression sur les Brésilien afin qu’ils passent à la caisse. 
« Nous sommes le vendredi 11 décembre 2009 et ma banque, la Société générale du Sénégal n’a pas encore reçu de transfert de SWIFT. J’ai essayé de parler à Leonardo Gryner à plusieurs reprises, mais il n’y a pas eu de réponse. ] s’il peut confirmer 100% que les transferts ont été effectués dans mes adresses à Dakar ou à Mos- cou (BSGV) [Banque Societé General Vostok] », écrit ainsi Massata dans un mail. Leonardo Greyner qui est le bras droit de Nuzman a été aussi arrêté. 

Des mails explosifs 

Le message transmis par Massata Diack à Nuzman le 21/12/2009 est plus révélateur, selon les enquêtes. En tant que consultant en marketing de l’IAAF et PDG de Pa- modzi Sports Marketing, il exhorte à nouveau Nuzman à « résoudre le problème pour la satisfaction de toutes les parties » car « il a rencontré toutes sortes de problèmes avec mise en œuvre / mise en œuvre du problème attaché. […] Je me réfère à vous pour résoudre ce problème. Nous avons rencontré de notre côté toutes sortes d’embarras pour ceux qui ont fait confiance à notre engagement à Copenhague. Donnez-moi une position officielle et définitive quant à la manière dont nous pouvons résoudre ce problème avec satisfaction de toutes les parties. Veuillez accepter les excuses et le message d’amitié de mon père [Lamine Diack] ». 
Ces courriers ont été versés par le juge fédéral brésilien dans son ordonnance réclamant le mandat de dépôt contre Nuzman mais aussi contre son bras droit, Leonardo Greyner. Les mails prouvent que ce dernier a pris une part active dans le scandale. 
Le 2 octobre 2009, deux mois après le choix porté sur Rio pour organiser les Jeux, Greyner a envoyé un mail à Massata pour s’excuser du retard dans « la réalisation de la dernière partie de notre accord ». 
Il ajoute que le « parrain » pour « cette dernière partie » de l’accord « a des problèmes avec son transfert et nous essayons de l’aider ». « Carlos Nuzman et Leonardo Gryner ont eu des conversations directes avec Pape Diack, des conversation très franches, où étaient précisés des montants qui devaient être versés sur des comptes », a expliqué hier le procureur de Rio, Rodrigo Timoteo en conférence de presse. 
Dans la foulée, la marathonienne française Christelle Daunay, qui s’estime victime du système de corruption mis en place en 2011 au sein de la Fédération internationale d’athlétisme pour permettre à des athlètes russes de courir dopés, a obtenu le statut de partie civile selon une ordonnance des juges français.

Source : Dakaractu

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