« Le PSE est une utopie »

Une leçon inaugurale sous forme de conte sur “Livre, jeunesse, économie : les défis du développement’’, c’est ce qu’a fait hier Pr Mamoussé Diagne. C’était à l’occasion de l’ouverture officielle de la 16e foire du livre, de la lecture et du matériel didactique de Dakar au Grand Théâtre, organisée par la Direction du livre et de la lecture. Pr Diagne est le parrain de la présente session et comme un papy devant ses petits-enfants, il a raconté une belle histoire au public en s’appuyant, entre autres, sur le plan Sénégal émergent qui doit être porté par la jeunesse.

La question que je pose est : quel est le segment de la société qui est le plus apte à rassembler les enseignements du passé pour nous projeter vers cet horizon si proche de 2035 et encore au-delà ? C’est surtout les jeunes’’, a lancé hier l’enseignant et parrain de la 16e édition de la foire du livre et du matériel didactique de Dakar (Fildak), Pr Mamoussé Diagne, à l’entame de son propos.

Chargé de dispenser la leçon inaugurale au cours de la cérémonie officielle d’ouverture au Grand-Théâtre, il s’est penché sur le thème : “Livre, jeunesse, économie : défis du développement’’. Le professeur est d’avis que “ce sont les jeunes qui ont la capacité de rêver cette énorme utopie qu’est le PSE (ndlr Plan Sénégal émergent). Parce que le PSE est une utopie. Mais utopie est à prendre au sens non pas de ce qui n’existe nulle part, mais au sens de ce qui est désirable et parfaitement faisable’’, explique-til. Ce que le Président Macky Sall, selon Pr Diagne, a déjà bien compris.

En effet, “si le Président Macky Sall a mis la jeunesse à chaque alinéa du PSE, implicitement ou explicitement, c’est que celle-ci est héritière de quelque chose et porteuse de quelque chose, un avenir. C’est donc une transition et un sommet. L’un des objectifs fondamentaux du PSE, c’est de faire en sorte que cette position de transition, de sommet, permette d’accomplir l’acte citoyen qui a un seul nom : auto-implication. C’est-à-dire, prise en charge personnelle d’un projet dans lequel on se sent impliqué, actif et non simplement passif’’, analyse l’ancien chef du département de Philosophie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).

“La pyramide magique du PSE’’

Il considère qu’on “ne peut pas construire un pays sans l’agent chargé de cette construction-là (ndlr les jeunes). Stratégiquement et tactiquement, si la jeunesse est mise au centre de ces politiques, c’est parce qu’elle est un courant de transmission, un point de convergence, et un agent de corrélation de ces différentes notions : livre, jeunesse et économie. C’est ce que j’appelle, en ce qui me concerne, la pyramide magique du PSE. Le sommet étant occupé par la jeunesse, les deux autres angles étant occupés d’une part par le savoir et de l’autre l’avoir’’.

Aujourd’hui, il faudrait donc que les programmes scolaires soient adaptés au marché de l’emploi. “Un chef d’Etat au Sénégal ne peut que mettre les jeunes au cœur de sa politique de l’emploi. Ce que les jeunes veulent, ce n’est pas seulement savoir, mais avoir un savoir utile qui débouche sur l’emploi’’, indique-t-il.

Pr Mamoussé Diagne a aussi profité de la tribune offerte pour donner sa conception du livre et de la lecture. Il est parti de celle de Socrate qui disait que l’écriture est un instrument qui produit l’oubli. Seulement, si Platon n’avait pas transcrit les propos de Socrate, ce dernier serait tombé dans l’oubli. Et comme disait Amadou Hampaté Bâ, en Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle.

Pour que cela cesse, il faut “fixer les pensées des sages dans des textes écrits’’. Car, comme le dit M. Diagne, “le livre est le support privilégié pour la mémoire des peuples et un vecteur essentiel de savoir et de savoir-faire des peuples’’. Même si de nos jours, reconnaît-il, le format papier du livre est fortement concurrencé par celui numérique, il reste convaincu que le papyrus ne va pas disparaître. “Il faut tout faire pour que l’Afrique ne rate pas ce tournant’’, c’est-à-dire la révolution technologique. Sinon, “les conséquences seront incalculables. On ne peut pas être nihiliste. Pour la première fois, on peut dire qu’on est au même niveau de savoir que les autres’’, affirme-t-il. Il faudrait, peut- être, comme il le suggère, commencer par démocratiser l’ordinateur.

Prix pour la promotion de l’édition africaine

En attendant d’en arriver là, la tutelle encourage les éditeurs nationaux. A chaque foire du livre, un prix est décerné à la meilleure maison d’édition. Ce dernier vise à contribuer et à renforcer la promotion des entreprises ciblées et leur donner les moyens d’assurer une certaine qualité à leur production, même si c’est seulement un million de F CFA qui est donné au lauréat. C’est la “Bibliothèque, lecture, développement’’ (BLD), dirigée par Annette Correa, par ailleurs présidente de l’association des éditeurs du Sénégal, qui a remporté le grand prix.

 

        EnQuete

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