Le ministère de l’Education nationale a entrepris des réformes des curricula et du calendrier scolaire

Le Ministère de l'Education nationale entreprend des réformes des curricula et du calendrier scolaire pour prendre en compte les préoccupations du système...

Le ministère de l’Education nationale a entrepris des réformes des curricula et du calendrier scolaire afin de les adapter aux réalités spécifiques du pays.

Ces réformes susceptibles de transformer le système éducatif ne sont pas uniquement techniques mais comportent aussi une dimension à la fois idéologique, sociale et culturelle, renseigne l’Inspection générale de l’éducation et de la formation (IGEF), cheville ouvrière de ce processus.

Pour le ministère de l’Education nationale qui a confié le processus à l’Inspection générale de l’Education et de la Formation (IGEF), il s’agira de ‘’discuter avec toutes les parties prenantes avec une forte implication de la communauté, de considérer qu’un programme est un maillon dans la chaine des intentions : finalité, but et programme’’.

‘’Le programme n’est pas un tissu, donc pas de tailleur pédagogique, quand on touche un élément les autres bougent et changer un programme n’est pas un jeu d’enfant ; c’est aussi une révision des manuels, la formation des enseignants entre autres’’, indique un document d’informations de l’IGEF.

Le ministère de l’Education nationale précise par exemple que le coût de l’approche par les compétences en 15 ans (2000 à 2014) s’élève à 12 milliards de francs CFA (réécriture des programmes et formation des enseignants sans les manuels), compte non tenu des nombreux investissements techniques. Ce curriculum de l’éducation de base n’a jamais été évalué ni bien implanté, selon le document.

Le 23 mars dernier, Cheikh Oumar Anne, le ministre de l’Éducation nationale, en présidant une rencontre de partage sur la mise en œuvre des actions phares de son département campait les enjeux en ces termes : ‘’Concernant la qualité améliorée, la révision des Curricula est l’un des réajustements stratégiques nécessaires à la prise en charge des préoccupations du système éducatif. Le processus de révision est déjà lancé. Mais eu égard à la complexité et à l’importance de la tâche, l’empressement et l’improvisation sont à bannir systématiquement. Car il s’agit ici de l’avenir de nos élèves. Le curriculum ne se résume pas uniquement au programme scolaire ».

‘’La révision des programmes n’est pas un jeu d’enfants, c’est du sérieux. Quand on veut toucher à un programme, en réalité, c’est le troisième degré d’une chaîne d’intervention, puisqu’il faut d’abord identifier les finalités, les buts avant de toucher le programme’’, explique le directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP).

Il s’agit, a souligné Cheikh Mbow, ‘’de maîtriser les finalités pour savoir de quel type de Sénégalais nous voulons’’. ‘’L’enjeu, c’est d’avoir le type de Sénégalais formé à l’école sénégalaise, capable de porter le Sénégal que l’on veut’’, a-t-il précisé.

Selon lui, cette nouvelle dynamique, porteuse de nouveaux enjeux, doit ‘’traverser tous les partis, tous les régimes’’, parce que se voulant inclusive. ‘’Ecouter tout le monde va permettre de partir de perceptions des enseignants, des partenaires de l’éducation, des parents y compris des élèves. Avant, les autres réformes étaient une affaire de techniciens, mais, maintenant, on est à une ère où nous devons avoir plus d’écoute à l’endroit des enfants’’, a-t-il ajouté. L’idée est d’impliquer toutes les parties prenantes, compte tenu du fait que des réticences existent dans certaines zones.

Le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), Amidou Diédhiou, considère que ‘’c’est une excellente chose pour le système éducatif et le Sénégal que le gouvernement s’engage à réformer les curricula’’.

‘’A vrai dire, les syndicats ne sont pas impliqués comme il se doit dans le processus et nous pensons que ce n’est pas une bonne chose, c’est même une perte pour le système que nous n’allons pas cautionner’’, a déploré Amidou Diedhiou.

Même si la réforme est ‘’nécessaire et urgente’’, elle doit permettre d’améliorer la qualité des enseignements/apprentissage, les rendements scolaires et l’employabilité des diplômés, a souligné le syndicaliste.

Curriculum et programme

‘’La réforme doit surtout toucher les contenus en les adaptant à nos réalités socio-culturelles et aux besoins de notre économie. On doit également revoir le nombre de matières et de leçons à enseigner par cycle. Il faut exploiter les conclusions des Assises de l’éducation et de la formation de 2015’’, plaide le secrétaire général du SELS.

Il estime qu’il faut aussi créer un lien entre le préscolaire, l’élémentaire et le moyen secondaire de manière à avoir une seule entrée pour ce cycle fondamental. Amidou Diedhiou préconise de revoir donc le programme tant du point de vue de sa taille, qui est à son avis ‘’trop long lourd et difficile à terminer’’, que de son contenu. ‘’Il y a un impératif à cette réforme, c’est l’évaluation exhaustive des orientations du curriculum relatif à l’approche par les compétences (APC) actuellement en cours’’, a-t-il indiqué.

Le curriculum inclut plusieurs aspects tels que l’organisation scolaire, les moyens d’enseignement, les ressources didactiques, les modes d’évaluation et de sanction, les politiques éducatives, les rôles et fonctions des divers acteurs, etc., explique le ministère de l’Education nationale.

‘’Le curriculum est un ensemble d’éléments reliés entre eux, de sorte que la modification d’une de ses composantes entraîne la déstructuration du système’’, précise la tutelle dans un communiqué annonçant la révision du curriculum.

Ainsi, la logique du curriculum réclame ‘’un pilotage hiérarchique unique et cohérent, en collaboration, du plus haut de la hiérarchie à la base, une adaptation du système depuis la formation initiale et continue jusqu’à l’évaluation’’. Il est différent d’un programme. C’est à travers les programmes d’étude qu’un curriculum devient opérant.

C’est pourquoi ‘’l’exigence d’une structuration cohérente des niveaux d’enseignement doit amener à réfléchir sur les réformes de programmes, leur opportunité et le niveau d’expertise requis’’, indique l’IGEF qui porte cette nouvelle révision. Il y a, par exemple, la nécessité d’assurer une bonne articulation des différentes composantes : programmes, manuels, formation des enseignants, système d’évaluation.

Les programmes constituent un maillon intercalaire dans la chaîne des intentions pédagogiques (finalités – buts – programmes – objectifs), qui repose sur une logique rigoureuse. La construction de cette chaîne nécessite la collaboration de toutes les parties prenantes du système éducatif avec des rôles et responsabilités bien définis.

Le président du Syndicat des inspecteurs de l’enseignement, Alcantra Sy, estime qu’‘’il faut différencier le programme du curriculum parce que le programme est un élément du curriculum’’. ‘’Parler du curriculum, c’est adresser également la question des manuels, c’est retoucher à la formation des enseignants parce que les enseignants doivent être capables de mener ces programmes’’, explique-t-il.

 

    ◊  Source : Avec (APS)

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