Le manque de confiance, un des facteurs clés qui freine l’accès aux financements bancaires

Le manque de confiance des banques vis-à-vis des dirigeants des petites et moyennes entreprises (Pme) est l’un des facteurs clés qui freine leur accès aux financements. C’est l’avis du directeur national de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao)au Sénégal.

La difficulté d’accès aux financements reste l’élément principal épinglé pour la flopée de petites et moyennes entreprises (Pme) au Sénégal. Hier, les banquiers ont eu l’occasion d’exprimer les raisons de leur réticence face à ces demandes, à l’occasion du panel sur ce sujet, tenu lors de la clôture du 2nd Forum sur la Pme sénégalaise. Selon le directeur national de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) au Sénégal, Ahmadou Al Aminou Lô, pour 50 % de raisons de rejet de demandes de crédit des Pme, la banque met “Autres raisons”. Ce qui signifie qu’elle dit de façon implicite qu’elle “n’a pas confiance”. “Les banques n’ont pas le choix, elles vont prêter. Mais il faut, au moins, assurer un suivi adéquat des risques. Il faut susciter l’appétit au risque, aider les banques et autres institutions de microfinance à vouloir financer les Pme”, dit-il. Pour ce faire, M. Lô fait savoir qu’il est nécessaire de lever les contraintes qui tournent essentiellement autour du manque de confiance des banques. “On peut dire qu’on n’a pas confiance au bilan de la Pme. Elle n’y a pas la capacité à pouvoir conduire une activité. Le système de comptabilité peut être déficient, etc.”, justifie-t-il. D’ailleurs, le directeur de la Bceao au Sénégal souligne qu’une étude, publiée récemment par la Banque européenne d’investissement pour l’ensemble de l’Afrique, a situé à 33 % des obstacles que les banques ont peur des impayés. En plus, il n’y a pas de “garanties suffisantes” pour le même taux. Donc, pour les 2/3, les Pme “n’arrivent pas à accéder” aux financements, parce que les banques ont “peur” de ne pas se faire rembourser. “On a confiance, lorsque nous pouvons, à travers les états financiers, voir que tout est normé et se tient selon les standards. Les initiatives prises par la Banque centrale au niveau national ne visent qu’à lever cette défiance qu’il y a de la part des banques, des microfinances vis-à-vis des Pme. On va se donner les moyens, avec l’Ordre des experts comptables, pour avoir des informations financières fiables”, assure-t-il. De fait, il estime qu’ils auront l’assurance que ceux qui gèrent les Pme sont bien outillés pour le faire, avec des structures d’encadrement et d’accompagnement. Mais également aider les banques à faire le suivi des crédits afin qu’elles puissent être remboursées.

Taux de prêts élevés

Pour ce qui est du taux des prêts de ces institutions financières, jugés généralement trop élevés, M. Lô soutient que, dans toute l’Afrique subsaharienne, les taux d’intérêt de la Bceao sont les “moins élevés”. “Nous sommes à 2,5 et 4,5 %. En moyenne, pour les banques du Sénégal, le taux tourne autour de 8 %”, souligne M. Lô. Donc, pour lui, le challenge, c’est le taux de rentabilité interne des Pme, à savoir les bénéfices qu’elles tirent de leurs activités”, dit-il. Mais, de son côté, le directeur général du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis), Ibrahima Kane, souligne qu’il y a des risques avec des montants beaucoup plus élevés que les ressources allouées en termes de prêt, qui sont des ressources fonds propres qui demandent plus d’engagement. “Les Pme ne sont pas tout à fait à l’aise pour ouvrir leurs capitaux”, constate-t-il.

Création du statut de l’entreprenant

Pour sa part, le ministre du Commerce, en charge des Pme, Alioune Sarr, signale la nécessité pour les banques de “se capaciter” pour mieux comprendre les Pme. Et, surtout, voir l’évolution inéluctable de l’environnement dans lequel le Sénégal est. “Le premier élément, c’est tout ce qui tourne autour du contenu local du gaz et du pétrole. Il faut que les Pme soient les participantes actives, mais également que le secteur banquier puisse être un acteur majeur. De toute façon, le financement du secteur va se faire avec ou sans vous. Nous n’avons pas souvent utilisé les services des experts comptables dans la mise en œuvre”, reconnait Alioune Sarr. Or, d’après lui, le secteur informel a besoin d’être accompagné et modernisé. Il ne pourra jamais se connecter aux chaines de valeur internationales, même africaines, s’il n’a pas cet accompagnement vers la modernisation. “Dans les prochains chantiers de mon département, c’est ce travail-là que nous allons faire et dans les conditions qui nous permettront d’augmenter le stock des Pme. Ainsi, nous allons adopter, en Conseil des ministres, une loi sur la modernisation des Pme. Et dans cette législation, nous allons créer le statut de l’entreprenant. C’est une opportunité que les banques peuvent saisir”, annonce le ministre. Ce statut permettra, par exemple, au coiffeur, à travers une cotisation annuelle, d’être formalisé et d’accéder à l’ensemble des services de financement que l’Etat offre. Mais surtout, c’est quasiment un stock d’un à deux millions de Pme nouvelles que nous pourrions avoir sur le marché. Cette loi qui sera votée, selon le ministre en charge des Pme, dans les “prochaines semaines”, permettra également aux banques d’avoir un stock beaucoup plus important. Toujours est-il que le directeur national de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) au Sénégal renseigne qu’après Kaolack, l’équipe de son institution se rendra à Ziguinchor, le 29 janvier prochain, pour réunir les acteurs des régions du Sud et du Sud-Est. Au même moment, fait savoir Ahmadou Al Aminou Lô, ils sont en train d’effectuer une enquête trimestrielle avec les banques. Et, à partir l’année 2018, il y aura une base “suffisante”.

 

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