Le Magistrat Souleymane Téliko réitère ses propos de toujours sur l’indépendance de la justice Sénégalaise

Une journée de réflexion initiée par l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) a réuni, ce jeudi, un large éventail de juristes, pour réfléchir sur le thème « État de droit et indépendance de la Justice : Enjeux et perspectives de réformes ».

Les acteurs de la justice et des membres de la société civile ont organisé ce jeudi un atelier pour réfléchir sur l’indépendance de la justice et l’État de droit. Autour du thème, l’Union des magistrats du Sénégal (UMS), à travers son président, Souleymane Téliko, a examiné les failles de la justice Sénégalaise, avant de proposer des solutions pour restaurer, non seulement l’Etat de droit, mais aussi une justice équitable et impartiale.


Le président de l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS), Souleymane Téliko évoque en particulier, la question de la détention, à l’engorgement des prisons, à la célérité dans le traitement des affaires, à l’état des locaux de nos juridictions, aux défis que pose la pandémie à l’administration de nos juridictions.
Le juge Téliko se prononçant sur l’indépendance de la justice estime « le service public de la justice peut, certes, souffrir de dysfonctionnements liés au manque d’équipements, de locaux ou de personnel, il n’en perdra pas pour autant sa crédibilité ». Mais, « dès lors que, aux yeux du public, la justice donne l’impression de manquer d’impartialité ou d’indépendance, elle perd une bonne partie de ce qui fait sa force : la confiance des justiciables ».
Sans une indépendance, ajoute M. Téliko, la justice perd en crédibilité et en autorité. Conscient que ce n’est pas la force qui fait la justice, mais, plutôt, la justice qui fait la force, Souleymane Téliko souligne qu’il faut travailler à préserver ce lien primordial de confiance qui constitue un devoir pour chacun de nous. « En premier lieu, aux acteurs de la justice qui doivent adopter, en toute circonstance, une posture de neutralité et incarner la figure de tiers impartial et désintéressé. Aussi, aux décideurs et responsables de tous bords, ils doivent tout mettre en œuvre pour préserver la respectabilité de l’institution judiciaire et, le cas échéant, l’ajuster aux standards modernes d’une justice indépendante et impartiale », propose le juge Téliko. Il est d’avis que « l’Etat de droit est une œuvre jamais achevée et une conquête de tous les jours ».

Réformer le Conseil Supérieur de la Magistrature
Selon le juge Téliko, restaurer la liberté de la justice c’est d’abord réformer le Conseil Supérieur de la magistrature (CSM). Celui-ci, dira-t-il, «organe capital considéré, à juste titre, comme la clé de voûte de l’indépendance de la justice, sa réforme nous semble plus que jamais nécessaire, au regard de l’inadéquation entre la mission qui lui est assignée et ses règles d’organisation, de composition et de fonctionnement». Pour asseoir sa thèse, Souleymane Téliko ne manque pas de détecter les failles du CSM. « Le paradoxe de notre CSM, qui est aussi son principal handicap, c’est qu’il est chapeauté et piloté par celui-là même dont il est censé limiter l’influence », regrette le président de l’UMS. Appelant à un changement de paradigme. « L’heure semble donc venue de procéder à un changement de paradigme, à travers entre autres mesures, l’autonomisation du CSM et l’instauration de la procédure d’appel à candidature, qui permettront à cet organe d’assumer sa mission, au mieux des intérêts de la justice et des justiciables », a dit Téliko. Pour lui, « la mise en œuvre de ces réformes aura le triple avantage de faire gagner la Justice, en crédibilité, les citoyens, en sécurité, et l’Etat de droit, en solidité ».
Toutefois, le juge soutient que l’indépendance de la justice doit être une affaire de tous. Il rapporte : Clemenceau disait, fort justement, que «la guerre est une chose trop grave pour être confiée seulement à des militaires». De même, la mise en œuvre de ces réformes met en jeu trop d’intérêts, pour n’être plaidée que par des acteurs de la justice. Aussi, «espérons-nous qu’au terme de ces échanges, chacun d’entre nous sortira d’ici plus résolu que jamais et disposé à jouer sa partition pour l’avènement d’une justice plus indépendante et plus crédible », formule Souleymane Téliko.

 

  ♦ Abou Kane Dia  –  laviesenegalaise.com

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