Le discours du président Macky SALL, lors de la cérémonie solennelle d’ouverture de la 41ème session du conseil des Ministres ACP-UE

Discours Macky SallExcellence Monsieur Bharrat JAGDEO, ancien Président de la République coopérative de Guyane, 

Excellence, Doyen Olusegun OBASANJO, ancien Président de la République du Nigéria et Président du Groupe des Eminentes Personnalités (GEP) des ACP,

Excellence, Monsieur Leonel Fernandez REYNA, ancien Président de la Républicaine dominicaine,

Messieurs les Présidents du Conseil conjoint des Ministres de l’Union européenne et du Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique,

Mesdames, Messieurs les Ministres,

Mesdames, Messieurs les Présidents d’Institutions régionales,

Mesdames, Messieurs les Commissaires européens,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Monsieur le Secrétaire général du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique,

Mesdames, Messieurs,

Le peuple sénégalais et son Gouvernement sont heureux de vous accueillir à l’occasion des Assises ACP-UE, notamment la 103ème session du Conseil des Ministres ACP, la 41ème session du Conseil conjoint des Ministres ACP-UE, ainsi que le Panel de haut niveau sur lefutur des relations ACP-UE.

Je vous remercie d’être venus nombreux, et vous souhaite la bienvenue et un agréable séjour parmi nous.

Depuis plus d’un demi-siècle, l’excellence  de notre coopération continue de se manifester sur le socle des liens denses et étroits que l’histoire, la géographie et les échanges ont tissés entre nos pays.

L’Union européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique offrent en effet un exemple unique d’un partenariat associant des pays du nord et du sud  autour d’un cadre institutionnel organisé et solidaire en matière d’investissements, de commerce et de soutien au développement.

En évoquant cette belle trajectoire  de notre coopération, je rendshommage aux pionniers qui en ont ouvert et balisé la voie.

Les pionniers ont fait et bien fait leur travail. Notre rôle à nous, aujourd’hui,est d’assurer la continuité de l’histoire par la consolidation et lapoursuite de ces relations privilégiées dans un contexteautrement plus complexe.

L’Union européenne s’est élargie. De nombreux et pressants besoins de développement restent encore insatisfaits.De nouveaux défis sécuritaires se font jour. Et tous ces facteurs sont interdépendants. Il n’y a pas de  développement sans paix, et pas de paix durable sans développement. S’y ajoute, ne l’oublions pas, la question vitale de l’urgence environnementale. La signature le 22 avril dernier à New York de l’Accord de Paris sur le climat nous le rappelle opportunément.

Il nous appartient de prendre en charge tous ces paradigmes avec un même ordre de priorité qui commandeune relecture de notre partenariat dans la dynamique géopolitique du 21ème siècle.

C’est l’esprit même de la Déclaration du 7ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement du Groupe des Etats ACP, de décembre 2012 à Malabo, appelant à une transformation stratégique profondede notre Organisation.

Nos acquis sont multiples. Nous avons de quoi en être satisfaits et fiers.

En même temps, nous avons des questions à résoudre pour garder ce qui fait la force, la spécificité et la vitalité de notre partenariat.

  • Sur le plan commercial, l’érosion des préférences et l’accentuation de la libéralisation des échanges tendent à remettre en cause l’une des bases de notre partenariat fondé sur l’asymétrie des niveaux de développement.
  • Sur le plan financier, la baisse généralisée de l’aide publique au développement, la stagnation des investissements directs étrangers et le fardeau de la dette pèsent sur la mise en œuvre de nos politiques de développement.
  • Sur le plan sécuritaire,la nouvelle dimension du terrorisme mondial nous interpelle solidairement.Plus que jamais, nous sommes liés les uns aux autres. Plus que jamais, il n’y a pas de pays sanctuaire. Et plus que jamais, ce qui frappe l’un de nos membres, qu’il soit du nord ou du sud, nous concerne tous.

Je salue, à ce sujet, la vision partagée entre le Groupe des Etats ACP et l’Union européenne en matière de politique sécuritaire. Du Sahel au cœur de l’Europe, la menace terroriste est la même. Nous devons donc agir ensemble pour y répondre, en associant nos moyens, notre intelligence et notre expertise.

  • Je n’oublie pas la question migratoire. Je sais qu’elle suscite débatet passion et alimente certains courants de repli sur soi.

Oui, luttons fermement contre l’émigration clandestine et ses réseaux criminels. Œuvrons ensemble pour stabiliser la situation des pays de transit en crise, qui offrent un espace de prédilection à ces réseaux. Travaillons de concert pour promouvoir des activités génératrices de revenus dans les zones d’émission.

De la même manière, ne cherchons pas à résoudre le problème complexe de la migration par la seule mécanique de la réadmission.

Pensons aussi à tout ce qui nous lie ; pensons à notre histoire commune ; pensons aux sacrifices consentis ensemble ; pensons à notre proximité géographique et au facteur humain qui unit nos peuples par le métissage biologique et culturel.

Pensons, aux possibilités de régularisation et à la facilitation de l’octroi de visas pour répondre au besoin de mobilité de nos étudiants,  enseignants et chercheurs, opérateurs économiques, hommes et femmes de culture.

Sans ce brassage socio-économique et culturel, c’est l’identité même de notre lien qui en perdrait son âme.

La question migratoire est une donnée fondamentale du 21e siècle.Dans  un monde de liberté, d’ouverture et d’échanges, l’homme est appelé à se mouvoir à  l’image des idées, des biens et servicesdont il est le producteur.

  • S’agissant du mécanisme de financement des projets, il est souhaitable de revoir nos méthodes et procédures dans le sens leur allègementet de leur adaptation aux impératifs de développement. Les règles de bonne gouvernance une fois établies, doivent être mises en œuvre pour accompagner et non pour ralentir, voire bloquer l’exécution des projets. Pour ce faire, nous devons concilier l’observance des règles de transparence et d’obligation redditionnelle aux impératifs dediligence, d’efficacité et de résultat.
  • Enfin, parmi nos défis, il y a la problématique clef des Accords de Partenariat Economique signés entre l’Union européenne et les différentes régions ACP. Nous avons mis du temps et consacré des efforts considérables pour négocier et adopter ces cadres stratégiques de notre coopération future. Il faut saluer l’esprit de compromis qui a guidé le processus. Mais tout n’est pas fini. Il nous faut maintenant aller de l’avant dans la mise en œuvre diligente des engagements convenus.

 conseil des Ministres ACP-UE

 

Mesdames, Messieurs,

Votre Conseil a assurément pris la pleine mesure des problématiques qui nous interpellent en choisissant d’examiner des urgences aussi pressantes que :

  • l’Agenda 2030 sur le développement durable ;
  • la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le changement climatique (COP21) ;
  • le financement du développement ;
  • la place du secteur privé comme fer de lance de la croissance dans nos Etats ;
  • et la question cruciale de l’avenir des relations ACP-UE au-delà de 2020, après l’expiration de l’Accord de Cotonou.

Je sais que le Comité des Ambassadeurs du Groupe ACP, la Commission européenne et le Groupe d’éminentes personnalités travaillent déjà par anticipation sur ce dossier majeur.

Je remercie, à ce propos, les Présidents Olusegun OBASANJO, Leonel Fernandez REYNA et Bharrat JAGDEO et tous ceux qui contribuent à la formulation progressive de notre agenda commun pour le futur.

Je suis persuadé qu’avec l’engagement de tous,la coopération déjà féconde entre l’UE et les ACP est promise à un avenir encore plus radieux.

Soyez assurés que le Sénégal travaillera activement dans ce sens avec tous les partenaires.

Je déclare maintenant ouverte la 41ème session du Conseil conjoint des ministres ACP-UE et souhaite plein succès à vos travaux.Le conseil des Ministres ACP-UE

Je vous remercie de votre aimable attention.

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