Las Vegas, pire fusillade de l’histoire moderne américaine, le FBI écarte la piste jihadiste

Las Vegas (Etats-Unis) (AFP) – Un retraité américain a tué 58 spectateurs d’un concert en plein air dimanche soir à Las Vegas, la fusillade la plus sanglante de l’histoire moderne des Etats-Unis. Bien que l’organisation Etat islamique ait revendiqué la tuerie, Washington a écarté la piste jihadiste à ce stade.

Perché dans un étage élevé d’un hôtel adjacent, armé de plusieurs fusils et apparemment très préparé, le tireur était un Américain blanc de 64 ans, Stephen Craig Paddock, comptable à la retraite présenté par ses voisins comme joueur invétéré et habitué des casinos. Il s’est suicidé avant que les policiers ne l’atteignent.

Le groupe Etat islamique a affirmé, via son organe de propagande Amaq, que l’homme s’était converti à l’islam il y a plusieurs mois et qu’il en était un « soldat », le nommant « Abou Abdelberr l’Américain ». Selon l’EI, il avait auparavant mené « une surveillance minutieuse des rassemblements croisés » de Las Vegas.

Mais le FBI a déclaré n’avoir établi « aucun lien à ce stade avec un groupe terroriste international ».

Le bilan humain, 58 morts et 515 blessés, dépasse celui de la boîte gay d’Orlando en juin 2016, quand 49 personnes avaient péri, dans un attentat également revendiqué par l’EI.

Le président Donald Trump, lors d’une déclaration à la Maison Blanche lundi matin, n’a évoqué ni la question des armes à feu ni celle du terrorisme, appelant sobrement à l’unité du pays.

« Notre unité de ne peut pas être brisée par le mal, nos liens ne peuvent pas être défaits par la violence et, bien que nous ressentions de la colère face à l’assassinat insensé de nos compatriotes, c’est l’amour qui nous définit aujourd’hui », a-t-il déclaré dans une allocution au ton grave.

En début d’après-midi, lui et la Première dame, Melania Trump, ont observé une minute de silence à la Maison Blanche.

Le dirigeant se rendra mercredi à Las Vegas.

Pour Lorenzo Vidino, directeur du programme sur les extrémismes à l’université George Washington, l’EI a « tendance à revendiquer à peu près tout ce qui fait du bruit », et certaines revendications passées se sont révélées sans fondement.

– Le déroulement de la tuerie –

Stephen Paddock s’était installé avec son arsenal au 32e étage de l’hôtel Mandalay Bay, massif établissement qui offrait une vue dégagée sur le festival de musique country « Route 91 Harvest », en contrebas, de l’autre côté du fameux Las Vegas Boulevard.

Plus de 22.000 spectateurs écoutaient le chanteur Jason Aldean, quand vers 22H08 heure locale, les premiers tirs ont retenti. Après un moment d’incrédulité, la panique saisit la foule.

De longues et terribles rafales sont audibles dans les innombrables vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Des gens tentent une échappée. D’autres se couchent à plat ventre, certains protégeant de leurs corps les plus vulnérables.

« Nous ne savions pas d’où venaient les tirs, donc on courait sans savoir où aller », a raconté Ralph Rodriguez, un consultant informatique venu de Los Angeles pour le festival. « On a emmené des gens qui saignaient, on leur disait: si vous pouvez tenir, tenez bon, faut partir ».

Il s’est finalement échappé, sain et sauf, en escaladant avec d’autres une clôture de trois mètres.

– Un amateur de jeu –

Les mobiles du tireur sont inconnus à ce stade. Le shérif de Las Vegas, Joseph Lombardo, a qualifié l’homme de « loup solitaire ».

Stephen Paddock, 64 ans, vivait à Mesquite, une ville de 18.000 habitants, située à quelque 120 kilomètres de Las Vegas, toujours dans le Nevada.

Son frère, Eric Paddock, a affirmé qu’il n’avait « pas d’affiliation religieuse ou politique » et « n’était pas du tout un fan des armes ». Tout juste possédait-il, selon lui, quelques armes de poing, dans un coffre.

Il se rendait souvent à Las Vegas pour jouer, selon ses voisins.

Stephen Paddock n’avait jamais eu affaire avec la police, ce qui n’était pas le cas de son père, Patrick Benjamin Paddock, un braqueur de banques placé sur la liste des fugitifs les plus recherchés par le FBI dans les années 1960. Un père très absent, selon Eric Paddock.

Le tueur était arrivé au Mandalay Bay le 28 septembre, et y a apporté lui-même les armes, a raconté le shérif, sans que le personnel de l’hôtel n’ait rien remarqué. A l’aide d’un outil comme un marteau, il a brisé les vitres de la chambre pour pouvoir mieux tirer, laissant deux trous sombres dans la façade dorée de l’édifice.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.