Lansana Gagny Sakho explique aux sénégalais le volet Assainissement du PSE : « Ce que l’ONAS fera dès 2018 »

Pur produit du privé pour avoir travaillé pour de grandes multinationales, Lansana Gagny Sakho a intégré, pour la première fois l’administration sénégalaise, à partir de 2014, quand il a été porté à la tête de l’OFOR (Office des forages ruraux), où il a passé trois ans avant d’être nommé, en septembre 2017, directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS). C’est ce technocrate, qui refuse ce profil qu’il préfère à celui « d’homme de terrain », que le chef de l’Etat a choisi pour donner corps au volet Assainissement du Plan Sénégal Emergent. M. Sakho, pour son baptême du feu, a jeté son dévolu sur Dakaractu à l’effet d’illustrer cette vision présidentielle. Partant, il explique les modalités de son opérationnalisation aux Sénégalais.

« On a un problème général d’aménagement du territoire »

« Les défis de l’assainissement sont énormes, pas au Sénégal seulement, mais partout en Afrique. L’assainissement est le parent pauvre de l’Hydraulique en Afrique, en général. Le gouvernement du Sénégal à travers Son Excellence le Président Macky Sall l’a compris très vite. Il y a des investissements énormes qui sont prévus pour les années à venir.

Les besoins sont énormes. Il y a un gros décalage. On a perdu beaucoup de temps à nous concentrer sur l’eau potable en oubliant l’assainissement. Cela, aussi bien pour ce qui est des politiques de financement que pour ce qui a trait à la structuration des organisations. Il ne faut pas se faire d’illusion. Il y a l’investissement énorme mais les besoins sont beaucoup plus importants. Ce qu’on a fait durant ces deux dernières années, si on l’avait commencé il y a dix ans, le Sénégal serait très loin devant.

On a un problème général d’aménagement du territoire. Le problème de fond, il est là! Il faut rationaliser les interventions des différentes parties prenantes. Il y a l’acteur principal qu’est l’ONAS. Il faut, au niveau de l’ONAS, nous recentrer sur le cœur de métier, c’est à dire autour de l’assainissement ».

« Il faut l’implication des populations pour la conservation des ouvrages »

« L’Etat ne peut pas tout faire en termes de conservation des ouvrages. Il faut l’implication des populations. Prenez les canaux à ciel ouvert de drainage des eaux de pluie. On en a fait des dépotoirs d’ordures ménagères. Le Sénégal fait partie des pays les mieux avancés en matière d’assainissement. Cela ne veut pas dire que tout est réglé.  Heureusement, le Sénégal est un des rares pays en Afrique à avoir un réseau d’assainissement collectif aussi important. Il faut aller très vite dans le recrutement d’opérateurs pour la gestion de l’assainissement.

« Il faut qu’on aille très vite dans le recrutement d’opérateurs privés »

« Il faut faire attention à ce qu’on appelle le transfert des compétences. Quel est le budget des collectivités locales ? Les maires ont des moyens très limités. Travaillons de façon centrale pour d’abord régler les fondamentaux. L’assainissement est un centre de coût. Il n’est pas un centre de profit. Vous demandez à une mairie de vous gérer l’assainissement, cela ne passera pas. On va les impliquer, certes, mais l’assainissement ne peut être transféré aux collectivités locales. Il faut qu’on aille très vite dans le recrutement d’opérateurs privés pour l’exploitation et la maintenance, en signant des contrats de performance. C’est comme ce qui se fait entre la Sde et la Sones, où chacun fait son travail. C’est cela l’approche la plus durable. L’ONAS ne va pas disparaître. Il va se concentrer sur ce qui génère de la valeur ajoutée à savoir la conservation du patrimoine et la planification des grands travaux ».

« A la Médina, vous avez des canalisations qui datent des indépendances »

« Le matériel est vieux dans certaines zones. A la Médina, vous avez des canalisations qui datent des indépendances. Les quartiers se sont agrandis. Les populations se sont multipliées par deux voire par trois. Ces conduites ne peuvent plus tenir. C’est ce qui pousse l’ONAS à vouloir déléguer davantage. Déjà à Dakar, nous avons trois opérateurs avec lesquels nous travaillons.

Il y a un gap financier entres les charges nécessaires pour assurer l’exploitation optimale des ouvrages et ce que l‘ONAS reçoit pour avoir un équilibre. Ce gap, il faut le combler en recherchant des financements ou en augmentant les redevances sur le prix de l’eau. Cette dernière solution risque de faire augmenter le prix  de l’eau. Il faut compresser le coût de consommation d’énergie pour le baisser. L’ONAS n’exclut pas, en intelligence avec ses partenaires techniques et financiers, de rechercher des financements innovants verts qui soient des ressources pérennes.

 « Pour la Baie de Hann : les premiers engins vont commencer à creuser en 2018 »

« Nous avons des investissements très énormes. Nous avons le projet dit « Dix villes » qui couvre autant de zones. Touba fait partie du programme des « Dix villes ». Pour la Baie de Hann, on en parle depuis dix ans, on va voir les premiers engins commencer à creuser en 2018. Pour améliorer les services en termes d’assainissement, on va doubler la station de Cambérène ».

« Tous les ouvrages d’assainissement faits à Touba ont été réalisés par le Président Macky Sall. En 2012, il n’y avait rien »

« L’Etat a mis beaucoup d’argent à Touba. L‘Etat continue à mettre de l’argent à Touba. Nous avons une station de boue de vidange que nous avons réalisée à Touba. Station qui fonctionne très bien. Il y a une station de traitement d’eaux pluviales à Touba. Nous allons lancer le marché pour dédoubler la conduite bientôt, c’est un milliard de F Cfa. Touba, c’est aussi un programme d’assainissement d’eaux usées qui fait partie du programme « Dix villes ». Il faut se dire que Touba est la deuxième ville du pays. C’est plus d’un million, deux millions, de personnes. Plus vous y investissez, plus les populations augmentent. Nous avons pris l’ampleur du problème. Les choses vont s’améliorer significativement à Touba. Comme on travaille pour que les choses s’améliorent à Tivaouane, à Taïba Niassène, où on a un gros projet, à Cambérène. Tout cela entre dans le cadre du programme de modernisation des villes religieuses initié par Son Excellence le Président Macky Sall. Les investissements que nous avons faits à Touba, nous ne les avons faits nulle part ailleurs. Mais, il faut aussi qu’on travaille pour les autres régions. Vous avez une corrélation assainissement-eau. Il faut aller vers une approche globale pour trouver une solution définitive.

Tous les ouvrages d’assainissement faits à Touba ont été réalisés par le Président Macky Sall. En 2012, il n’y avait rien en matière d’assainissement à Touba ».

« Dans le premier trimestre de 2018, nous allons commencer les travaux à Cambérène »

« Je n’ai jamais pensé qu’on avait un problème à Cambérène. Ce n’est pas un problème, c’est une difficulté. Difficulté liée à un déficit de communication. Vous avez la station qui se trouve à Cambérène et les populations n’ont pas d’assainissement. C’est un dysfonctionnement.

Dans le premier trimestre de l’an 2018, nous allons commencer les travaux à Cambérène, conformément aux instructions de Son Excellence le Président Macky Sall ».

  • Dakaractu
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