La liberté de la presse s’est encore dégradée dans le monde selon RSF

En 2017, la liberté de la presse s’est encore dégradée dans le monde, indique l’ONG Reporters sans frontières dans son dernier rapport publié le 25 avril 2018. Selon Rfi, en Europe et aux Etats-Unis notamment, le climat de haine à l’encontre des journalistes se développe, ce qui menace les démocraties, s’inquiète RSF. En Afrique, si l’ONG note de légers progrès dans la zone subsaharienne, la situation est qualifiée de difficile, voire très grave dans 22 des 48 pays du continent.

L’Erythrée, le Soudan et Djibouti apparaissent une nouvelle fois comme les plus mauvais élèves africains du classement de Reporters sans frontières (RSF). Si la situation n’est pas aussi grave en Mauritanie, le pays connaît toutefois la plus importante régression du continent passant du 55e au 72e rang. En cause : l’adoption d’une loi punissant de peine de mort l’apostasie et le blasphème.

L’ONG dénonce ainsi la situation du blogueur Mohamed Cheikh Ould Mkheitir, toujours détenu après avoir pourtant purgé sa peine. Il avait été condamné à deux ans pour mécréance. Autres faits reprochés à la Mauritanie : la suspension de plusieurs médias et la difficulté d’aborder certains thèmes comme l’esclavage.

Dans d’autres pays comme le Togo, la Guinée ou le Tchad, l’ONG pointe du doigt la difficulté pour les journalistes de couvrir les manifestations à caractère politique ou social. RSF dénonce également les menaces contre les journalistes d’investigation. Pour Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique, « l’un des cas les plus emblématiques est celui d’Azory Gwanda en Tanzanie. C’est un journaliste qui menait des enquêtes sur des assassinats suspects de fonctionnaires et de policiers locaux, et qui est porté disparu depuis près de cinq mois maintenant. »

Internet coupé

Pour empêcher la circulation de l’information, l’ONG note une multiplication des coupures d’accès à Internet dans certains pays. « On a, explique Arnaud Froger, près d’une dizaine de pays qui y ont recours au cours des deux dernières années en Ethiopie, au Tchad. On a des récidivistes. Les plus notables étant la République démocratique du Congo, et puis le Cameroun aussi. »

Le Cameroun qui pointe d’ailleurs à une peu reluisante 129e place. A l’inverse, le Ghana, la Namibie, l’Afrique du Sud et le Cap-Vert font figure d’exemple. Ils apparaissent ainsi devant l’Espagne, la France et le Royaume-Uni.

L’Europe toujours meilleure élève

Ailleurs dans le monde, la situation est contrastée. L’Europe demeure le continent où la liberté de la presse est la moins menacée, mais certains pays ont lourdement chuté dans le classement. C’est le cas de Malte, par exemple, théâtre de l’assassinat, en octobre dernier, de la journaliste Daphne Caruana Galizia. L’île tombe à la 65e place. De même que de certains pays dans lesquels une partie de la classe politique s’en prend ouvertement aux médias, comme en Slovaquie ou en République tchèque.

Plus à l’est, la Russie et la Turquie, elles, continuent de dégringoler au classement. Le pays d’Erdogan, où s’enchainent les procès de masse, est toujours la plus grande prison du monde pour les journalistes.

Sur les continents nord et sud-américain, la situation diffère énormément d’une région à l’autre. Les Etats-Unis continuent de chuter sous le mandat de Donald Trump, dont la violence de la rhétorique anti-média n’a pas faibli. A tel point que l’été dernier, une coalition de vingt médias s’est créée autour d’un outil de surveillance de l’état de la liberté de la presse.
L’Amérique centrale reste, elle, une région très difficile pour l’exercice de la profession de journaliste. Le Mexique, avec onze journalistes tués, est d’ailleurs devenu le deuxième pays le plus meurtrier au monde. Plus au sud, le Venezuela de Nicolas Maduro enregistre la plus grosse chute du continent (- 6 places), pour tomber à la 143e place.

Sur le continent asiatique, la bonne nouvelle vient de la Corée du Sud, qui s’offre une progression de vingt places (la plus forte de tout le classement) avec l’élection du président Moon Jae-in et un certain apaisement dans l’audiovisuel public. Une situation qui contraste fortement avec celles qui prévalent en Asie du Sud-Est : le Cambodge, par exemple, a fait fermer des dizaines de médias et semble s’inscrire dans la lignée de la censure chinoise.

Enfin les pays du Moyen-Orient figurent essentiellement dans le bas du classement. Les conflits qui se poursuivent en Syrie (depuis 2011) et au Yémen (depuis 2014), ainsi que les politiques répressives d’Etats plus stables, au nom de la lutte antiterroriste, comme l’Egypte ou l’Arabie saoudite ne font qu’accroître la pression sur les médias, et font « de cette région du monde l’endroit où il est le plus difficile et dangereux pour une journaliste d’exercer sa profession », note RSF.

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