La France se dit ouverte à « des propositions d’évolution » du franc CFA

Les conséquences de la chute des cours des matières premières ont dominé la réunion des ministres de la zone franc, samedi 9 avril, à Yaoundé. Réunis pour leur sommet bisannuel, en compagnie du ministre français des Finances Michel Sapin, les « grands argentiers » des 15 pays africains membres de la zone ont insisté sur la nécessaire « diversification » de leurs économies et les « efforts » à faire pour « rationaliser les dépenses » publiques.

Les pays de la zone franc, composée de deux sous-ensembles (l’UEMOA en Afrique de l’Ouest et la CEMAC en Afrique centrale), ont vu leurs recettes chuter lourdement depuis 2014 en raison de la baisse des cours du pétrole, mais aussi du bois, du fer ou du coton.

Dans le même temps, plusieurs d’entre eux ont fortement augmenté leurs dépenses publiques, en investissant notamment dans de lourds projets d’infrastructures.

« Les États de la zone ont de moins en moins de réserves de change. Certains ont des arriérés de paiement et des difficultés pour verser les salaires », s’inquiète ainsi une source proche des discussions, qui redoute une spirale « d’endettement ».

Selon le Fonds monétaire international (FMI), les pays de la CEMAC, les plus menacés par la baisse des cours, pourraient enregistrer un déficit de leurs comptes courants de 8 % du PIB (Produit intérieur brut) en 2016, alors qu’ils se trouvaient dans une situation de quasi-équilibre en 2013. Une situation qui a poussé certains à contracter des emprunts auprès des marchés internationaux, à des taux frôlant parfois les 10 %.

Faire appel au FMI

Le choc lié à la baisse des cours « est très violent », a reconnu le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, appelant les pays à stabiliser « l’effort d’investissement public », mais aussi à se tourner vers le FMI pour obtenir des conditions d’emprunt plus favorables.

Actuellement, deux des quinze pays de la zone (Tchad et République centrafricaine) bénéficient d’aides du FMI. Ces prêts suscitent parfois des réticences, en raison des contreparties réclamées par l’organisation basée à Washington en termes de contrôle des dépenses.

Le sommet de la zone franc intervient par ailleurs sur fond d’interrogations persistantes sur l’avenir du franc CFA, utilisé par les pays de la région depuis plus de 70 ans, et dont certains souhaitent l’abandon au profit d’une monnaie 100 % africaine.

« Il y a des points de discussion et de réflexion qui sont en cours. Il est clair que tôt ou tard c’est une discussion qu’il faudra ouvrir, au regard également des difficultés que traverse l’Europe depuis quelques années », avait reconnu jeudi 7 avril le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré.

Le « CFA », utilisé par 155 millions d’habitants, est lié à l’euro par un système de parité fixe. Pour garantir cette parité, les États africains doivent déposer 50 % de leurs réserves de change auprès du Trésor français.

Ce lien fort avec l’euro est considéré par beaucoup comme un gage de stabilité. Mais le système est aussi accusé par certains économistes de freiner le développement de l’Afrique, en obligeant les États concernés à calquer leur politique monétaire sur celle de la zone euro.

Interrogé à ce sujet, Michel Sapin a assuré que l’avenir du franc CFA était entre les mains des pays africains.

« La France est là pour accompagner. Elle est là pour garantir la stabilité de la monnaie », a souligné le ministre, jugeant cette stabilité « très utile aux pays concernés ».

« C’est la décision des Africains qui s’impose, pas la décision de la France. Et j’ai toujours montré ma très grande disponibilité s’il y avait des propositions d’évolution dans telle ou telle direction, de la part de tel ou tel dirigeant », a-t-il ajouté.

Le Monde 

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