La Coordination des Associations de Presse dénonce les « assauts répétés » contre le secteur des médias sénégalais
La Coordination des Associations de Presse (CAP) a dénoncé les « assauts répétés » contre le secteur des médias sénégalais depuis mai 2024, accusant le gouvernement et le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique d’avoir franchi un « seuil culminant » avec l’arrêté du 22 avril 2025 (n°011059).
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Cet arrêté, doublé d’une assignation de la Direction de Surveillance du Territoire (DST), ordonne la « cessation immédiate d’activité » des entreprises de presse jugées non conformes au Code de la presse, dans le cadre d’une prétendue régulation. Environ 200 à 300 médias pourraient être concernés, une vingtaine de responsables ayant déjà été convoqués par la DST.
La CAP déplore une « asphyxie financière » de plus de dix mois, aggravée par la circulaire du Premier ministre de mai 2024, qui a rompu unilatéralement les contrats avec des entreprises publiques et parapubliques. Le Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP) est bloqué depuis l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, tandis que le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) est paralysé par l’absence de son organe délibérant et par les actions du ministère et de la Télévision sénégalaise (TDS). Les cartes nationales de presse ne sont plus éditées depuis février 2024, et la plateforme de déclaration des médias est fermée depuis début février, empêchant la création de nouveaux médias.
La CAP critique les « vices de forme » et « violations de la loi » dans le processus de régulation mené par le ministre Alioune Sall. Aucun arrêté publiant la liste définitive des médias conformes n’a été pris, et les médias déclarés non conformes n’ont reçu aucune notification des motifs de rejet, semant « panique » et « autocensure » dans les rédactions. La saisine de la DST et de la Division Spéciale de la Cybercriminalité (DSC) est qualifiée d’« illégale » et de « criminalisation » de l’activité de presse. La Cour suprême a été saisie dès octobre 2024 concernant l’arrêté n°024462 sur la Commission d’examen et de validation des entreprises de presse, mais aucun jugement n’a été rendu à ce jour.
Face à ce qu’elle compare à l’étouffement de George Floyd, la CAP appelle à la mobilisation du secteur. Elle lance un formulaire pour répertorier les médias non conformes, promet un accompagnement juridique et invite les responsables à déposer un recours collectif devant la Chambre administrative de la Cour suprême. Une série de rencontres est prévue en mai 2025 avec les syndicats, le patronat, les organisations de droits humains et la société civile, culminant par un sit-in devant le ministère de la Communication. Une Assemblée générale est également prévue le 17 mai pour restructurer et formaliser la CAP, récemment renforcée par des changements à la tête du SYNPICS et de la Convention des Jeunes Reporters.
La CAP s’alarme du « silence radio » des autorités, de la Cour suprême et des organisations internationales, estimant que ce mutisme semble « souhaiter insidieusement la mort de la presse sénégalaise », un rempart historique de la démocratie