La chirurgie esthétique de l’intime au masculin

Elle a le vent en poupe depuis peu et fait rêver, à tort ou à raison, les hommes soucieux de leur apparence virile. Le point avec Antoine Faix*, urologue, andrologue et sexologue.

 

Le spécialiste est direct : « Nous sommes de plus en plus sollicités pour des interventions de ce type. Mais attention, nous sommes avant tout, nous, urologues, des médecins de l’organe génital attachés à sa fonctionnalité globale. Notre rôle est surtout de soigner, parfois aussi de répondre à des demandes plus esthétiques. A condition que ces dernières soient légitimes et qu’elles ne compromettent pas les capacités érectiles et urinaires, la sensibilité et la fertilité. »

Céder aux diktats de l’apparence que véhiculent les acteurs de films pornographiques et aux exigences que l’on s’impose pour correspondre à des normes imaginaires imposées par soi, son partenaire ou la société, n’est pas sans danger. Alors accepter ou refuser ? Tel est souvent le dilemme des praticiens, urologues ou plasticiens spécialisés en chirurgie de l’appareil génital.

L’allongement du pénis au cas par cas

Au premier rang des demandes concernant le membre viril, la phalloplastie (ou pénoplastie) d’allongement. L’intervention principalement pratiquée aujourd’hui consiste à sectionner le ligament suspenseur pour allonger le pénis de 2 centimètres environ. Un gain visible seulement au repos car, en érection, rien ne change.

Et la balance entre bénéfices et risques est à prendre en compte, selon Antoine Faix, car le geste chirurgical demeure délicat et le résultat peut être décevant : « Pour les patients souffrant d’un micropénis, moins de 4 centimètres au repos, c’est une opération justifiée qui améliore grandement leur image corporelle et leur confiance en eux. En revanche, pour ceux qui souffrent de dysmorphophobie, l’obsession sur un défaut imaginaire, et sont dotés d’un membre dont les dimensions sont normales – 9 cm au repos et 13 cm en érection en moyenne –, elle conduira forcément à un échec, puisqu’ils ne seront jamais satisfaits. Et puis il y a tous les autres pour qui gagner 2 centimètres va les rassurer sur leur symbole phallique et les aider au quotidien. C’est vraiment au cas par cas. » Mais il faut le savoir, outre les risques liés à toute opération, le pénis, moins bien amarré au pubis, et de fait plus instable, risque de « piquer légèrement du nez ».

Autre cas de figure rencontré, où l’on n’agit pas cette fois sur la longueur, quand un excès de graisse recouvre une partie du pénis et le fait paraître plus petit. Là, une lipoaspiration ou une lipectomie – on retire l’excédent de peau et l’on retend la peau –, au niveau du mont pubis, peut suffire à améliorer nettement le résultat visuel.

L’élargissement en attente de résultats

Dans cette course, visant toujours à valoriser l’apparence virile, s’impose aussi l’augmentation de la circonférence. « Elle consiste principalement à injecter sur le pénis de la graisse prélevée sur le patient, explique l’urologue. Entre des mains expertes, cela donne plutôt de bons résultats, soit un gain de 2 à 3 centimètres du périmètre de la verge au repos et en érection. »

Est-ce suffisant pour améliorer l’image de soi ? Pas toujours dans la durée, ni dans l’aspect final : « Ces injections sont instables. On observe en effet, chez 30 % des hommes, une disparition progressive dans l’année qui suit. Il faut parfois recommencer. Elles peuvent également donner un aspect bosselé à la verge. Et puis on ne dispose pas encore d’études de satisfaction sur ces plasties. De plus, est-ce légitime de revêtir la verge, un des rares organes dépourvus de graisse, d’un manteau graisseux qui va la rendre souple et molle ? » s’interroge-t-il.

Rajeunissement et lifting des bourses en hausse

On n’arrête pas le progrès. Les testicules aussi ont le droit à un look sans reproches ou à une seconde jeunesse. « Avoir des deux côtés un scrotum sans rides, ni taches, ni poils disgracieux, fait partie des demandes émergentes sur le plan esthétique. Elles sont généralement du ressort des dermatologues et des plasticiens spécialisés en chirurgie génitale, donc habilités à pratiquer un lifting, au même titre que les quelques urologues formés pour », explique Antoine Faix.

Cette technique consiste à enlever un excédent de peau des scrotums afin de les remonter. Parfois, les attentes relèvent plus du fonctionnel parce que les deux testicules tombent et deviennent gênants lors des activités sportives ou sexuelles. L’andrologue recommande, dans les deux cas de figure, excepté pour les hommes âgés chez qui ce phénomène est a priori naturel et pour qui faire des bébés n’est sans doute plus d’actualité, de procéder à un bilan urogénital avant, afin d’éliminer d’office, chez les sujets plus jeunes, toute pathologie comme une varicocèle, la dilatation d’une ou plusieurs veines du cordon spermatique, qui, généralement, affecte un seul testicule et peut affaiblir les spermatozoïdes. « Ou de risquer, avec une intervention peut-être pas si indispensable, de compromettre sa fertilité », conclut Antoine Faix.

* Association française d’urologie, Association interdisciplinaire postuniversitaire de sexologie et Société francophone de médecine sexuelle.

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