La chancelière allemande Merkel annonce son retrait de la vie politique pour 2021

Tirant les conséquences d’une nouvelle défaite lors d’élections régionales, la chancelière allemande affirme qu’elle renoncera à tout mandat politique au-delà de cette date. Elle va par ailleurs quitter, au mois de décembre, la tête de la CDU, le parti conservateur qu’elle présidait depuis 18 ans.

«Je crois que nous avons besoin de tourner la page. Ce mandat est mon dernier en tant que chancelière. Je ne solliciterai aucune fonction politique après la fin de mon mandat en 2021.» La fin d’Angela Merkel, longtemps annoncée, vient de commencer. Au lendemain d’un nouveau revers électoral de la CDU, qui a enregistré dimanche en Hesse son plus mauvais résultat depuis 50 ans, la chancelière a fait part de son intention de ne pas se représenter à la présidence du parti conservateur lors du congrès de décembre à Hambourg. Elle a également annoncé vouloir se retirer de la chancellerie à l’issue de son mandat en 2021. La combinaison des deux fonctions, chancelière et leader de la CDU, était pourtant le socle de son autorité. Mais la contestation est devenue trop forte au sein du parti et Angela Merkel n’a plus d’autre choix pour montrer qu’elle a compris le message de colère des électeurs. Au sein du parti conservateur, qu’elle avait conquis en faisant chuter Helmut Kohl, une page de 18 ans va se tourner.

Mal réélue en septembre 2017 pour un quatrième mandat, avec seulement 33%, à la tête d’une fragile coalition mise laborieusement sur pied en mars dernier, déstabilisée par la faiblesse de ses alliés, le SPD et la CSU, qui ont aussi enregistré des échecs locaux, comme en Bavière le 14 octobre, Angela Merkel est plus affaiblie que jamais. En cédant une part de son pouvoir, elle tente un pari: calmer la grogne dans son propre camp. Celle-ci est plus forte que jamais. Pour Carsten Linneman, l’un des opposants internes à la ligne Merkel, un changement de cap est nécessaire pour la CDU qui risque de perdre sinon «son statut de grand parti». À l’extérieur du parti, les critiques sont plus acerbes. «Angela Merkel renonce au mauvais mandat», a déclaré Christian Lindner, le chef de file des libéraux du FDP.

La bataille pour la succession d’Angela Merkel est ouverte

Jusqu’à présent, Angela Merkel avait résisté aux assauts au nom d’un principe de stabilité. Elle avait aussi en tête le contre-exemple de son prédécesseur Gerhard Schröder. En renonçant à la présidence du SPD en février 2004, le chancelier n’avait obtenu qu’un répit qui n’avait pas empêché un dernier échec électoral en Westphalie-Rhénanie du Nord en 2005. Il avait ensuite provoqué des élections anticipées que les sociaux-démocrates avaient perdues.

La bataille pour la succession d’Angela Merkel est officiellement ouverte. La chancelière l’avait admis à demi-mot dès la semaine dernière en laissant entendre qu’elle ne se mêlerait pas directement de ce choix. «Tous (les chanceliers) qui dans le passé ont voulu régler eux-mêmes leur succession ont échoué», avait-elle déclaré. «Je sens que cette phase (de quête d’un nouveau chef de la CDU) est pleine de possibilités, et c’est très bien car nous ne l’avions pas eue depuis 18 ans.» Trois noms reviennent pour l’instant comme candidats potentiels: Annegret Kramp-Karrenbauer, la secrétaire générale de la CDU, proche de Merkel, qui a fait connaître sa candidature ce lundi, Jens Spahn, leader de l’aile conservatrice, Armin Laschet, un poids lourd régional, ministre président de Westphalie-Rhénanie du Nord.

Les prochains mois s’annoncent houleux pour Angela Merkel. Le SPD, plongé dans une crise encore plus grave et menacé d’être dépassé au niveau national par les Verts et la droite radicale de l’AfD, réclame une nouvelle «feuille de route» au gouvernement qui conditionnera sa participation à la coalition. Des élections régionales en ex-Allemagne de l’Est à l’été 2019, en Saxe notamment, pourraient aussi virer au cauchemar pour les conservateurs: la progression de l’Alternative für Deutschland, créditée d’un quart des voix, pourrait rendre la région ingouvernable. L’horizon de la grande coalition se compte en mois.

Le Figaro

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