Éradication de la Mendicité : Fatoumata Diop, Miss Sciences demande des moyens pour les écoles coraniques

La mendicité des enfants est un sujet actuel. Pour Miss sciences, si, on veut éradiquer le phénomène, il faut moderniser les daaras et mettre tous les enfants au même pied d’égalité. Fatoumata Diop applaudit des deux mains la loi criminalisant le viol. EnQuête est allé à la rencontre de la pensionnaire du lycée d’excellence scientifique de Diourbel.

Elle a une démarche lente. Nonchalante, timide et pensive, ses traits se devinent à travers le voile qu’elle porte. Elle est d’une instruction coranique poussée. “J’avais mémorisé le coran, avant d’entrer à l’école française”, confie-telle. Interpellée sur son goût prononcé pour les Sciences, Miss Sciences 2019 répond : “Les Sciences, c’est un domaine qui m’a toujours passionnée, depuis le collège, et je pense que c’est par le biais de mon professeur de Mathématiques, en classe de 4ème. C’est lui qui nous a encouragés à investir les filières scientifiques. Je me rappelle, il nous disait : même si vous êtes malades, si, vous faites des exercices de maths, vous guérissez rapidement. C’est lui aussi qui m’avait conseillé de faire ce concours. J’étais bien durant le cycle. J’étais toujours classée première de mon établissement, j’étais bien dans les matières scientifiques comme littéraires. Bon nombre de mes profs me conseillaient de faire le concours d’entrée au lycée d’excellence de Diourbel et moi aussi j’aimais ce lycée, parce que j’avais vu les résultats qu’ils avaient fait au concours général et au concours miss Sciences de l’année 2017.”

S’exprimant sur son couronnement, Fatoumata Diop confie : “J’étais heureuse et soulagée aussi, parce que ce n’était pas facile de représenter toute une académie, mais le plus difficile, c’était de représenter un lycée scientifique. Ce n’était pas difficile, parce que je m’étais bien préparée. Mes professeurs m’avaient bien encadrée et j’avais confiance en moi aussi. Le seul problème qu’on avait, c’était par rapport au temps, parce que nous avions juste 1h30. Donc, il fallait être un peu rapide pour pouvoir tout terminer. Les épreuves, qu’on fait ici été mille fois plus difficiles que ce qu’on nous a donné. Nous étions 16 candidates.”

Imbue des valeurs coraniques, Fatoumata Diop affiche la modestie. “J’ai laissé ici des élèves que je peux même dire qu’elles sont meilleures que moi. C’est par chance que j’ai été désignée, mais pas parce que je suis la meilleure. C’était une lourde responsabilité et quand on m’a désignée, j’étais très contente et soulagée d’avoir relevé un défi.” Les idéaux de cette fille de 1,68m reflètent son âme profondément humaine.

“Les Daras ont besoin d’être soutenus, parce qu’ici au Sénégal, on investit beaucoup plus dans les écoles françaises que dans les écoles coraniques. Il faut mettre les écoles coraniques dans de très bonnes conditions. Je ne regrette pas d’avoir débuter mes humanités dans un daara, avant d’être inscrite à l’école française. Ma famille n’est pas très riche. Ma mère est enseignante coranique. Chez nous, il y a un daara chez nous. Même avant que je sois inscrite à l’école française, j’avais mémorisé le coran. Mes parents n’ont jamais été à l’école française.”
“Le viol, c’est quelque chose d’inhumain”Fatoumata Diop Miss Sciences au Sénégal

Cette orpheline de père, à la noirceur d’ébène, au physique sahélien, rêve de devenir médecin pour panser les maux de ses semblables ou bien enseignant pour inculquer la connaissance mathématique, sa discipline de prédilection. Elle a eu une moyenne semestrielle de 18,91 / 20 en Mathématiques et une moyenne de classe de 17,00/20. Hésitante, la native de Mboro, qui s’est toujours classée 1ère durant toute sa scolarité, rêve aussi de devenir pilote pour, dit-elle “conduire ma maman aux lieux saints de l’Islam.”

Et Fatoumata Diop d’ajouter : “Pour le moment, je ne suis pas encore décidée, mais je veux être médecin-professeur, c’est mon rêve, depuis toute petite, ou professeur de Mathématiques. Il y a d’autres domaines qui me plaisent. Mais, je veux aussi faire des recherches plus approfondies.”

Son couronnement de Miss Sciences atteste d’une tête bien faite pour une fille de son âge pétrie de religiosité. Sur ce point, elle plaide pour une meilleure prise en charge des daaras, si tenté est que les pouvoirs publics veulent éradiquer la mendicité. “On ne peut pas interdire la mendicité, sans mettre à la place des solutions alternatives. Donc, il faut réellement mettre en œuvre le projet de la modernisation des Daras. Ces enfants, dont les parents ont choisi pour eux ce type d’éducation, ont les mêmes droits que les autres qui sont à l’école française.

A défaut de les mettre au même pied d’égalité, il faut les soutenir, parce que les conditions dans lesquelles ils étudient sont très difficiles.” Elle cautionne la criminalisation du viol, fait révoltant et inhumain, à ses yeux, qui l’afflige profondément. Révoltée, elle est d’avis que “le viol, c’est quelque chose d’inhumain. Je suis d’accord pour qu’il soit criminalisé, parce que c’est un crime.”

 

 

            EnQuete

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