Entretien avec Bakary Biné Camara, responsable Apr à Waoundé : «Tout responsable politique de BBY qui ne défend pas le bilan du Président, je le considère comme son adversaire»

Responsable politique de l’APR à Waoundé, dans le département de Kanel, Bakary Biné Camara a bourlingué un peu partout.  Entre Fatick, Kaolack et son Fouta natal, il connait le Sénégal des profondeurs. Il a également vécu une quinzaine d’années en France. De retour au bercail depuis maintenant trois ans, ce Soninké mène depuis lors ses propres activités et s’investit aux côtés de Macky Sall pour le faire réélire afin de lui permettre de poursuivre ses actions. Membre actif du mouvement associatif dans son cursus estudiantin et plus tard devenu acteur du développement, Bakary Biné Camara est également un homme politique qui milite à l’APR. Et c’est dans la diaspora, précisément à Marseille (France) que le natif de Waoundé a commencé à faire la politique, aujourd’hui, il milite dans sa localité, plaide en faveur du candidat Macky Sall et ne cache pas ses ambitions pour briguer la mairie de sa ville jusque-là dirigée par son père.Entretien avec Bakary Biné Camara, responsable Apr à Waoundé

     ♦  Propos Recueillis par Djiby DEM

Après quinze ans d’émigration, qu’est-ce qui a motivé votre retour au pays ?

En partant en France, je m’étais fixé deux objectifs. L’un c’était la recherche du profit et l’autre celle de la connaissance. Et quinze ans après, je me suis dit que même si je n’ai pas gagné de l’argent, j’ai acquis de nouvelles connaissances. En France, j’ai eu une formation de juriste, de management urbain, celui des entreprises de génie civil. J’ai aussi acquis de l’expérience pour avoir été aux affaires pendant plus d’une décennie. Dans la ville de Marseille, je me suis pendant longtemps occupé du trafic urbain, les feux de signalisation, l’aménagement et l’éclairage public. C’était alors le moment que j’ai choisi pour revenir au pays et réinvestir mes acquis. Ainsi, en partenariat avec des Français, on a ouvert un cabinet au Sénégal pour accompagner l’Etat. En effet, je suis surtout motivé par cette politique mise en place par le chef de l’Etat consistant à encourager la diaspora à revenir investir au pays pour y travailler et faire travailler nos compatriotes. L’investissement pour moi, ce n’est pas seulement l’argent, mais le savoir-faire aussi. Tout compte fait, le Président Macky Sall m’a convaincu et depuis trois ans, je suis ici au pays, j’y travaille et je ne regrette rien. Aujourd’hui, force est de reconnaître que l’Europe a atteint un niveau de développement où ils sont plus dans la technique de la maintenance. Alors que chez nous, on est dans cette phase de création, d’innovation, d’adaptation et ce milieu, on a besoin de gens comme moi pour venir apporter leur contribution à l’émergence de notre Nation.

 

Vous vivez dans une zone enclavée à Waoundé, qu’est-ce que cela vous fait ?

C’est vrai qu’on peut faire le constat, mais la seule fausse note est qu’il faut reconnaître que nous avons accusé beaucoup de retard dans le développement des infrastructures. Mais des politiques sont en train d’être menées, j’en veux pour preuve les Programmes de l’Etat, tels que le Puma, le Promoville, le PUDC etc. Il y a moins d’un an, le Président a lancé les travaux de réhabilitation de la Route nationale2 Ndioum–Ourossogui–Bakel, il s’agit là d’efforts du Gouvernement. Mais toujours est-il que nous ne pouvons pas manquer de faire un rappel aux autorités pour la construction de la bretelle du dandé mayo pour désenclaver cette zone située au bord du fleuve, à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie Cette bretelle devra partir de Dembancané à Gassambérie et de Waoundé   jusqu’à Matam en passant par Odobéré. Dans cette contrée, il y a assez de terres que la SAED (Société d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta) est en train d’aménager. D’ailleurs, je suis convaincu qu’après sa réélection en 2019, le Président Macky Sall accèdera aux doléances des populations que nous sommes.

Comment appréciez-vous la politique de votre commune dirigée par votre papa ?

Il faut reconnaître que Waoundé comme la plupart des communes de Soninké ont plus profité de l’immigration que l’Etat. Bien avant l’érection de Waoundé en commune en 1996, nous avions déjà l’électricité, un poste de santé, la poste, on a construit des écoles. Le centre de santé de la commune est en construction grâce aux fils de la localité, le pont de Waoundé aussi par l’Etat et ses partenaires, notamment l’Afd. Nous n’avons pas attendu l’Etat pour participer de façon inclusive au développement de notre commune, même si pendant ce temps, le Gouvernement fait son devoir d’accompagner les citoyens.  Cependant, les communes ont atteint un niveau démographique élevé ce qui fait augmenter les besoins. Et, aujourd’hui, nous sommes dans la recherche de projets et programmes d’assainissement. Une délégation de la commune de Waoundé est allée en France dans la commune de Valence pour signer un partenariat dans le domaine de l’assainissement qui nécessite de grands œuvres, la voirie urbaine, des stations d’épuration. C’est vrai que c’est mon Père qui est le Maire, ce n’est pas moi, mais aujourd’hui, notre seul devoir est de les accompagner de par nos relations, notre savoir et savoir-faire pour les aider à bien mener les projets de la commune.

Avez-vous des ambitions pour la Mairie ?

Ma conviction est que quand on décide de faire la politique, c’est pour exercer le pouvoir. J’ai commencé à travailler pour ma commune avant même de m’engager dans la politique. J’ai dirigé l’association des ressortissants de France à Waoundé. Grâce à des partenaires, nous avons déjà eu à accompagner et soutenir la commune dans plusieurs domaines. Même l’hôpital de Ourossogui où se font les premières évacuations, nous leur avons offert des équipements. Depuis mon retour au Sénégal, avec Macky Sall et des relations que nous avons sur l’échiquier politique, on continue de mener des actions de développement en faveur des populations. Revenant à votre question, je voudrais préciser que ce n’est pas une fin en soi d’être maire de ville pour aider les populations, même si j’ai mes prétentions politiques. A l’heure où je vous parle, je ne peux pas définir ma position qui doit être guidée par la concertation qui doit aboutir à un consensus sur celui qui va porter la liste de la coalition Benno Bokk Yaakaar dans la commune de Waoundé.

On colle souvent à Matam, votre région l’étiquette de famine, malnutrition, qu’est-ce que cela vous fait ?

Parlez de famine dans la région de Matam, je n’y crois pas. C’est un terme très lourd. Je comprends qu’il y ait des familles qui sont dans des difficultés mais de la famine malgré l’apport des émigrés, les bourses offertes par l’Etat, cela je ne le crois. Personnellement, dans les villes et villages où je me suis rendu dans le cadre de mes activités politiques, je ne constate pas cela.

Pourtant, cet état de fait est constaté par des services compétents ?

Oui, je comprends, les difficultés financières ne peuvent pas manquer. Et celle-ci peuvent aboutir à des conséquences liées à la sécurité alimentaire. Mais le terme de la famine, je le récuse, selon ma compréhension et ma définition du concept.

Le bilan de Macky Sall n’est-il pas alors mitigé ?

Sept ans après son arrivée à la magistrature suprême, Macky Sall a fait plus que ses prédécesseurs dans les domaines des infrastructures, sociales, avec la couverture maladie Universelle… J’ai grandi dans le Saloum, je sais ce que cela veut dire un mois d’août dans le Saloum, en plein hivernage quand il n’y a pas de récoltes et que celles de l’année dernière sont épuisées. Ainsi, je comprends la valeur de vingt-cinq mille francs pour un paysan durant cette période. Dans le cadre de la formation professionnelle, moins de vingt mille étudiants formés en 2012, aujourd’hui, le gouvernement est à plus de quarante mille élèves et étudiants formés, y compris des jeunes qui n’étaient pas scolarisés. Nos relations sur le plan international ont permis à notre pays de devenir une grande diplomatie dans l’Afrique et à travers le monde. J’en veux d’ailleurs pour preuve, la dernière présidentielle gambienne, la présence de chefs d’Etat lors du congrès d’investiture de notre candidat et Président, Macky Sall… Je suis sûr que sa réélection est déjà assurée, là-dessus, je n’ai aucun doute, Macky Sall sera largement vainqueur devant ses adversaires et cela grâce à son bilan.

Ces hommes sanctionnés en 2012 et qui reviennent aux côtés de Macky Sall, cela ne fait-il pas peur ?

Il faut qu’on s’accorde  sur le terme transhumant. Je considère transhumant, celui qui a quitté un parti politique et qui va acheter une nouvelle carte dans une autre formation. Par contre celui qui vient avec son parti et rentrer dans la coalition Benno Bokk Yaakaar, il n’est pas un transhumant, mais il est convaincu au fil du temps et est venu pour accompagner, appuyer une politique dans laquelle il se retrouve. Dans la grande coalition de la mouvance présidentielle, on y retrouve des libéraux, des socialistes, des leaders de la gauche et tout ce qui les intéresse c’est le développement du Sénégal et l’héritage qu’ils vont laisser aux générations futures. Le Président de la République l’a d’ailleurs réitéré lors de la cérémonie de son Investiture le samedi 1er Décembre à Dakar Arena : « Nous sommes des Libéraux avec une bonne dose de Social », ce qui veut dire qu’il y a des partis politiques qui peuvent travailler ensemble, chacun défendant de ce fait son idéologie. Et, cela nous permet de nous ouvrir au monde. Cela ne me dérange pas que les gens viennent nous aider d’autant plus qu’on est en train de bien faire.

Il nous revient que le manque de promotion des cadres de l’Apr et le recyclage des anciens ont entrainé des frustrations de fidèles compagnons de Macky Sall ! Qu’en pensez-vous ?

En politique, les choses se font par et avec des calculs. Au Sénégal, nous sommes tous conscients qu’un parti politique seul ne peut pas gagner des élections. En 2012, Macky Sall est arrivé deuxième, derrière le PDS (au pouvoir), avec 25%, et au second tour, il a gagné avec environ 65,8%. Force est de constater que les autres partis ont alors joué un rôle important dans l’avènement de Macky Sall. D’ailleurs, lui-même (Macky Sall) avait bien dit, « on gagne ensemble et on gouverne ensemble ». Je me félicite qu’il y ait dans notre pays une coalition si forte qui a su durer et résister dans le temps. Ayant participé à l’avènement de Macky Sall au pouvoir, il est tout à fait normal qu’ils soient aux affaires avec lui. Qu’il y ait des camarades qui ne sont pas contents parce qu’ils n’ont pas bénéficié de décret de nomination, à chacun sa philosophie. Moi qui vous parle, je n’ai aucune nomination politique, je travaille dans le privé.

Mais, vous en voulez un ?

Comme je viens de le dire, cela va de soi. Quand le Président de la République qui est une Institution m’appelle et me donne une mission à conduire dans le cadre du développement de notre pays, je ne peux pas le refuser. C’est impossible, cela est aberrant.

On note souvent des querelles de positionnement au sein de l’APR, cela ne vous fait pas craindre ?

En politique comme dans une entreprise, ou encore dans la famille, il y a toujours des problèmes de positionnement. Maintenant, que des responsables se croient plus méritants que d’autres, cela peut se poser, mais dans le respect. Le choc des ambitions est également inévitable, mais objectivement, la seule chose qui vaille aujourd’hui, c’est la réélection du Président Macky Sall, dès le premier tour. Et pour cela, nous devons expliquer et défendre son bilan. Pour moi, tout responsable qui ne s’inscrit pas sur cette ligne, je le considérerais comme un adversaire de Macky Sall. Sur ce plan, je suis très clair car je suis un « bay fall » de Macky Sall. Je ne suis pas à l’APR pour un problème de poste. Si tel était le cas, j’aurais déjà quitté ou je serais resté en France pour travailler. Pour l’heure, tous les soutiens du candidat Macky Sall doivent réunir leur force et travailler pour sa réélection au Premier Tour. Toute autre activité qui n’est pas de cette nature, moi, je considère celle-ci comme contre le Président Macky Sall.

Macky Sall a-t-il la chance de gagner dès le premier tour ?

Personnellement, je ne pense pas que ceux qui sont dans l’opposition aient les arguments ou des contre-propositions sur le programme que le Président Macky Sall déroule.

Et le livre de Sonko Solution, vous le brûlez ?

Le livre de Sonko c’est plutôt un livre de dénigrement, d’un auteur révolutionnaire qui appelle au patriotisme, mais il n’est pas plus patriotique que Bakary Biné Camara. Les leaders de l’opposition ne doivent pas tromper les sénégalais. « Dire que moi quand j’arriverais au pouvoir, je vais casser tous les contrats pétroliers… », Je trouve cela utopique car un contrat signé en bonne et due forme par un Etat ne se casse pas aussi facilement comme ils le prétendent. Car, il y a des procédures à suivre, des indemnisations à payer. Macky Sall qui œuvre le jour comme de nuit pour le bien des Sénégalais, personne n’est plus patriotes que lui et il connait mieux que quiconque les intérêts à prévaloir pour l’émergence de notre pays.

Bientôt l’ouverture de la campagne présidentielle, alors elle se prépare ?

Oui, on se prépare bien. Personnellement, je retourne dans ma localité, dans le Fouta, dans le département de Kanel pour parler aux Populations et les inviter à voter utile, qui n’est rien d’autre que voter Macky Sall. Et si nécessaire, je partirai aussi dans le Saloum (Kaolack, Paos Koto) que je connais bien et où j’ai quasiment fait mon enfance. La campagne sera très simple pour nous car il s’agira de faire le bilan et de donner les projections du Président Macky Sall pour son second mandat. On est conscient que le bilan est positif et que les sénégalais l’ont apprécié dans leur large majorité et que la réélection du président Macky Sall se fera sans grande difficulté.

 

 

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