ENTRETIEN avec Amadou Guelongal Barro : « J’ai pris la décision de ne pas voter APR »

Amadou Barro plus connu sous le nom de Guelongal Barro, militant des premières heures de l’Alliance Pour la République (APR) dans le département de Matam et plus précisément des Agnams a décidé de sanctionner son parti. Dans cet entretien accordé à votre portail laviesenegalaise.com, le jeune leader du Mouvement Patriotique pour la Renaissance du Bosséa sans langue de bois dénonce avec la dernière énergie le manque d’organisation du parti de Macky Sall, « manager par des responsables politiques qui n’ont pas le sens de l’échange et de la concertation ». « J’ai pris la décision de ne pas voter APR », a-t-il confié en exclusivité à laviesenegalaise.com. Les raisons, à lire entre les lignes de cet entretien.Amadou Guelongal Barro, Interview


Propos recueillis par Boubacar BOUARE – laviesenegalaise.com


  • Que peut-on savoir sur vous ?

Moi je suis Amadou Barro plus connu sous le nom de Guelongal Barro, je suis un militant des premières heures de l’APR dans le département de Matam et plus précisément des Agnams. Nous militons pour ce parti depuis sa création en 2008, car nous avons décidé de nous engager auprès de Macky Sall pour sa vision, son rapprochement avec les populations et surtout la jeunesse, c’est pour cela que nous n’avons pas hésité une seule seconde à nous sacrifier « nos études, notre énergie, et notre temps » pour soutenir l’APR.

  • Des rumeurs font état aujourd’hui de votre divorce d’avec l’APR, qu’en est-il exactement ?

Comme j’ai eu à le dire tout à l’heure je suis un fervent militant de ce parti, pour lequel je me suis sacrifier corps et âme et avec le grand amour surtout pour le président Macky Sall pour qui j’ai beaucoup d’estime, de considération et de respect. Mais, puisqu’il faut appeler le chat par son nom, depuis son accession au pouvoir en 2012, il y a des gens autour de lui qui ne veulent pas qu’il soit en contact avec nous les jeunes. Et pourtant nous avons tout fait pour le parti, et depuis 2012 jusqu’à maintenant nous continuons à nous sacrifier pour le parti sans attendre ni bénéficier de quoi que ce soit du parti. Mais toujours est-il que nous méritons au moins un peu de respect et de considération en nous concertant ou en nous associant aussi peu que soit-il aux activités du parti. En effet j’ai eu à travailler avec M Farba N’GOM, on a d’ailleurs fait beaucoup de chose ensemble. Mais à un moment donné je me suis dit que si l’on continue à nous écarter, à nous ignorer et à nous utiliser comme un troupeau électoral on s’est dit que c’est sûr que les responsables du parti dans le département de Matam qui n’ont pas transmis le message comme il se doit car si vous constatez on a rien fait à Matam, même le bureau de la Convergence des Jeunesse Républicaines (COJER) manque de coordinateur en ce moment, Matam se sent orpheline aujourd’hui. Moi je suis quelqu’un de très proche de la jeunesse et comme le disait mon idole Thomas Sankara « je préfère faire un pas avec le peuple que cent pas sans le peuple » convaincu de cette idée qui est plus que vrai, j’ai décidé de lancer un mouvement qui va regrouper toute la jeunesse de Matam et plus précisément celle de Bosséa « Mouvement Patriotique pour la Renaissance du Bosséa » on a mené des activités (meetings, conférences, et autres activités culturelles) et tout a été médiatisé et le président lui-même doit être au courant de tout ça car il sait pertinemment qu’il y a deux tendances à Matam et particulièrement à Bosséa. Et pour rappel lors de sa visite économique au mois de mars dernier, j’ai mobilisé tous les jeunes de la localité pour lui réserver un accueil chaleureux et digne de ce nom car c’est notre président et nous  l’aimons bien. Et malgré des menaces qui nous ont été proférée par certains responsables politiques de la zone pour boycotter cette visite, nous avons dit pas questions. Nous nous sommes engagés tant bien que mal même si on allait y laisser notre vie, on allait l’accueillir avec tous les honneurs qu’il mérite, car il s’agit du président du Sénégal, notre président. Et Dieu merci on l’a fait et on l’a réussi. Après tout cela, on a fait des meetings à Dial, à Kobila et dans bien d’autres villes et villages avec nos hommes clés comme les El Hadj Timbo, Sam Farba Diew, Sileymane Barka Ba. On a donc fait appel au président de l’APR pour lui dire qu’il y a vraiment deux tendances qui sont à Matam. Il y a d’autres qui sont avec Farba et d’autres ne le sont pas, car ce même Farba a dit que « Si tu n’es pas avec lui ce n’est pas la peine que tu sois dans l’APR »  Et nous, on soutient que le seul président de l’APR reste et restera le Président de la République Macky Sall et personne d’autre ne se glorifiera de cet honneur. Nous sommes de l’APR, et en tant que base nous voudrions être impliqués, concerté pour les investitures même si nous ne sommes pas investis, car c’est le peuple qui choisira ses députés mais notre avis devrait au moins être pris en compte.  Les investitures ont été faites sans que nous ne soyons concertés et de plus on a fait des candidats comme la tête de liste qui sont des militants de la 34e heure (dernières heures), c’est des gens qui étaient dans le PADEM je vous dis Mamadou Mory Diaw, Coumba Hamidou Deme, elle (Coumba Hamidou Deme) est novice sur la scène politique. Pour ce qui est de Farba Ngom c’est quelqu’un qui a beaucoup fait pour le parti il le mérite bien parce que c’est la vérité, mais il n y a pas eu de concertation. Et après la sortie des listes on a vu que le président a reçu beaucoup de département et toutes les tendances comme Kanel, Saint-Louis, Dakar… et Matam a été laissée à elle-même, personne n’en parle. Cette fois-ci on ne va attaquer personne ni Farba, ni Khalilou Wagué encore moins Abdoulaye Sally Sall ou qui que ce soit. Nous concluons tout simplement que c’est le Président de la République qui n’a plus besoin de nous. Ceci étant, moi j’ai parlé à mes camarades, je les ai fait comprendre que désormais chacun d’entre nous est libre et responsable. Pour ce qui est du Mouvement pour la Renaissance du Bosséa, nous avons attendu jusqu’à l’ouverture des campagnes (ce qui est déjà fait) mais en vain car personne ne nous à contacter, on nous a carrément ignoré comme si l’on n’existait pas. Et donc, j’ai pris la décision de ne pas voter APR, je suis du parti et j’aime bien ce parti mais nous battrons campagne contre l’APR cette fois-ci pour que le président sache qu’il est en train de perdre ses militants ici. Avant d’aller chercher d’autres parti pour rejoindre l’APR pourquoi ne pas s’appuyer sur les gars du parti et de surcroît les militants des premières heures, logiquement ils vont se sentir frustrer. Le PR a décidé de nous abandonner, pas de souci, nous aussi nous préférons en tout cas en faire autrement et dans quelques jours tout le monde saura où nous en sommes et les résultats nous dirons plus (particulièrement à Agnam).

  • Avec tout ce que vous avancez, êtes vous entrain de dire que BBY n’a pas de chance à Matam ?

Pour être franc avec vous, les chances de l’APR avec sa coalition BBY sont très minces pour ne pas dire inexistantes. Car nous on a la chance de parler ouvertement pour exprimer notre désolation, mais il y a plusieurs parmi les responsables politiques qui ne se fatigueront pas à aller voter APR car au finish ce sont d’autres personnes récompensées et vous, on vous rangera dans les oubliettes. La population de Matam et surtout les jeunes sont frustrés et déçus, qu’on n’oublie pas nous sommes avec des descendants de Thierno Souleymane Ball ou encore de Cheikh Oumaroul Foutiyyou Tall qui sont des gens dignes, et tout le monde le sait « la dignité, personne ne peut vous la donner, mais aussi personne n’a le droit de vous la prendre ». Il y a des responsables politiques qui ont payés des gens (50 000f/P) pour qu’ils battent campagnes pour eux, mais le vote c’est par conviction et par devoir. Ceux qui donnent de l’argent aujourd’hui, s’ils avaient bien travaillé, ils auraient un bon bilan et cela suffirait pour que les gens votent pour eux.

  • Mais au juste qu’est-ce que vous reprochez au Président Macky Sall ?

Je dirais que le président Macky Sall a un peu changé, parce que normalement vos militants des premières heures et qui ont tout fait pour le parti soient ignorés, même si quelque part ce sont aussi les responsables locaux qui sont à la base de ces situations. Mais quel que soit, à un certain moment il devrait au moins discuter avec nous qui sommes sur le terrain, mais sans cela nous on se dit que c’est lui qui a choisi clairement l’autre tendance. Jusqu’à preuve du contraire nous avons beaucoup d’estime pour le président et nous l’apprécions mais l’on ne comprend pas comment l’APR fonctionne. L’APR est un parti, pas un mouvement il faut que les choses soient faites dans les méthodes de l’art. Il faut se concerter avec les gens, mais ici l’APR se résume à un groupe de personne qui font ce qu’ils veulent et si tu n’es pas d’accord avec eux tu es foutu.

  • Etes-vous toujours dans l’APR ?

Je n’ai pas quitté l’APR mais si l’on me sanctionne je vais quitter c’est clair, mais en réalité je ne suis pas du tout content de la manière dont l’APR travaille, on ne nous a pas concerté et même après les investitures il y a eu beaucoup de rencontre à l’hôtel des députés, au King Fahd Palace… mais personne ne nous a appelé. Certes je n’ai pas quitté l’APR mais sur ces législatives nous ne battrons pas campagnes pour l’APR.

  • Qu’est-ce que vous attendez du Président ?

Si le président nous fait appel, on a le devoir de le répondre pour parler avec lui et peut être avoir un terrain d’entente c’est possible. Nous, ce qu’on lui reproche c’est cette anarchie de l’APR à Matam. Nous ne comprenons pas comment les gens qui se sacrifient, qui se battent nuit et jour qu’on ne cautionne même pas leurs noms. Le président de la République, ce qu’on lui conseille avec tout le respect que j’ai pour lui c’est de revoir son travail, de parler avec les militants des premières heures qui ont investi leurs moyens financiers et énergiques pour le placer à la magistrature suprême. Et ces jeunes qui se sont sacrifiés, on les a complément mis à l’écart, on les ignore, ils ne sont même pas sur les listes, à Matam (Département), il n y a aucun jeune sur la liste, et aucun jeune n’a voyagé avec le président pour les voyages de découverte. Et pourtant les jeunes sont là, en plus c’est le département de Matam seulement qui n’a pas de coordinateur pour diriger la COJER, ça c’est un problème sérieux ! Et pourquoi ils ne veulent pas nommer des gens là-bas, c’est parce qu’ils ont peur de responsabiliser les jeunes. Il n’y a pas de promotion des jeunes, il n’y a pas de direction tout tourne autour de Farba seul et qui gère tout ! On n’a rien contre lui, nous aussi on veut jouer notre rôle et soutenir le parti mais pas n’importe comment. Vraiment on fait appel au président, au directoire du parti de parler avec les militants, de se rapprocher plus de la base car en politique tout le monde est important, il faut rassembler tout le monde pour qu’il y ait un deuxième mandat. Nous, on voit le danger qui guette le parti du Président, on veut seulement l’avertir mais si on ne nous écoute pas nous aussi nous sommes des hommes, on prendra notre décision à nous.

  • En choisissant ce moment pour solliciter un entretien, on croirait que vous voulez semer la zizanie au sein de l’APR à Matam ?

C’est certainement ce qu’ils voulaient peut-être les responsables du parti qui sont à Matam. C’est-à-dire nous mettre à mal avec le président, de faire tout pour nous faire quitter le parti pour qu’ils aient le champ libre. Mais la politique aussi c’est ça ; le président de la république il a fait cinq ans à l’opposition et il a fini par accéder au pouvoir et Wade en a fait vingt et six ans, donc nous aussi si on quitte peut-être qu’un jour on reviendra plus requinquer et encore plus fort car on sait qu’on pèse lourd puisque la population et surtout les jeunes sont avec nous. On ne demande pas de poste de responsabilité mais qu’on respecte la population de Matam, les marabouts, les autorités du fouta qu’on les respecte un peu.

  • Certaines informations font états que êtes investi sur la liste de la coalition Osez l’Avenir de Me Aïssata Tall SALL, qu’en est-il ?

Je ne suis pas investi dans la coalition Osez l’Avenir, les listes sont là on peut vérifier, mon nom ne figure sur aucune liste.  J’avais pris la décision d’aller la soutenir mais au dernier moment j’ai toujours attendu  l’APR et ils ne sont jamais venus.

  • Voter contre l’APR, est-ce une décision personnelle ou pour vous venger ?

Non pas du tout, il s’agit d’une décision générale que nous avons pris mes camarades et moi, on s’est engagé à le faire et on a commencé à battre campagne ce samedi 9 juillet et on va gagner incha’allah. Nous sommes également en concertation et dans deux ou trois jours nous allons faire une conférence à l’issue de laquelle vous saurez pour qui nous allons voter. Ce qui est sûr est que nous allons « voter contre l’APR ».

  • Un dernier mot à l’endroit des électeurs ?

J’appelle les populations à la vigilance, que l’on sache qu’on est dans un Sénégal de paix et de culture et où règne la cohésion sociale. Nous avons tous l’amour de ce pays, quel que soit la situation qu’on ne cède pas à la violence et surtout à l’achat des consciences en échanges de votre voix qui compte énormément pour l’avenir de ce pays. Que chaque parti et coalition défende ses idées, ses projets et le peuple va choisir ses porte-voix. Que tout un chacun aille récupérer sa carte biométrique pour s’acquitter de son devoir civique le 30 juillet prochain.

        TB BOUARE – laviesenegalaise.com


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