En route vers la COP27 : l’Afrique au cœur du débat global sur le climat

Le Pré-Rapport “En route vers la COP27 : l’Afrique au cœur du débat global sur le climat”, met en exergue la nécessité de prendre en compte les enjeux spécifiques du continent africain dans le débat global sur le changement climatique.

Six mois avant le lancement de la COP27 à Sharm-El-Sheik (Égypte) et immédiatement après la COP15 de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, organisée à Abidjan (Côte d’Ivoire), et le Forum Sustainable Energy for All organisé à Kigali (Rwanda) le Pré- Rapport ‘En route vers la COP27 : l’Afrique au cœur du débat global sur le climat’ fournit une analyse approfondie des défis posés et des opportunités offertes au continent par la crise climatique mondiale.

Pour Mo Ibrahim, président-fondateur de la fondation Mo Ibrahim : « Continent le moins industrialisé du monde, l’Afrique est la moins responsable du désordre climatique mondial. Elle subit pourtant une « double peine » : déjà lourdement impacté par les effets du changement climatique qui accroit sa vulnérabilité, le continent risque de voir contrarier sa trajectoire vers le développement, faute d’accès à l’énergie pour tous. À l’approche de la COP27, organisée sur le continent, il est indispensable que la position unique de l’Afrique soit convenablement prise en considération. Ne pas le faire ne risque pas seulement de limiter l’efficacité de la lutte contre le changement climatique ; c’est aussi alimenter les menaces contre le développement et la sécurité globale. »

A partir des analyses et données les plus récentes, le Pré-Rapport ‘En route vers la COP27 : l’Afrique au cœur du débat global sur le climat’ détaille tout d’abord les multiples effets de la crise climatique en Afrique et décrit leur interaction avec les nombreux défis préexistants : pauvreté, insécurité alimentaire, instabilité politique, déplacements de population. Ses conclusions soulignent la nécessité pour les solutions climatiques mondiales de mieux tenir compte des vulnérabilités propres à l’Afrique, ne serait-ce que pour éviter l’échec des Objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063.

Le rapport aborde ensuite la question majeure de l’équilibre à trouver entre protection du climat et accès à l’énergie pour t, s’agissant d’un continent ou la moitié de la population survit sans électricité. Au-delà des défis qui restent à relever pour tirer pleinement parti des sources d’énergie renouvelable en Afrique, le rapport souligne la nécessité de sortir du modèle standard adopté lors de la COP26, impliquant de renoncer au gaz comme combustible de transition dans les économies en développement.

Enfin, le patrimoine naturel et minier conséquent du continent en font un acteur majeur du développement d’une économie mondiale décarbonée et durable. Ceci suppose néanmoins de conjurer la « malédiction des ressources naturelles ». Pour réellement et efficacement mobiliser ce potentiel, pour le meilleur intérêt de la planète amis aussi des populations africaines, il conviendra de définir les voies et moyens de mobiliser les ressources humaines et financières adéquates et de garantir une gouvernance solide des ressources.

Parmi les points soulignés par le Rapport :

• Depuis 1960, l’Afrique présente le taux d’émissions carbone par habitant le plus faible parmi les régions du monde, ce qui en fait le continent le moins responsable du changement climatique.

• En 2020, le taux d’émission carbone par habitant en Afrique est dix fois inférieur au taux enregistré en Amérique du Nord.

• Pourtant, l’Afrique est déjà gravement touchée par les effets du changement climatique.

• Entre 2010 et 2022, plus de 172 millions de ses habitants ont souffert de la sécheresse et au moins 43 millions ont été touchés par des inondations.

• Les dix pays du monde les plus vulnérables au changement climatique se situent en Afrique.

• Ces pays hébergent plus de 20 % de la population du continent.

• L’Afrique était déjà confrontée à des défis en matière de développement qui réduisent sa capacité de résistance et en font le continent le plus exposé au changement climatique, dont les effets sont ainsi exacerbés.

• En Afrique subsaharienne, la crise climatique pourrait faire sombrer 39,7 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté d’ici 2030, soit bien plus que dans toute autre région du monde.

• 78 millions de personnes supplémentaires risquent de basculer dans une famine chronique d’ici 2050 du fait du changement climatique, dont la moitié en Afrique subsaharienne.

• Si rien n’est fait pour lutter contre le changement climatique, l’Afrique subsaharienne risque de voir migrer et se déplacer jusqu’à 85,7 millions de personnes, soit 4,2 % de la population du continent.

• Sur le continent africain, plus de 600 millions d’habitants sont privés d’électricité et plus de 930 millions n’ont pas accès à des combustibles de cuisson propres, ce qui en fait le continent avec le plus faible accès énergétique.

• Estimées à près de 455 200 milliards de m3 en 2020, les réserves de gaz naturel du continent africain pourraient largement satisfaire sa demande croissante en énergie.

• Dix-huit États africains produisent déjà du gaz.

• La distribution du gaz demeure une difficulté majeure.

• Dans la moitié des pays producteurs de gaz, le gaz représente moins de 10 % de l’approvisionnement total en énergie

• Les énergies renouvelables constituent déjà la première source d’électricité dans 22 États africains, mais l’accès à l’électricité y demeure limité.

• Lors de la COP26, 39 États et institutions de développement se sont engagés à arrêter le financement des combustibles fossiles à l’étranger, y compris du gaz.

• L’Afrique abrite un quart des espèces de mammifères, un cinquième des espèces d’oiseaux et au moins un sixième des espèces de plantes de la planète.

• L’Afrique détient 30 % des réserves minérales du monde, dont beaucoup indispensables à l’élaboration des technologies vertes et à bas carbone, notamment les mécanismes de stockage de l’énergie et les panneaux solaires.

• La RDC est le premier producteur mondial de cobalt, composant clé des batteries et des voitures électriques, et près de la moitié des réserves mondiales connues sont situées en Afrique.

• On estime à 10 000 milliards de dollars le montant de capitaux ESG à la recherche d’un retour sur investissement, tandis que lors de la COP26, les institutions financières mondiales se sont engagées à constituer des portefeuilles à hauteur de 130 000 milliards de dollars pour atteindre zéro émission.

• Les pays africains les plus vulnérables au changement climatique affichent également une gouvernance défaillante.

La pré- Rapport ‘En route vers la COP27 : l’Afrique au cœur du débat global sur le climat’ servira de base aux discussions du Forum Ibrahim de la Gouvernance 2022, qui se tiendra en ligne du mercredi 25 au vendredi 27 mai, sur la plateforme mif.live. Le Rapport définitif du Forum Ibrahim 2022 sera publié à la suite des débats et inclura afin que les principales conclusions et recommandations issues du Forum.

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