Diourbel peine à prendre son envol

Diourbel, une des plus vieilles communes du Sénégal, peine à prendre son envol. Rien, absolument rien ne permet aux voyageurs qui passent de se rendre compte que la bourgade est le chef-lieu d’une région.

Aucune infrastructure de taille. Établie sur un espace de plus de 4 500 km2 et peuplée de plus de 1 million 500 mille âmes, Diourbel n’est pas mieux lotie qu’une commune rurale, même si nombre de ses enfants se meuvent dans les plus hautes sphères de l’Etat. Comme si une malédiction s’était abattue sur cette ville pour chasser tous ses enfants dotés d’une certaine réussite ou de notoriété.

Une vision que semble partager Me Mamadou Thiam, avocat au Tribunal départemental de Diourbel et natif de la région. «Je me rappelle, étant étudiant, nous débattions sur le sous-développement de la commune de Diourbel au cours de nos rencontres amicales. De bonnes intentions se dégageaient. Mais après, rien n’en est sorti.»

Ce qui explique peut-être le cri du cœur du lead-vocal du groupe de rap Express dans un titre intitulé Etat d’urgence : «C’est comme si nous n’étions pas partie de ce pays. C’est comme si le système a décidé de nous écarter. Les jeunes ne se soucient plus de l’établissement. Tenaillés, ils souffrent à cause du manque d’emploi. Pas d’infrastructures encore moins de lieux de travail. Les ancêtres, s’ils revenaient, n’auraient pas de peine pour retrouver le chemin de leurs demeures. Rien n’a changé, toujours le même décor.»

Force est de noter que Diourbel donne la nette impression d’une ville où on se soucie plus des morts que des vivants, comme en attestent les travaux de réhabilitation du cimetière de «Sessène» alors que les gens se meuvent dans la précarité la plus absolue. Ce qui amène certains à penser que les fils de Ndiarème ne veulent tout simplement pas voir leur Diourbel natale se développer puisqu’ils construisent de superbes maisons et fondent des foyers dans d’autres régions du Sénégal.

D’autres par contre déclarent qu’il est impossible que Diourbel prenne son envol du fait qu’elle avait abrité la résidence surveillée où était interné le fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul. Parmi ceux-là, ce talibé mouride qui préfère garder l’anonymat. «Cheikh Ahmadou Bamba a été installé de force dans une résidence surveillée en 1912 par les Blancs au niveau de la région de Diourbel, non loin du quartier Keur Gou mag, une des premières localités de la commune créée par le fondateur de la confrérie mouride.»

Depuis l’indépendance du Sénégal, Diourbel n’a enregistré aucun investissement à même de générer des emplois pour les jeunes. Et pourtant, Ndiarème se situe au cœur du bassin arachidier. Ce qui fait dire à El Hadji Ndiaye, initiateur de la célébration annuelle de la venue de Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul à Diourbel, que : «Personne ne veut rester dans cette localité. La ville de Diourbel n’avait que la Seib. Et aujourd’hui, les autorités l’on tuée et il ne lui reste que le marché et la gare routière. Toutes situations qui freinent le développement de cette cité que l’on surnomme, à juste titre, le parent pauvre des chefs-lieux régionaux du Sénégal.» Le président du regroupement des chauffeurs ne dira pas le contraire. Serigne Sall soutient que ce sont les Diourbellois qui freinent son développement. Aussi, tient-il à préciser que si tous les secteurs faisaient comme celui du transport, le sous-développement notoire de ladite commune ne serait aujourd’hui qu’un mauvais souvenir. «Une trentaine de bus Tata assurent le trafic interurbain et la construction de 15 kilomètres de routes est déjà en cours», a-t-il signalé.

Pour lui, il n’y a que l’amélioration du commerce et du transport qui peut assurer le développement de Ndiarème. M. Sall regrette que l’Etat tarde à démarrer les travaux de réhabilitation du marché Ndoumbé Diop. Toutefois, il a invité les cadres diourbellois à investir dans leur localité afin de lui donner un nouveau souffle.

          Oumy LY – Le Quotidien

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