Déficit de formation, accès à l’eau : Les contraintes du maraîchage dans le Bassin arachidier

Malgré son fort potentiel agricole, le Bassin arachidier peine à être performant dans le secteur horticole. Des experts ont présenté, hier, un diagnostic des différents obstacles. C’était à la Direction générale de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra).

D’après une étude sur la durabilité des périmètres horticoles collectifs du Bassin arachidier réalisée dans le cadre du projet d’Appui au Programme national d’investissement dans l’agriculture au Sénégal (Papsen), plusieurs facteurs freinent l’efficacité de ces zones horticoles. Les recherches, basées sur la méthode « Indicateurs de durabilité des exploitations agricoles collectives » (Idea), révèlent un certain nombre d’obstacles qui ne militent pas pour une horticulture performante dans la zone. Par exemple, pour l’organisation de l’espace dans cette zone caractérisée par des ressources en eaux limitées et des températures élevées, il a été noté que, malgré une bonne présence de la rotation et de l’association, l’absence de jachère handicape fortement la reconstitution des sols. De plus, souligne l’étude, la faible dimension des parcelles ne permet pas une production suffisante. C’est pourquoi il est suggéré « le remembrement des parcelles au niveau des périmètres en mutualisant les parcelles de plusieurs individus pour garantir une meilleure productivité ». Autre facteur qui entrave la durabilité des périmètres maraichers collectifs du Bassin arachidier, c’est le manque de formation des acteurs. L’étude souligne que la faible technicité des producteurs favorise une utilisation inefficiente de l’eau et un recours excessif aux pesticides. C’est pourquoi elle préconise une meilleure formation des acteurs.

« Il faut également mettre l’accent sur les aménagements anti-érosifs pour une meilleure prise en compte de l’érosion hydrique et éolienne », plaident les experts. Dans le même sillage, il est recommandé de mettre l’accent sur la formation et la sensibilisation par rapport à l’importance de la gestion des déchets non organiques et de leurs impacts négatifs sur l’environnement, mais aussi sur la valorisation du patrimoine bâti pour faciliter la conservation et la mise en marché de la production. Par ailleurs, pour améliorer la durabilité, l’étude recommande de faciliter l’accès aux semences de qualité en quantité suffisante, en développant la production locale ou en facilitant l’installation des fournisseurs à proximité des périmètres. Un appui qui devra s’accompagner d’une sensibilisation autour de l’impact de l’utilisation des produits chimiques sur la santé et de l’utilité des équipements de protection individuelle et collective.

Accompagnement financier et organisationnel

Autre aspect important relevé par l’étude, c’est le besoin d’accompagnement financier. « Pour une meilleure gestion financière et économique de leurs périmètres et afin de leur permettre d’avoir une autonomie financière, une efficience du processus productif, une viabilité économique et une transmissibilité du patrimoine aux générations futures, il est recommandé de les accompagner dans l’aspect financier. « Les scores élevés de l’indicateur sensibilité aux aides et aux quotas de la composante indépendance montrent combien les périmètres ont besoin d’une assistance financière et économique pour relever le défi de leur rentabilité », précise l’étude.

 

Le secteur « horticole » porte l’agriculture  
S’il est vital de renforcer les performances de l’horticulture, c’est parce que, selon Ahmed Tidiane Fall, coordonnateur national du Papsen, grâce aux nombreuses initiatives de l’État du Sénégal, le secteur est presque à même de contribuer à l’équilibre de la balance commerciale. D’après lui, la production en fruits et légumes est passée de 905 000 tonnes en 2012 à 1 624 000 tonnes en 2019, alors que les exportations sont passées de 56 000 tonnes sur la même période, pour une valeur estimée à 77 milliards de FCfa. « Si on en juge par les performances réalisées ces dernières années, on peut dire que le sous-secteur horticole est la locomotive de cette agriculture », a-t-il déclaré.

 

Oumar FÉDIOR

Source Le Soleil
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