Déclaration de politique générale : Ces questions qui attendent le Premier Ministre Dionne

Face aux députés demain, dans le cadre de sa deuxième déclaration de politique générale, le Premier ministre Mahammed Boun Abdalah Dionne est attendu sur plusieurs questions, notamment sur la dette jugée trop élevée du Sénégal, le terrorisme, la situation des migrants d’Afrique subsaharienne en Libye, le débat sur le franc CFA et les dossiers Khalifa Sall et Cheikh Tidiane Gadio, entre autres questions brûlantes de l’heure.

C’ est demain mardi 5 décembre 2017 que le Premier ministre devra prononcer, pour la deuxième fois à l’Assemblée nationale, sa déclaration de politique générale (Dpg). Reconduit à la tête du gouvernement le 6 septembre dernier, 24h seulement après sa démission, Mahammed Boun Abdallah Dionne est attendu sur plusieurs questions d’actualité notamment sur la dette du Sénégal.

Jusqu’ici, l’opposition sénégalaise ne cesse d’accuser les tenants du pouvoir d’avoir trop endetté le pays inutilement. Selon l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade qui a d’ailleurs soulevé le débat lors d’une visite effectuée à Touba à quelques jours du grand Magal, la dette du Sénégal a atteint des proportions inquiétantes.

Le Pape du Sopi qui est d’avis que “le Sénégal figure désormais dans le lot des pays qui se sont outrancièrement endettés, en dépassant les seuils tolérés’’, a même prédit une “crise économique profonde’’ difficile à juguler, si le gouvernement n’y prend garde. “Le pays a beaucoup régressé depuis que je suis parti. Le taux d’endettement actuel du Sénégal est de 65%, alors que la marge limite à ne pas dépasser est de 17%.

La situation de la dette du Sénégal est grave. Les dégâts sont énormes. Actuellement, le ministre de l’Economie et des Finances ne dort plus tranquillement. Il a même des difficultés pour payer les salaires des fonctionnaires. Celui qui n’est pas d’accord n’a qu’à me contredire et apporter des preuves contraires’’, a déclaré l’ex-président de la République.

Cette déclaration a suscité un débat qui ne s’est pas estompé jusqu’ici. Récemment, lors du vote du budget du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, les députés de l’opposition sont largement revenus sur la question, en regrettant que “la seule vision du Président Macky Sall soit de s’endetter’’.

A côté de la dette du Sénégal, il y a également le débat sur le franc CFA qui défraie la chronique. Des activistes réclament depuis quelque temps un décrochage du franc CFA de l’Euro et une monnaie unique africaine. Une question qui, il faut le relever, divise certains pays africains dont les avis sont d’ailleurs partagés.

  • Terrorisme

Le Premier ministre est également attendu sur la question du terrorisme. Dans un contexte mondial et sous régional lourd de menaces, avec une vague d’attentats terroristes qui rendent l’Afrique subsaharienne instable, le Sénégal n’est pas à l’abri d’une frappe. Dernièrement, le président de la République a alerté sur les situations en Syrie et en Lybie.

Il craint que les combattants de l’Etat islamique chassés de la Syrie où ils ont essuyé de nombreux revers ne se replient en Lybie qui est très instable, depuis la chute de Kadhafi. Déjà, le 19 octobre dernier, une note de l’ambassade des Etats-Unis au Sénégal avait fini par installer la peur chez les citoyens sénégalais.

La note recommande, au moins jusqu’en décembre, la plus grande prudence aux ressortissants américains vivant au Sénégal, lorsqu’ils sont dans des établissements et séjournent dans des hôtels fréquentés par les occidentaux, en raison d’une menace crédible liée à une activité terroriste potentielle à Dakar.

En février 2017 dernier, deux présumés djihadistes maliens ont été arrêtés à Dakar par la Division des investigations criminelles. Parmi ces derniers, l’un a été formellement identifié comme le contact du planificateur des attentats de Grand Bassam.

Une station balnéaire de la Côte d’Ivoire attaquée en mars 2016 par des terroristes qui ont ôté la vie à 19 personnes. Au-delà de la menace terroriste, la question sur laquelle le Premier ministre est le plus attendu, c’est sur la situation des migrants d’Afrique subsaharienne en terre libyenne.

Récemment, une vidéo de la chaîne de télévision CNN montrant des migrants qui sont vendus aux enchères en Libye a ému le monde entier et provoqué la colère des gouvernements des pays d’Afrique subsaharienne. Pour sa part, le gouvernement du Sénégal a aussitôt sorti un communiqué pour s’indigner face à une telle situation. “Le gouvernement de la République du Sénégal dénonce avec vigueur et condamne de la manière la plus ferme ce trafic d’êtres humains qui constitue une grave offense à la conscience de l’humanité’’, dénonce une note de l’Etat du Sénégal qui engage les autorités libyennes compétentes, ainsi que l’Union Africaine et l’Organisation des Nations unies, à diligenter sans délai une enquête afin que toutes les dispositions soient prises pour mettre fin à cette pratique d’un autre âge.

Parallèlement à ces questions, les affaires Khalifa Sall et Cheikh Tidiane Gadio risquent de cristalliser les attentions, lors du passage du Premier ministre à l’hémicycle. Toutefois, en ce qui concerne le dossier du maire de Dakar, la position du gouvernement du Sénégal semble être bien claire, dès lors qu’un procès est de plus en plus inévitable.

  • PSE

En dehors des questions politiques et judiciaires, celles économiques pourraient occuper une bonne place dans la déclaration et les discussions qui vont suivre. Le tollé soulevé par le coût jugé exorbitant de 400 milliards de nos francs du Train express régional par une frange de l’opinion sénégalaise, de la société civile et de l’opposition est loin de s’estomper.

Beaucoup pensent qu’avec cette manne financière, on pourrait facilement réhabiliter le chemin de fer sénégalais. Mais, les autorités étatiques persistent à défendre l’opportunité de ce projet, dans un contexte où la mobilité urbaine surtout à Dakar, relève d’un véritable casse-tête.

Quoiqu’il en soit, il faut relever que c’est sous le magistère de Boun Abdallah Dionne à la tête de la primature que les travaux du TER, qui est un projet phare du Plan Sénégal émergent, se sont accélérés. Idem pour les travaux de finition du nouvel Aéroport international Blaise Diagne qui va d’ailleurs ouvrir ses portes après demain, jeudi 7 décembre 2017.

Malgré le litige qui a entouré le déménagement de l’aé- roport Léopold Sédar Senghor, notamment avec les prestataires des ADS, le regroupement des propriétaires de taxi à l’aéroport, entre autres impairs, Dionne peut se targuer d’avoir mis les choses à l’endroit, pour finalement rendre opérationnel cet édifice dont l’inauguration a été reportée à plusieurs reprises, du fait de retards notés dans la livraison.

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