Décerné le Grand Prix MEDays 2019, Macky Sall cite une étude qui révèle que « 8% seulement de la population du monde détiendraient 86% de la richesse »

Le Président de la République a accepté avec plaisir le Grand Prix MEDays 2019 qui lui a été décerné ce mercredi à Tanger au Maroc. »J’y vois, certes, la reconnaissance d’efforts déjà consentis, mais surtout un encouragement à poursuivre ces efforts, tant les défis sont encore nombreux, dans nos pays et sur notre continent », a-t-il dit. Selon le Président Sall, « au sein et entre les pays, les inégalités persistent et s’amplifient. Une étude récente révèle que 8% seulement de la population du monde détiendraient 86% de sa richesse », a-t-il révélé. Avant d’ajouter que malgré le recul de l’extrême pauvreté, plus de 850 millions de personnes vivent encore dans des conditions d’indigence absolue; ce qui rend peu probable la réalisation de l’Objectif de Développement Durable d’éradication de la pauvreté d’ici 2030.

Dans son speech, exploité par laviesenegalaise.com, Macky Sall a déclaré que d’autres défis majeurs sont emblématiques de notre temps. « Je pense à la montée inquiétante du populisme et de l’extrémisme, sous-tendue par le flot des fake news et la manipulation des consciences ». Pourtant, dit-il « l’histoire a suffisamment prouvé que le populisme et l’extrémisme, ne pouvant tenir lieu de projet de société ni de mode de gouvernement, mènent invariablement à l’impasse et à la désillusion ». 

Poursuivant, le Chef de l’Etat dit : « je pense aux velléités d’hégémonie civilisationnelle, quand certains se croient investis du pouvoir et de la mission de prescrire aux autres la façon d’être et d’agir ». Or, vouloir ériger des valeurs locales en mode de vie universel, alors même que les sociétés humaines sont différentes par leur histoire et leurs traditions, c’est méconnaître l’égale dignité des cultures et des civilisations; c’est ignorer le dialogue qui favorise le respect, la compréhension mutuelle et la coexistence pacifique des peuples.

Selon la formule de mon compatriote, le Pr Felwine Sarr, cité par Macky Sall, « il ne saurait y avoir de droit à «l’injonction civilisationnelle». Les pluralités sociétales ne peuvent se dissoudre dans un monolithisme réducteur. Elles doivent plutôt s’inviter au «rendez-vous du donner et du recevoir» prélude à la «civilisation de l’Universel, symbiose de toutes les cultures et de toutes les civilisations» que prônait le Président-poète Léopold Sedar Senghor.

Du point de vue de Macky Sall « nous ne pouvons pas nous résigner à la perte de confiance. Nous ne devons céder ni à l’hégémonisme civilisationnel, ni à l’inquiétude du présent, ni à la peur du lendemain, au risque de ne pas agir.

Le devoir d’agir nous engage tous: pouvoirs publics, secteur privé, société civile et citoyens, nous sommes tous interpellés. Afin d’établir ou rétablir la confiance, il nous faut entretenir les fondements du vivre ensemble; c’est-à-dire, accepter les règles du contrat social qui donnent sens à la liberté, à la responsabilité et à la solidarité, préconise le Chef de l’Etat.

Pour lui, l’essence de l’idéal démocratique, c’est le droit reconnu au citoyen de s’exprimer et de manifester librement sans être inquiété. Mais le droit va avec le devoir. Il n’y a pas de liberté sans responsabilité. La liberté est inséparable de la responsabilité qui la guide dans le secret de la conscience et l’encadre par l’obéissance à la loi. Quelles que soient les opinions et les ambitions, il faut convenir que la subversion ne peut être une forme acceptable de contestation; parce qu’elle fragilise l’Etat, favorise l’instabilité et met en péril la paix, la sécurité, la démocratie et le développement.

Selon Macky Sall, la raison commande de concilier droits et devoirs, liberté et responsabilité, ambition légitime et esprit de compromis.Victor Hugo, penseur du 19e siècle, rappelait que: «Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité. Être libre, disait-il, rien n’est plus grave; la liberté est pesante, et toutes les chaînes qu’elle ôte au corps, elle les ajoute à la conscience; dans la conscience, le droit se retourne et devient devoir. Prenons garde à ce que nous faisons; nous vivons dans des temps exigeants». Vérité du 19e siècle, vérité du 21e siècle.

Au demeurant, déduit le Président Sall « le souffle de la liberté, inhérent à la démocratie, ne suffit pas à lui seul pour faire vivre le corps social. Le peuple a autant besoin de liberté que de pain quotidien; d’où l’impératif des droits économiques et sociaux, et le devoir de solidarité qui donne sens au vivre ensemble ».

Il estime qu’une société de progrès ne peut vivre en paix avec elle-même sans une croissance économique vertueuse; c’est-à-dire une croissance qui génère de la richesse, de l’emploi et du bien-être social. Elle ne peut vivre en paix avec elle-même quand ceux qui ont plus gagnent toujours plus et ceux qui ont moins perdent toujours plus. La pauvreté dés humanise et rend précaire le contrat social. Elle nourrit la frustration et le désespoir qui font le lit des radicalismes de tout genre.

De l’avis de Macky Sall, « l’une des missions de l’Etat, son rôle régulateur et sa fonction sociale, c’est justement de veiller à maintenir la cohésion sociale en corrigeant les inégalités et en redonnant espoir à ceux qui doutent, pour qu’ils ne perdent pas confiance ».

Le Grand Prix MEDays récompense les efforts faits par le Sénégal en faveur de la démocratie. Mais aussi la reconnaissance d’efforts consentis à travers les politiques publiques d’inclusion sociale et d’équité territoriale.

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