CRUE DU FLEUVE SENEGAL : Ralentissement des activités économiques et pertes de récoltes

La crue du fleuve Sénégal a ralenti ou annihilé de nombreuses activités économiques dans la région de Matam. Aux affres d’une vie quotidienne rendue difficile voire impossible par l’envahissement des eaux s’ajoutent un renchérissement du coût de la vie par des moyens de locomotion ou la perte de récoltes qui sonnent des lendemains qui déchantent.CRUE DU FLEUVE SENEGAL - Ralentissement des activités économiques et pertes de récoltes


Inondations au Dande Mayo
“Abdoulaye Diatta, Oumou Khairy Sy et les défis de la route”
Abdoulaye Diatta qui habite Thiès, se rend régulièrement en Mauritanie, mais son dernier voyage a été marqué par une série d’imprévus et de désagréments liés aux conditions météorologiques et à l’état des infrastructures dans la zone du Dandé Mayo, au nord du Sénégal. Les crues de la saison des pluies ont submergé le pont principal, rendant le déplacement vers des localités comme Diowguel presque impossible. Abdoulaye comme beaucoup d’autres voyageurs a dû modifier son itinéraire et recourir à des transports alternatifs, entraînant des coûts supplémentaires : 1500 FCFA pour les minicars et 2000 FCFA pour les petites voitures. Il a fallu une heure de trajet pour atteindre Diowguel, un itinéraire laborieux en raison des mauvaises conditions routières.

Ce trajet, qui s’effectuait auparavant sans encombre, est devenu une véritable aventure. L’état de la piste est déplorable. Abdoulaye qui a attendu un long moment à un quai improvisé pour traverser en pirogue, a payé 1000 FCFA. Mais il est surtout frappé par la saleté des lieux, signe d’un manque d’entretien et d’infrastructures adaptées. Oumou Khairy Sy, une habitante du Dande Mayo Nord, vit cette situation au quotidien. Avant les inondations, elle empruntait la route avec un investissement maîtrisé. Aujourd’hui, avec la crue et la route quasi-fermée, elle doit débourser entre 10. 000 et 12. 000 FCFA pour le même trajet, aller-retour, sans compter ses bagages et la traversée en pirogue. Les coûts ont plus que doublé, impactant lourdement son budget. « C’est un calvaire », raconte-t-elle. Oumou se souvient du temps où un aller-retour était moins stressant. Aujourd’hui, c’est un lointain souvenir. Comme Abdoulaye, elle déplore l’état des pistes, notamment celle réalisée sous la présidence d’Abdoulaye Wade. Bien que le président Macky Sall ait lancé les travaux avec la pose de la première pierre pour une réhabilitation, aucune suite n’a été donnée, et la piste est très en mauvais état. Une situation qui affecte les déplacements et renchérit les prix des denrées de première nécessité, déjà en hausse à cause des difficultés de transport.La crue du fleuve Sénégal a ralenti les activités économiques à Matam


Oumou se rend régulièrement à Kaédi, en Mauritanie, pour y acheter des marchandises.

Elle quitte Galoya, dans le département de Podor et prenait généralement le garage de Dandé Mayo à la sortie de Oréfondé. En cette période de crue, elle emprunte les pirogues nichées à Horé Fondé pour atteindre sa destination en toute sécurité. Arrivée à Diowguel, elle continue en car pour la Mauritanie. Le chemin qu’elle prenait habituellement par le pont est devenu long et difficile.


Le manque d’infrastructures routières est un problème récurrent dans la zone. Les routes souvent en latérite sont dans un état déplorable depuis des années. Les habitants, comme Oumou et Abdoulaye doivent composer avec des routes dégradées, des itinéraires improvisés et des coûts de transport exorbitants.
Cette situation a des répercussions directes sur l’économie locale.

Les commerçants, tout comme les habitants, doivent faire face à des hausses régulières de prix à cause des coûts de transport, créant une inflation sur les denrées de première nécessité. Les retards dans les approvisionnements aggravent plus la situation.


Les inondations dans la zone du Dandé Mayo ne sont qu’un des nombreux défis auxquels font face les zones rurales du Sénégal. Le manque d’infrastructures adéquates et les conditions météorologiques difficiles exacerbent les problèmes. Pour les habitants, chaque jour est un défi, une bataille pour maintenir un minimum de qualité de vie. Face à cette situation critique, le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, El Malick Ndiaye, a récemment effectué une visite dans la zone pour évaluer les dégâts causés par les inondations. Il a annoncé des travaux de réhabilitation des routes une fois la saison des pluies terminée. Cependant, les habitants restent sceptiques. Ils ont déjà entendu ces promesses à plusieurs reprises.


Aujourd’hui, les résidents du Dandé Mayo Nord espèrent que cette fois-ci, les promesses seront suivies de faits concrets. Sans une action rapide, les difficultés de transport continueront de peser sur leur quotidien, impactant à la fois leur mobilité et leur pouvoir d’achat. Pour eux, la réhabilitation des infrastructures n’est pas seulement une question de confort mais une nécessité vitale.Reportage sur la Crue du Fleuve Sénégal à Matam - Sénégal

Ibrahima Khaliloullah Ndiaye, Papa Abdoulaye Sy et Falel Pam (textes)

Et Assane Sow (Photos) – Envoyés spéciaux Le Soleil

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