Covid-19, source de tous les abus

Les communautés les plus marginalisées et vulnérables du monde ont été victimes de violences et d’autres violations de leurs droits au début de la riposte à la pandémie de Covid-19, lésant des personnes, ébranlant leur confiance et retardant les réponses de santé publique, a déploré l’Onusida. Ce, en publiant un nouveau rapport sur l’impact des mesures de santé publique et des restrictions de mouvement liées à la Covid-19 sur les droits humains.


« C’est un mythe de penser qu’il peut y avoir un compromis entre les droits de l’homme et la santé publique », a affirmé la directrice exécutive de l’Onusida, Winnie Byanyima, ajoutant que « les droits de l’homme ne sont pas seulement intrinsèques, mais ils sont aussi le moyen même par lequel les gouvernements peuvent vaincre une pandémie avec succès ».


Le rapport, intitulé « droits en temps de pandémie – confinements, droits et leçons du Vih en début de riposte à la Covid-19 », révèle des interruptions de services liés au Vih, des cas de violence, de harcèlement, d’agression, d’abus et des décès, ainsi que l’incapacité de nombreux gouvernements à respecter les droits humains aux premières heures de leur riposte à la pandémie et appelle ces derniers à protéger les populations les plus vulnérables, y compris celles les plus exposées au Vih. Le rapport attire l’attention sur les expériences de certaines des communautés les plus marginalisées entre février et mi-mai 2020. Il fait état de violations, dont l’usage de balles en caoutchouc, de gaz lacrymogène et de fouets par la police pour faire respecter la distanciation sociale, ou encore, des arrestations, des détentions et des amendes pour non-respect du port du masque.


Les personnes qui n’avaient pas les moyens de payer l’amende auraient été gardées plus longtemps en prison que celles pouvant s’en acquitter.


Des violations liées aux restrictions de mouvement
Le rapport mentionne également l’arrestation et la détention de médecins qui allaient ou revenaient d’un établissement de santé. L’Onusida a également reçu des témoignages sur des femmes enceintes qui sont mortes de ne pas avoir eu accès aux services de santé à cause de restrictions strictes de déplacement. « Certaines d’entre elles ont succombé en allant à pied à l’hôpital. Un témoignage porte sur un chauffeur de mototaxi battu à mort par la police alors qu’il emmenait à l’hôpital pendant le couvre-feu une femme en train d’accoucher », a précisé l’entité onusienne.


Augmentation des violences basées sur le genre
La sécurité pendant les périodes de confinement a été une préoccupation majeure, en particulier pour les personnes les plus touchées par le Vih.
Par ailleurs, de nombreux pays ont signalé une augmentation de 40 à 70% des violences basées sur le genre, avec des pics encore plus importants dans certaines villes et régions.


Le nouveau rapport montre aussi que les services de prévention et de traitement du Vih ont été perturbés dans 10 des 16 pays étudiés, avec un recul allant jusqu’à 20% de la collecte des médicaments dans certaines zones. De nombreux témoignages ont signalé que des personnes vivant avec le Vih n’avaient pas assez d’antirétroviraux pour traverser un confinement de plus de 60 jours et que d’autres avaient arrêté leur traitement par manque de nourriture.


L’Onusida a souligné que la pandémie de Vih ne doit pas être oubliée pendant cette crise. « La Covid-19 sera probablement avec nous pendant très longtemps », a déclaré Mme Byanyima. « Nous nous sommes engagés à défendre les plus vulnérables, même dans la situation difficile héritée de la Covid-19 », a-t-elle ajouté.

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