Concertation Etat – Secteur privé sur la politique, économique et sociale : Les Propos du ministre Amadou Ba

« Je voudrais d’abord vous remercier d’avoir accepté notre invitation à ces concertations nationales autour de notre économie.

Cette rencontre entre dans le cadre de l’importante initiative lancée par son Excellence le Président de la République Macky SALL, invitant tous les acteurs économiques, politiques, de la société civile, du secteur du privé et tous les chefs religieux à un dialogue autour des questions d’intérêt national.

Cette démarche participative et inclusive dans la gestion publique, est un des fondamentaux ayant marqué l’élaboration, puis la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE). C’est pourquoi le Président Macky SALL ne cesse de nous exhorter à consulter toutes les franges de notre société pour une meilleure prise en compte des besoins des populations.

C’est donc dans cette perspective que j’ai mis en place plusieurs cadres de concertations au sein de mon département, couvrant divers mécanismes de dialogue aussi bien au niveau central que décentralisé. C’est ainsi que s’est tenue en décembre 2015, la rencontre entre le secteur privé et le Ministère de l’Economie des Finances et du Plan. Dans ce même registre, nous avons également la tenue des revues annuelles conjointes, devenues régulières, et offrant un espace de dialogue entre le secteur privé, les ministères sectoriels et la société civile.

  • Mesdames, Messieurs,

Le Sénégal compte beaucoup sur son secteur privé, pour atteindre les objectifs du PSE. Dès la phase d’élaboration de cette stratégie, le secteur privé a été très actif et continue à jouer un rôle déterminant dans la mise en œuvre des projets structurants en termes de création de richesse et d’emplois.

A ce titre, le dialogue public-privé doit être davantage renforcé pour permettre d’instaurer un climat de confiance mutuelle et de faciliter un consensus fort pour l’amélioration de l’exécution des politiques publiques. Cela permettra sans doute de dénouer les goulots d’étranglement et garantir l’atteinte des objectifs fixés. Ce n’est que par cette voie, que nous aurons la chance d’avoir un bilan positif des actions que nous aurons conjointement entreprises, dans le court, le moyen et le long terme.

Aujourd’hui, nous convenons tous que le défi majeur est celui de la transformation structurelle de l’économie pour une croissance forte et durable. Il nous reste à surmonter ensemble ce défi ! Pour cela, des réformes ardues sont nécessaires dans un esprit de dialogue.

La situation économique actuelle de notre pays est encourageante.

Entre 2006 et 2011, le contexte international défavorable a été marqué par une succession de crises énergétique, alimentaire et financière. En dépit des efforts consentis par les pouvoirs publics en matière de stabilité macroéconomique, la croissance a été plutôt faible avec un taux moyen de 3,2% en raison notamment d’un déficit de mise en œuvre des réformes structurelles principalement dans le secteur de l’énergie.

C’est dans ce contexte qu’en 2012, la seconde alternance politique a été suivie d’une série de mesures et de réformes pour relancer l’économie nationale et rétablir les équilibres macroéconomiques. La volatilité et la faiblesse de la croissance économique ont conduit à l’adoption du PSE en 2014.

Un vaste programme d’investissements a donc été initié, lequel a mis l’accent, sur les infrastructures, l’habitat social, l’industrie, l’agriculture, l’énergie et le tourisme. Les mesures devant l’accompagner sont en cours pour libérer davantage notre potentiel de production.

Au plan budgétaire, cet élan d’investissement est soutenu par une réforme profonde de la structure de la dépense publique, avec la rationalisation des dépenses de fonctionnement au profit des investissements prioritaires porteurs de croissance et à caractère inclusif. En outre, le système de planification national a été renforcé avec la mise en place d’un dispositif rigoureux de sélection des projets.

 Ainsi, les deux premières années de mise en œuvre du PSE ont permis de porter le taux de croissance du PIB à 6,5% en 2015. Le déficit public a été réduit de deux points, passant de 6,7% du PIB en 2011 à 4,8% en 2015.

Toutefois, devant ce raffermissement de la croissance, des contraintes structurelles freinent encore le développement de certaines branches de l’économie constituant ainsi un facteur de risque quant à l’atteinte des objectifs de croissance et d’inclusion.

Sous ce rapport, beaucoup de réformes sont engagées pour la relance du secteur privé. Il s’agit, entre autres, des mesures prises visant la restructuration des entreprises en difficulté, l’assainissement de l’environnement des affaires, l’accompagnement de l’entreprenariat à travers notamment la mise en place de structures telles que le FONSIS, le FONGIP et la BNDE.

En trois années d’existence, le FONSIS a pu sécuriser 84,2 milliards FCFA pour le financement de projets productifs. Cet appui s’est fait grâce à des montages financiers innovants, permettant aux collectivités locales dans lesquels les projets sont implantés, de bénéficier de retombées économiques et sociales.

De son côté, le FONGIP a investi 17 milliards de FCFA pour garantir des financements en faveur de PME et de particuliers, afin de soutenir la production. Les secteurs appuyés concernent essentiellement l’agriculture et l’agro-industrie, l’élevage, la pêche et l’artisanat.

Pour sa part, la BNDE a mobilisé depuis sa création, 71 milliards de francs CFA pour l’accompagnement financier de PME. Ces fonds ont profité pour l’essentiel à 492 PME.

Mesdames, Messieurs

Dans le cadre de l’assainissement de l’environnement des affaires, les Petites et Moyennes Entreprises disposent désormais d’un cadre juridique favorable avec le nouveau code des marchés, instauré par décret N°2014-1212 du 22 septembre 2014. En son article 48, le code accorde une priorité aux PME de droit sénégalais ou PME de droit communautaire en cas de sous-traitance d’un marché de travaux ou d’un marché public de service. Une incitation d’au moins 30% de la valeur des marchés des collectivités locales est accordée aux candidats PME, et des marges préférentielles sont prévues pour des candidats aux marchés publics qui s’engagent à sous-traiter avec des entreprises sénégalaises ou communautaires.

Le code reste surtout une œuvre humaine et cela lui confère ce caractère non complet et donc non définitif. Des efforts très conséquents ont aidé à identifier les mesures pouvant rendre la commande publique plus accessible aux entreprises sénégalaises. Toutefois, il me parait important de souligner encore une fois, que la commande publique seule, ne suffit pas à impulser une bonne croissance économique.

Par ailleurs, dans le domaine foncier, la facilitation de l’accès à la propriété avec la réduction du délai et des droits d’enregistrement de titres de propriété est une des mesures prises pour la réalisation des projets phares en matière d’habitat social. C’est ainsi que les droits d’enregistrement des transactions immobilières sont passés de 15 à 5 % entre 2012 et 2015, avec une inscription des droits de propriété au livre foncier, dans un délai de 48h.

Parallèlement, notre administration douanière offre au secteur privé divers instruments qui renvoient notamment aux régimes économiques et particuliers, aux régimes d’exonération, de facilitation et aux régimes simplifiés et personnalisés, ainsi qu’au programme de partenaires privilégiés. Ils constituent de réels attraits aux investissements étrangers ou nationaux, du fait de la libération de certaines charges fiscales.

De même, les procédures automatisées et dématérialisées permettent aux entreprises, à l’occasion de leurs opérations d’exportation et d’importation, de réduire leur délai d’intervention ainsi que les coûts, d’anticiper et de se positionner plus rapidement sur le marché national ou international.

Au titre de la sécurité de nos frontières qui est un préalable pour asseoir les bonnes bases d’une économie compétitive, le gouvernement s’attelle au renforcement de la lutte contre les trafics illicites de toute nature, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Avec l’entrée en vigueur du TEC CEDEAO, nous vous exhortons à être davantage proactifs pour tirer au maximum profit du marché qui s’élargit, et à rester suffisamment réactifs aux influences exogènes négatives. Dans cette dynamique, un dispositif de suivi de la mise en œuvre a été instauré à la Cellule de Suivi de l’Intégration de la DGPPE pour accompagner les entreprises et trouver des solutions à leurs requêtes. Ce Comité est composé de représentants des administrations publiques, du Patronat, de la société civile, des Commissionnaires en Douane agréés, des associations de consommateurs, etc.

En 2015, le Comité a examiné et traité plus d’une dizaine de demandes d’entreprises portant, soit sur l’application des mesures complémentaires de protection prévues dans le dispositif du TEC, soit sur la re-catégorisation de certains produits, soit sur la suppression de certaines taxes et prélèvements.

  • Mesdames, Messieurs

Vous conviendrez avec moi qu’il nous faut encore et toujours faire preuve d’imagination en matière de réformes pour lever davantage les contraintes à une croissance forte et durable portée par le secteur privé.

A cet égard, mon département est prêt à identifier avec vous d’autres réformes, pouvant aider à accélérer l’atteinte des objectifs de croissance.  C’est pourquoi, nous avons mis en place un groupe de travail pour le suivi des organismes publics et des entreprises privées en difficulté, afin d’identifier leurs contraintes et de proposer des mesures correctrices.

L’étude de la structure de notre économie nous laisse penser qu’il y’a encore des marges de manœuvre. Nous devons beaucoup investir dans l’agriculture, l’éducation, les infrastructures et l’indépendance énergétique.

Le potentiel agricole réside dans notre capacité à moderniser l’agriculture afin qu’elle puisse nous garantir la sécurité alimentaire, des revenus aux populations rurales, et la protection de l’environnement.

Nous devons aussi faire preuve d’innovation surtout en matière de maitrise de l’eau. Parce que l’agriculture est une activité hautement risquée, nous avons besoin de pouvoir compter sur l’effort conjugué du capital privé et des ressources publiques pour rentabiliser les aménagements fonciers et hydroagricoles, la formation, la vulgarisation et l’encadrement techniques, le financement rural et les infrastructures d’accès aux marchés.

Notre pays ne saurait faire exception à cette règle, sauf à découvrir d’autres produits ou services qui disposeraient de potentiels comparables de distribution de revenus, mais surtout de modernisation de l’économie.

Dans le Plan Sénégal Emergent, nous misons également  sur le tourisme, dans ses différentes variantes qui enrichissent ou complètent  les deux produits touristiques du pays, à savoir le tourisme balnéaire et le tourisme  d’affaires. Nous misons aussi sur les technologies de l’information et de la communication, dans une économie fortement tirée par les services et le commerce.

  • Mesdames, Messieurs

Je voudrais pour finir mon propos vous remercier pour cette belle marque de considération de par votre présence, signal d’un fort engagement citoyen. En honorant cette invitation autour de questions d’intérêt national, vous avez ainsi montré votre attachement à notre cher Sénégal, en contribuant au développement économique et social du pays, mais aussi en accompagnent les pouvoirs publics dans la mise en œuvre réussie de leur politique économique.

Je vous remercie de votre aimable attention ».

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