Carte d’égalité des chances : Opportunités et Défis (Par Rokhaya Diallo)

L’article 1 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme stipule que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ».


Le handicap est un concept évolutif, un construit social. C’est ainsi qu’il peut changer en fonction de l’environnement d’une société à une autre. Sur ce, nous pouvons dire que le handicap n’est pas une maladie, mais plutôt le résultat de l’interaction entre des attitudes négatives ou un environnement qui ne tient pas compte de la condition de certaines personnes.

En éliminant les obstacles liés à l’attitude et à l’environnement au lieu de traiter les personnes handicapées comme ayant des déficiences ,ces personnes peuvent participer en tant que membres actifs de la société et jouir de l’ensemble de leurs droits.
La Convention des Nations Unies relative aux Droits des Personnes Handicapées(CDPH) est une convention internationale qui est adoptée pour « promouvoir, protéger et assurer la dignité, l’égalité devant la loi et les libertés fondamentales des personnes avec des handicaps en tous genre.

L’objectif est la pleine jouissance des droits humains fondamentaux par les personnes handicapées et leur participation active à la vie politique, économique, sociale et culturelle.


Au niveau continental la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples stipule en son article 2 que « Toute personne a droit à la jouissance des droits et libertés reconnus et garantis sans distinction de race, de groupe ethnique, de couleur, de sexe, de langue, de religion ,d’opinion politique, de fortune ,de naissance ou autre statut.


Le Sénégal a tenu un premier conseil interministériel le 30 octobre 2001 sur la prise en charge et l’intégration des personnes handicapées avec comme recommandation l’élaboration d’une loi d’orientation sociale.

Ainsi pour matérialiser les conventions internationales , la loi d’orientation sociale n°2010-15 du 6 juillet 2010 relative à la promotion et à la protection des personnes handicapées a été adoptée.
Ladite loi en son article premier donne la définition suivante « Par personnes handicapées, on entend toutes les personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut porter atteinte à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité. » Ce qui revient à la définition du modèle social du handicap qui perçoit les obstacles de la société comme invalidants.
Toujours dans la loi en son article. 3. – Toute personne handicapée reçoit une carte spécifique prouvant son handicap et appelée « carte d’égalité des chances ». Cette carte est délivrée par le Ministère chargé de l’Action sociale sur proposition des commissions techniques départementales.


C’est quoi la carte d’égalité des chances ?

La « carte d’égalité des chances » permet à son titulaire de bénéficier des droits et avantages en matière d’accès aux soins de santé, de réadaptation, d’aide technique, financière, d’éducation, de formation, d’emploi, de transport, ainsi qu’à tout autre avantage susceptible de contribuer à la promotion et à la protection de ce dernier. Elle est une carte d’identité pour la personne handicapée.


Le 30 avril 2015, Son Excellence Macky SALL a lancé officiellement le Programme de la Carte d’Egalité des Chances. Ce programme est un des filets sociaux qui vient renforcer la protection sociale des groupes vulnérables notamment les personnes handicapées. De 2012 à 2019 61 143 cartes ont été produites dont 23 035 pour les femmes et 31 232 pour les hommes.


Concernant les opportunités, cette carte a permis l’enrôlement de 21 975 personnes handicapées dans les mutuelles de santé permettant à celles-ci d’accéder aux soins de santé, aussi 25 507 bénéficient des bourses familiales à raison de 25 000francs le trimestre, 633 personnes handicapées détentrices de la carte bénéficient également de la gratuité dans les bus Dakar Dem Dikk.


Les aides techniques telles que les (appareils auditifs, les béquilles, les cannes blanches, les lunettes …) sont données à ces personnes qui en expriment le besoin.


Cependant il faut noter que beaucoup de défis restent à relever pour une meilleure prise en compte des personnes handicapées .Parmi ceux-ci le premier est d’ordre statistique.

En effet, l’Agence Nationale des Statistiques et de la Démographie (ANSD) avance un chiffre de 800 000 personnes handicapées soit un taux de 5,9% tandis que la Fédération Sénégalaise des Associations de Personnes Handicapées (FSAPH) s’aligne sur l’Organisation Mondiale Sénégalaise (OMS) qui estime que ces dernières représentent 15% ce qui ferait 1 à 1,5 millions de personnes handicapées de la population Sénégalaise.

Le fait de donner à toutes les personnes handicapées des cartes d’égalité des chances aurait permis de régler ce problème avec une base de données fiable.


Sur le plan sanitaire les infrastructures ne sont pas accessibles aux personnes handicapées et le plus important certaines catégories comme les sourds ne peuvent pas communiquer avec les professionnels de santé d’où la nécessité d’intégrer le braille et la langue des signes dans les curricula de formation des professionnels de santé et d’ouvrir d’autres spécialisations par rapport au handicap comme par exemple : la psychomotricité, l’orthophonie, la dermatologie en albinisme…


Sur le plan éducatif beaucoup d’efforts sont entrain d’être faits à travers la mise sur pied d’écoles spéciales mais celles -ci ne jouent pas en faveur de l’inclusion alors il faut penser à l’éducation intégratrice et permettre à tous les enfants quelque soit le handicap de bénéficier d’un enseignement de qualité et de s’épanouir en même temps avec les enfants dit « normaux » ceci demande également à ce que le braille et la langue des signes soient intégrés dans le curricula de formation des enseignants.


Dans tous les domaines il faut mettre en place les conditions pour l’intégration des personnes handicapées mais ces deux secteurs sou tendent la dignité de la vie de toute personne.


Pour une effectivité des avantages liés à cette carte il faut revenir à l’article 4 de la Loi d’Orientation sociale qui dit que : L’Etat et les Collectivités Locales, dans leurs ressorts respectifs, assurent la pleine et entière participation des personnes handicapées à la vie sociale, économique et culturelle de la Nation à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées.


Il faut adopter l’approche droit en lieu et place de l’approche besoins pour atteindre les objectifs de développement durable qui veut que personne ne soit laissé en rade.



        Rokhaya Diallo
rokhaya.diallo@yahoo.fr

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