Les violentes manifestations qui ont éclaté jeudi à Dakar et au Sénégal dans plusieurs localités, ont fait quatre morts dont un policier, selon plusieurs sources concordantes. Ce, après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, accusé de viols, à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », une peine qui compromet encore davantage sa candidature à la présidentielle de 2024.
Deux responsables policiers ont fait état sous le couvert de l’anonymat de trois morts dans des manifestations à Ziguinchor et d’un policier tué à coups de pierres par des jeunes dans la banlieue de Dakar. Aucun officiel n’a confirmé publiquement ces informations.
M. Sonko, adversaire le plus farouche du président Macky Sall, était absent au prononcé de l’arrêt, tout comme lors de son procès. Il est présumé être bloqué par les forces de sécurité chez lui dans la capitale, « séquestré » selon lui.
Mais, après deux ans d’une confrontation avec les autorités qui a tenu en haleine le pays, il peut désormais être arrêté « à tout moment », a dit à des journalistes le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall.
Sans attendre une telle arrestation, les troubles redoutés avant le délibéré ont éclaté à Dakar et dans plusieurs villes.
L’université de Dakar a pris des airs de champ de bataille. Des groupes de jeunes ont affronté à coups de pierres les policiers ripostant à coups de gaz lacrymogènes.
Plusieurs cars de la faculté de médecine, du département d’histoire et de la principale école de journalisme du pays, le Cesti, ont été incendiés et des bureaux saccagés.
Des groupes de jeunes ont attaqué des biens publics en plusieurs points de la capitale, brûlé des pneus et disposé des obstacles dans les rues.
En dehors de ces foyers de violence, les rues de Dakar ont été désertées, spectacle rare dans une métropole grouillante.
Des troubles ont été rapportés ailleurs dans le pays, en Casamance, à Mbour et Kaolack ou Saint-Louis.