Au cœur d’une préoccupation éthique : Le peuple Malien dépossédé de la solidarité africaine

Il n’y a aucun doute que le respect des droits de l’homme est une source de stabilité et de paix.

Docteur Pape Ousmane DIARRA
Le monde a fini de secréter des normes qui encadrent les principes fondamentaux des droits de l’homme. Toutes les organisations internationales, sous régionales ou régionales concourent à un respect et une protection des droits humains.


Inutile de perdre du temps sur une réflexion autour de l’universalité des droits de l’homme ou encore de leur caractère collectif et individuel. Ceci pourrait être disséqué sous une autre rubrique. Mais, pour ce qui concerne cette analyse, il s’agit de peser sur la balance le poids de l’intérêt sacrifié à celui de l’intérêt sauvegardé au Mali. Il est pourtant clair que le distinguo entre droits civils et politiques et droits économiques sociaux et culturels est plus que jamais d’actualité.


Parmi les caractères qui nourrissent les droits de l’homme figure l’indivisibilité de ces derniers. Cela pourrait traduire une absence de hiérarchisation entre les droits de l’homme. Cette précision n’est pas fortuite, car elle permet de mieux mûrir la réflexion sur les droits des peuples. A-t-on délibérément oublié ou omis que, la Charte africaine des Droits de l’homme et des Peuples accorde une place de choix au peuple dans la protection des droits humains contrairement aux textes d’ailleurs.


La République du Mali vient de traverser des vicissitudes de sa vie politique, marquées par deux coups de force en moins d’un an. Au regard du principe de la légalité constitutionnelle, de tels actes ne peuvent pas être cautionnés ; il en est de même de la situation qui prévaut actuellement au Tchad. Le théâtre survenu dans ce pays du Sahel ne permet-il pas de se poser la question sur la valeur du traitement observé au pouvoir en place. Pourtant, c’est un cas similaire à celui du Mali en termes de violation de la légalité constitutionnelle.
Tout esprit épris de droit serait pour le respect de la légalité.

Ce respect peut souffrir d’entorses entrainant une absence de légitimité. Cette légitimité voulue n’est rien d’autre à notre avis que les aspirations généralisées exprimées par le peuple, en quête de stabilité et de la cohésion sociale.

Rappelons que c’est le peuple qui détient le pouvoir et il le confie ou le délègue aux gouvernants pour une durée bien déterminée avec la possibilité de renouveler ou pas sa confiance à celui à qui il l’avait accordée.

Cependant, il est fréquent de voir de plus en plus des mouvements, surtout de jeunes s’opposant à des agissements flagrants de ceux qui les gouvernent. Il est malheureux de constater que le plus souvent les dirigeants agissent avec une brutalité impressionnante comme s’ils étaient animés par une volonté inavouée de confisquer le pouvoir du peuple aux regards impuissants de l’appareil répressif de l’Etat. Il faut répondre aux ordres et gérer sa carrière quelque que soit les circonstances.


C’est dire que la légalité peut être parfois secouée par la légitimité. Dans la situation actuelle du Mali, il faut veiller certes au respect de la légalité, mais pas au prix de sacrifier les droits économiques sociaux et culturels du peuple malien. Les tréfonds de la crise actuelle dessinent deux raisons. L’une est marquée par une tension au sommet de l’exécutif, l’autre par l’occupation d’une partie du territoire malien par les organisations terroristes.


Même si la reprise du pouvoir par l’auteur de la rectification de la transition est à tout point de vue illégale, il convient de se soucier de l’intérêt du peuple malien qui se compte à des millions, contrairement à celui groupe militaire qui, semble-t-il, a contraint l’ancien président de la transition à démissionner.
L’Africain est toujours connu pour son esprit conciliant, de médiation, de solidarité, de compassion, pour l’importance qu’il accorde plus au groupe qu’à l’individu. Cela veut dire qu’une poignée d’hommes en uniforme soutenue par la voix populaire ne devrait pas être vue d’un mauvais œil au prix de tirer sur un cadavre. Les décisions prises par les instances africaines sont salutaires du point de vue du droit, du respect de la démocratie, bref des droits civils et politiques. Il est clair que l’Etat a des obligations en matière des droits de l’homme. Néanmoins, en matière de droits économiques sociaux et culturels, notamment droit à l’alimentation, le droit au développement, le droit à un niveau de vie satisfaisant, les organes internationaux et africains ont une part de responsabilité non négligeable.


Les sanctions prises contre l’actuel gouvernement de transition, suite à une intervention militaire, qualifiée de rectification par certaines voix maliennes, peuvent être comprises dans une certaine mesure, car elles contribuent à étouffer les moyens d’action, surtout économiques du pouvoir en place et à asphyxier le peuple malien. Elles entrainent sûrement la fragilisation de pouvoir actuel de Bamako et peut remonter la population contre le groupe militaire à la tête de l’Etat. Ce qui engendra certainement un chaos dans un océan de chaos.


Les péripéties des décisions de la CEDEAO et de l’UA prises dans la précipitation et sous l’effet de la colère ont des conséquences qui, admettons-le, étouffent les droits économiques sociaux et culturels du peuple malien. Cela fait surgir des inquiétudes quant à la perte ou à l’omission des valeurs de solidarité de l’africain envers son prochain. Une comparaison avec le cas tchadien laisse planer des doutes quant à l’idée de rétablir une légalité constitutionnelle au Mali.

Inutile de s’attarder sur la question tchadienne, il suffit juste de jeter un coup d’œil sur les différentes décisions qui, au-delà de sanctionner la junte militaire du Mali, se rapprochent d’une « non- assistance à un peuple en danger ». Ce danger peut avoir des répercussions graves et inattendues dans les pays qui partagent des frontières avec le Mali.





Dr Pape Ousmane Diarra
Juriste/ Consultant
AFRICA DESC (Droits humains, Ethique, Santé et Crises)
dipseven00@yahoo.fr


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