Attaques dans le sud de la France: ce que l’on sait

Au soir des attaques qui ont frappé ce vendredi 23 mars Carcassonne et Trèbes, dans le sud de la France, le procureur de Paris François Molins a dévoilé les premiers éléments de l’enquête.

C’est par une mise en garde que le procureur de Paris François Molins a commencé sa conférence de presse au soir des attaques perpétrées à Carcassonne et Trèbes. « Le niveau de la menace terroriste sur notre territoire n’a pas faibli », a-t-il déclaré. Il s’agit désormais essentiellement d’un terrorisme endogène, a-t-il précisé avant de détailler le déroulé des faits.

Il était un peu moins de 11h ce vendredi matin lorsque quatre CRS ont été pris pour cible à 200 m de leur caserne alors qu’ils revenaient d’un footing à Carcassonne. L’un d’eux a été blessé. Six douilles ont été retrouvées sur les lieux. Le tireur, installé à bord d’une Opel Corsa blanche, a alors pris la fuite.

Prise d’otages au Super U de Trèbes

Peu après, des détonations ont été signalées à l’intérieur du Super U de Trèbes, une commune située à quelques kilomètres de Carcassonne. Une cinquantaine de personnes se trouvaient à l’intérieur. Selon les premiers éléments de l’enquête rapportés par le procureur François Molins, l’assaillant a crié « Allah Akhbar » et a revendiqué être un « soldat » de l’organisation Etat islamique en entrant dans le supermarché. Se disant « prêt à mourir pour la Syrie », il a réclamé la libération de « frères », avant de tirer sur un client et un employé du magasin. Tous deux sont décédés sur place.

Une négociation a permis la libération des otages. Le colonel du groupement de gendarmerie de l’Aude a échangé sa place avec la leur. L’assaillant est alors sorti du supermarché en menaçant le militaire avec son arme, il a réclamé un chargeur et menacé de « tout faire sauter » si les gendarmes intervenaient, avant de retourner à l’intérieur du supermarché.

« Dans des circonstances qui restent à déterminer, il a tiré à plusieurs reprises sur le colonel qu’il blessait très grièvement », a indiqué François Molins. Ces tirs ont déclenché l’intervention du GIGN qui est parvenu à neutraliser l’assaillant à 14h20. Deux membres de cette force d’intervention de la gendarmerie ont été blessés au cours de l’opération.

Une proche de l’assaillant en garde à vue

Sur le parking du supermarché a alors été découverte l’Opel Corsa blanche à bord de laquelle l’auteur des tirs contre les CRS avait pris la fuite. La voiture avait été volée le matin dans une cité de Carcassonne, son propriétaire blessé grièvement et le passager tué. L’enquête révèle que l’auteur des faits s’est dirigé vers la caserne du 3e régiment de parachutistes d’infanterie de marine. Là, il a attendu quelques minutes, avant de faire demi-tour pour se rendre près de la caserne CRS.

Ces différents éléments ont motivé l’ouverture d’une enquête par la section antiterroriste du parquet de Paris pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste », « tentative d’assassinat sur une personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste », « séquestration sous conditions en relation avec une entreprise terroriste », « association de malfaiteurs criminels en vue de préparer la commission de crimes d’atteinte aux personnes », « homicide et tentative d’homicide volontaire concomitant à la commission d’un autre crime en relation avec une entreprise terroriste ».

De nombreuses investigations sont en cours pour déterminer la provenance de l’arme utilisée par l’assaillant et comment il se l’est procurée, ainsi que d’éventuelles complicités. Elles ont déjà donné lieu au placement en garde à vue d’une proche de l’assaillant pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise criminelle terroriste », a indiqué le procureur de Paris. Cette personne partageait la vie de Radouane Lakdim, a-t-il précisé.

Connu de la justice et fiché S

L’auteur des trois attaques était un habitant de Carcassonne, a encore indiqué François Molins. Il est né le 11 avril 1992 au Maroc. Il était fiché S depuis 2014, en raison de sa radicalisation et de ses liens « avec la mouvance salafiste ». Il était connu de la justice pour des faits de droit commun. Il a été condamné une première fois le 29 mai 2011 à une peine d’un mois d’emprisonnement avec sursis par le tribunal correctionnel de Carcassonne pour avoir porté une arme prohibée. Il a été condamné une seconde fois le 6 mars 2015 pour « usage de stupéfiants » et « refus d’obtempérer » à une peine d’un mois d’emprisonnement qu’il a effectué en août 2016 à la maison d’arrêt de Carcassonne.

En 2016 et en 2017, Radouane Lakdim a fait l’objet d’un « suivi effectif » de la part des services de renseignement. Mais ce suivi « n’avait pas permis de mettre en évidence aucun signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l’acte terroriste », a déclaré le procureur de Paris.

Rfi

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