Anniversaire décès : Cheikh Anta Diop 33 ans déjà

Le 7 février 1986, la radiodiffusion du Sénégal annonce le décès du professeur Cheikh Anta Diop. Toute l’Afrique se sent concernée par la mort de celui que l’on nomme « le pharaon des temps modernes », égyptologue éminent, engagé dans le combat des idées et de la renaissance de l’Afrique…Retour sur l’œuvre et l’héritage de ce grand homme.

Né le 29 décembre 1923 à Thieytou et mort un 7 février 1986 à Dakar, Cheikh Anta Diop est une grande figure historique, politique, anthropologique et surtout égyptologique africaine. En ce jour marquant sa disparition, la rédaction de SeneNews a tenu à faire un petit rappel sur l’homme dont les thèses restent aujourd’hui discutées, et sont peu reprises dans la communauté scientifique en général et en particulier au sujet de l’Égypte antique.

Précurseur de l’importance et l’ancienneté de la place des Africains dans l’histoire, Cheikh Anta Diop a été le premier à anticiper des découvertes archéologiques majeures des années 2000 sur le continent africain, que ce soit Kerma ou, beaucoup plus ancien, Blombos.

D’une famille d’origine aristocratique wolof, Cheikh Anta Diop est allé rejoindre la France et Paris à ses 23 ans. Là-bas, il y étudia la physique et la chimie tout en se tournant aussi vers l’histoire et les sciences sociales. Dès le début de ses études, bien qu’encadré par les les cours de Gaston Bachelard et de Frédéric Joliot-Curie4, il se démarqua de la de certains auteurs de l’époque qui disaient de l’Afrique, un continent anhistorique.

Par la suite, il eût à préparer une thèse sous la supervision de Marcel Griaule, et dans celle-ci il y décline le fait que l’Égypte antique était peuplée d’Africains noirs, et que la langue et la culture égyptiennes se sont ensuite diffusées dans l’Afrique de l’Ouest. Une thèse qui d’ailleurs rencontrera un « grand écho » et sera édité sous forme d’un livre, Nations nègres et culture, publié en 1954 mais il n’obtiendra son doctorat qu’en 1960. Alliant une spécialisation en physique nucléaire au laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France, Cheikh Anta Diop met à profit sa formation pluridisciplinaire pour combiner plusieurs méthodes d’approche.

De sa théorie sur l’histoire égyptienne, Cheikh Anta Diop put même souligner le fait que le wolof, parlé aujourd’hui en Afrique occidentale, est phonétiquement apparenté à la langue égyptienne antique. Il illustra aussi son interprétation selon laquelle les Égyptiens anciens présentaient les mêmes traits physiques que les Africains noirs d’aujourd’hui (couleur de la peau, aspect des cheveux, du nez et des lèvres). Ces études combinées à son interprétation de données d’ordre anthropologique (comme le rôle du matriarcat) et archéologique l’ont permis de tisser le lien entre la culture égyptienne et celle nègre, qu’il qualifie alors de semblable.

De retour à Dakar en 1960, il intégra l’Université qui portera son nom depuis mars 1987, il y obtint le titre de professeur en 1981. C’est ainsi qu’il put mettre sur place le premier laboratoire africain de datation des fossiles archéologiques au radiocarbone. Avec ce laboratoire en collaboration avec celui du Commissariat français à l’énergie atomique (CEA) de Gif-sur-Yvette, Cheikh Anta put, au sortir du colloque et de la rédaction du d’un projet nommé l’Histoire générale de l’Afrique (HGA), étaler sa thèse sur la nature du peuplement de l’Égypte ancienne bien que celle-ci était controversée par les autres scientifiques.

Avec la publication du livre : Les fondements économiques et culturels d’un futur État fédéral en Afrique noire, Cheikh Anta Diop, qui s’était auparavant engagé politiquement tente par-là de convaincre de nombreux intellectuels africains en France pour l’indépendance des pays africains. Il peint l’Union Française comme «défavorable aux intérêts des Africains quel que soit l’angle sous lequel on l’envisage».

Au Sénégal, il eut à faire face avec le chantre de la négritude, Léopold Sédar Senghor, en créant des partis politiques le FNS en 1961, le RND en 197), un journal d’opposition (Siggi, renommé par la suite Taxaw) et un syndicat de paysans.

Considéré comme l’un des inspirateurs du courant épistémologique de l’afro-centricité, Cheikh Anta Diop rendit l’âme dans son sommeil à Dakar, le 7 février 1986.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.