« Oui, je le veux » ! Ainsi voit-on des hommes répondre à la question « voulez-vous prendre cette personne ici présente comme femme ? ». Mais, loin des caméras et hors des scénarios hollywoodiens, les décisions aussi sérieuses que celles d’une approbation pour ce type de lien éternel peuvent demander plus de réflexion. Plus de ruse, disons, pour ce qui est du domaine politique. Et, c’est à se demander si cette ruse que préconise Machiavel en domaine politique n’est pas mise en pratique chez nous, au Sénégal, et pour la question précise du troisième mandat de Macky Sall. Une ruse subtile, qui transpose cette question de la réalité des décisions vers l’invraisemblable…du scénario. Et comment ?
C’est comme si, à chaque fois qu’un prêtre-journaliste demande à l’amant-Macky si ce dernier veut toujours de la dame-troisième-mandat, au lieu d’un « oui » ou d’un « non » catégorique, le prétendant Sall répond par un « peut-être oui ! Non ! Mais pourquoi pas. Afin, l’avenir nous le dira… ». Et voilà la dame, bouquet de fleurs à la main, clouée devant toute une assistance qui veut une réponse limpide et sans équivoque.
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Cette assistance qui n’est autre que le peuple. La ruse mackysalle (pourquoi évoquer l’adjectif « machiavélique » alors qu’avec le nom du prétendant, on peut former un autre bien local ? Consommons local !) dans ce cas, revient à construire une insensibilité progressive dans l’esprit de l’assistance, au début hostile à ce mariage illégal selon la Constitution.
De la bible constitutionnelle, pour rester dans le vocabulaire du mariage. Car, ne pas dire « non » catégoriquement peut aller jusqu’à banaliser chez l’assistance la gravité du troisième mandat. Ainsi graduellement, on passe de « Macky n’est pas fou pour demander un troisième mariage » à « pourtant, la constitution a été claire sur le sujet » pour terminer par lâcher prise et dire « de toute façon, l’interprétation des textes revient aux constitutionalistes ».
Dans un tel scénario, on passe de « aucune concession » à « discutons sur la base des textes » pour chuter sur « c’est un débat très compliqué et on a d’autres chats à fouetter : la dépense quotidienne, l’eau, l’électricité ». Pour ainsi dire que par tergiversation volontaire, le prétendant Macky aura agacé les esprits avant de les rendre insensibles et puis dociles.
Pour ainsi dire, encore, que l’intensité de la rhétorique de l’assistance peut évoluer en courbe décroissante : d’abord, une rhétorique d’opposition radicale, ensuite, celle d’une diminution due à une (fausse et voulue) décision de se dire « afin, réfléchissons-y. Il se peut que ce soit possible », enfin une rhétorique d’adhésion (involontaire ?)
C’est assez improbable comme stratégie, comme ruse. Mais, que n’aura-t-on pas vu en politique, en, ruse, et en manipulation des masses. Et, qu’on le dise ou pas, les sorties des partisans du Président Macky Sall laissent perplexe le peuple, l’assistance.
En effet, il semble ressortir de leurs prises de parole qu’ils sont en train de mettre en place un catéchisme souterrain, tendant à introduire dans la sacrée constitution l’idée d’un profane mariage en l’honneur de Monsieur. Hier, c’était Amadou Ba, aujourd’hui c’est Pape Maël Thiam. Ce dernier disant que la décision finale revient à Monsieur, le premier soutenant que Monsieur a beaucoup fait pour lui et que, par conséquent, il lui doit fidélité et loyauté.
Ce, en défendant que la réalisation du programme de Yoonu Yókkute va au-delà de 2024 ; ceci incluant la candidature de Macky à la prochaine élection. Le ministre Amadou Ba s’exprimait ainsi à la télévision, devant tout le monde, et devant un journaliste qui lui a demandé d’être plus clair. Amadou a été plus clair : oui, ceci engage aussi une possible troisième candidature du patron de l’Appareil de Production des Ruses, autrement dit Alliance Pour la République. C’est assez Russe, c’est assez Trotskiste, c’est assez mackysall finalement.
Sans doute, il ne serait pas trop appuyé de s’écrier : « l’heure est grave ». Mais, ne le faisons pas : laissons aux adversaires directes le soin de le faire. Aida Mbodj dans ce scénario, est la bienvenue. Elle épouse pleinement le rôle de cette personne-là qui, dans les films à la Hollywood, s’écrie « Moi », après que le prêtre ait demandé s’il y avait dans l’assistance une personne qui s’oppose au mariage de Monsieur et Madame. Et elle l’a dit, ce Moi. Sûrement d’autres l’ont dit.
Mais tous les acteurs ne peuvent jouer dans un scénario. « S’il ose tenter de briguer un troisième mandat, il subira les mêmes conséquences que ceux qui, dans le passé, ont tenté de le faire », a récemment déclaré la députée. Remarquons que « ceux qui » est remplaçable par « celui qui », puisque leur père spirituel à savoir maitre Wade, est celui qui a subi les conséquences d’un vœu de troisième mandat. Deux mille douze n’est pas si loin que ça. A madame Aida Mbodj de poursuivre : « C’est la constitution qui dit que nul ne peut faire plus de deux mandats. Or lui, en est à son deuxième mandat », avant de conclure que « ce n’est même pas la peine d’épiloguer sur cette question ».
« Deux mandats » ou « deux mandats consécutifs » selon cette même Constitution évoquée par la dame du scénario qui dit « oui » au prêtre pour dire « non » au prétendant. En tous les cas, le dernier mot de l’article 27 est : « Consécutifs ».
N’est-ce pas là une preuve que la ruse mackysalle qui cherche à instaurer un nouveau catéchisme autour de cette question est sur la bonne voie ?
On peut en effet se demander si l’instant de la rhétorique de totale opposition n’est pas révolu ; si on n’est pas dans cette étape où l’on se dit « allons, la constitution, on en fait quoi ? » Troisième étape… ?
Qui sait ? Et, au bout du compte, cela ne veut rien dire : ceci n’est que du scénario…
Moussa Seck – laviesenegalaise.com