ALIOU OUSMANE SALL, DIRECTEUR DE L’ÉTAT CIVIL : «Le programme de modernisation sera lancé début novembre»

ALIOU OUSMANE SALL, DIRECTEUR DE L’ÉTAT CIVILAvec un financement de l’Union européenne de presque 18 milliards FCfa, l’Etat du Sénégal va lancer un ambitieux programme de modernisation de l’état civil. Directeur de l’état civil au niveau du ministère des Collectivités Territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires, Aliou Ousmane Sall revient dans cette interview sur le niveau d’avancement de ce programme qui sera lancé officiellement début novembre.


Monsieur le Directeur, dites nous l’importance que revêt l’état civil.


Le développement d’un état civil fiable constitue un enjeu important pour notre pays. Un système d’état civil bien organisé est le socle de l’exercice par les citoyens de leurs droits fondamentaux et, plus spécifiquement, un prérequis pour qu’ils puissent jouir pleinement, dans le cadre de l’Etat de droit, de leurs droits civils, politiques et sociaux.


L’Etat du Sénégal a lancé un important processus de numérisation de l’Etat civil.


Comment va se dérouler ce programme ? C’est fort de ce que j’ai dit précédemment que son Excellence, Monsieur Macky Sall, Président de la République, a inscrit la modernisation de notre système d’état civil au cœur des enjeux de développement du Sénégal. Cette modernisation est une priorité, explicitement citée dans le Plan Sénégal émergent (Pse). Le Président de la République l’a rappelé lors du Conseil des ministres du 09 octobre 2019, en instruisant le Gouvernement d’accélérer la digitalisation intégrale de l’état civil. C’est d’ailleurs, la raison pour laquelle le Gouvernement a décidé de mettre en œuvre ce programme afin d’apporter des solutions appropriées aux difficultés identifiées dans notre système actuel.
Dans ce cadre, le comité opérationnel du Fonds fiduciaire a approuvé le financement du Programme d’appui au renforcement du système d’information de l’état civil et à la consolidation d’un fichier national d’identité biométrique au Sénégal.
Ce programme d’un montant de 17 836 382 550F CFA sera exécuté sur une durée de quarante deux mois. L’objectif du programme est de promouvoir le renforcement du système d’information de l’état civil et la consolidation d’un fichier national d’identité biométrique afin que chaque sénégalais soit en mesure de se prévaloir des droits inhérents à son identité sécurisée. Il contribuera, à cet effet, à la modernisation de l’état civil par la mise en place d’un appui au pilotage stratégique, par une amélioration de l’offre (accessibilité des centres, formation des acteurs, archivage, etc.) et de la demande (campagnes de sensibilisation, éducation civique, etc.).
Par ailleurs, le programme devra renforcer les procédures d’enregistrement à l’état civil et accompagner la consolidation d’un fichier national d’identité biométrique relié au système d’information de l’état civil informatisé à même de sécuriser l’identité de la personne et d’être exploitable par d’autres administrations utilisatrices, notamment dans la délivrance de cartes d’identité et passeports sécurisés, dans le droit fil des initiatives régionales. Le programme est ancré au niveau du ministère des Collectivités Territoriales du Développement et de l’Aménagement des territoires. La Direction de l’Etat civil assure la mise en œuvre avec l’accompagnement des agences d’exécution que sont : Civipol et Enabel.


Où en êtes-vous avec l’exécution du Programme ?


On est en plein dans les préparatifs du lancement officiel de cet ambitieux programme qui va révolutionner le système d’état civil du Sénégal. Cette activité est prévue au début du mois de novembre à Dakar et verra la participation de toutes les parties prenantes. Les opérateurs, Civipol et Enabel, ont déjà contractualisé avec l’Union européenne. Donc les équipes opérationnelles sont déjà mobilisées et le dispositif déjà mis en place. Et nous sortons d’ailleurs, il y’a quelques jours d’un atelier de planification opérationnelle de l’an 1 du Programme. Pour vous dire que tout est fin prêt. Il reste que le lancement officiel du Programme. Mais, faudrait-il rappeler qu’un travail préparatoire a été effectué pour une bonne mise en œuvre du Programme.


Au mois de mars 2019, la Direction de l’Etat civil a conduit une grande enquête auprès de tous les centres d’état civil du Sénégal et au niveau de quelques postes consulaires en relation avec la Direction des affaires juridiques et consulaire (Maroc, Cote d’ivoire, France et Italie). Ce qui a permis d’avoir une situation de référence. Durant cette phase préparatoire, nous avons répertorié près de quinze millions (15 000 000) d’actes d’état civil numérisés et 105 centres d’état civil informatisés. Ceci permet de passer d’un système manuel à un système informatisé.


Ainsi, des données détaillées ont été collectées de façon à mettre en évidence l’évolution avec la situation de 2014 dans plusieurs domaines (nombre d’actes produits, informatisation des centres, état de l’archivage, situation des personnels etc.).


En somme, l’enquête avait pour vocation de dresser un état des lieux précis et complet des centres d’état civil. Il a permis de définir la base du programme, nécessaire pour la définition des résultats et des indicateurs de suivi.

La question de l’Etat civil touche plusieurs secteurs. Y a-til un partenariat avec les autres secteurs et acteurs impliqués dans l’état civil sur ce Programme ?

La nature transversale de l’état civil et la sensibilité des problématiques liées à la création d’un fichier national d’état civil obligent à veiller à une démarche holistique pour une bonne harmonisation des actions. Afin d’éviter des interventions disparates et non coordonnées, le Gouvernement a pris l’initiative de procéder à l’élaboration d’une stratégie nationale de l’état civil. Cette importante stratégie nationale vise à standardiser le système en général en tenant compte les exigences de l’état civil. Un processus au cours duquel tous les acteurs potentiels sont invités à contribuer efficacement en vue d’avoir un large consensus sur les mesures prioritaires et les orientations stratégiques. Pour vous dire dans la mise en ouvre de ce programme tous les acteurs qui interviennent dans le fonctionnement de l’état civil sont mobilisés.

Au niveau central, la Direction de l’Etat civil, au sein du ministère des Collectivités territoriales, coordonne le travail, avec l’implication de la Direction générale de l’administration du territoire du Ministère de l’Intérieur, de la Direction des affaires civiles et du sceau (Ministère de la justice), de la Direction de la santé de la mère et de l’enfant et la Direction de la planification, de la Recherche et des Statistiques (Ministère de la santé), Ministère de l’éducation et la Direction des affaires juridiques et consulaire (Ministère des affaires étrangères et des sénégalais de l’extérieurs), de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (Ansd) et de l’Agence de l’Informatisation de l’Etat au Sénégal. Les parties prenantes au niveau local sont notamment les officiers et personnel d’état civil. A ceux-là s’ajoutent les organisations faitières des élus locaux et autres acteurs territoriaux qui sont également impliqués dans la mise en œuvre du Programme.

   Le Soleil

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