Aliou Diallo : « Le CNT est censé être le reflet du Mali dans toute sa diversité »

Le Conseil National de Transition n’a pas encore été mis en place qu’il fait déjà l’objet de contestation. De nombreux partis politiques et la société civile dénoncent l’inégale répartition des postes et la mainmise des militaires sur l’organe. Pour éviter au Mali une nouvelle crise, le leader du parti ADP-Maliba, Aliou Diallo, fait des propositions concrètes, censées aboutir à une plus grande représentativité et une meilleure inclusivité du CNT.

Au Mali, la classe politique et la société civile dénoncent l’inégale répartition des sièges du futur Conseil national de transition (CNT). Ils pointent les 22 places réservées aux militaires, les 8 de la coalition M5-RFP et les 5 à 11 promis aux partis et organisations ayant activement participé à la révolution populaire. Au total, ces « forces vives de la nation » obtiennent cumulativement 75 postes. Un partage qui ne satisfait pas les autres formations et acteurs politiques maliens, eux aussi contributeurs à la démocratie nationale. Si elles n’obtiennent pas satisfaction, leur contestation pourrait grandement nuire à la bonne conduite de la transition de dix-huit mois.

« Le Conseil National de Transition dans sa forme et son format actuels pose d’énormes problèmes »

Pour éviter au Mali une nouvelle crise, Aliou Diallo monte une nouvelle fois au créneau afin d’obtenir le consensus autour de la CNT. Comme ses détracteurs, il constate d’emblée que ce « Conseil National de Transition dans sa forme et son format actuels pose d’énormes problèmes. En effet, le nombre de ses membres et la clé de répartition proposée par les autorités ne répondent pas suffisamment aux critères de représentativité et d’inclusivité indispensables à la réussite de la mission assignée à cet organe législatif de Transition ». Il estime donc que le CNT doit refléter le Mali dans toute sa diversité.

Pour ce faire, Aliou Diallo énumère trois conditions principales de légitimités à remplir. Il s’agit de : la légitimité issue des urnes et territoriale ; la légitimité acquise par la rue (M5-RFP) et celle « de fait » faisant suite à l’arrivée des militaires sur le champ politique ; et la légitimité sociale, traditionnelle, coutumière et religieuse.

Intégrés les députés de la 5e législature au CNT

Aliou Diallo considère que la légitimité issue des urnes et territoriale doit répondre à la nécessité de corriger l’injustice née des dernières élections législatives mais également des conséquences des évènements du 18 Août. En effet, le coup d’Etat contre Ibrahim Boubacar Keita a provoqué la dissolution de la nouvelle législature. Pourtant, 80% de ses membres ont été élus régulièrement. Seuls 31 circonscriptions ont été contestées car arbitrairement attribuées au parti d’IBK, le RPM. Le leader d’ADP-Maliba souhaite la participation au CNT de ces députés spoliés de leur victoire pour une véritable représentativité sur l’entièreté du territoire national de cet organe. Il précise à toute fin utile qu’il n’est pas intéressé par un poste au CNT.

Concernant la légitimité sociale, traditionnelle, coutumière et religieuse, elle indique qu’elle reviendra aux autres acteurs de la vie politique malienne, qui n’ont pas nécessairement battu le payé en août dernier. Ce sont notamment les groupes signataires de l’accord de paix, les mouvements de l’inclusivité, les religieux, les jeunes, les femmes, les personnes à handicap, les responsables de la presse, les membres de la diaspora ou encore les faitières des artisans et de la culture.

Un effort financier à faire de la part de chacun

Mais où trouvera-t-on de l’argent pour payer les 290 membres du CNT ? se demandera-t-on forcément. En entrepreneur averti, Aliou Diallo a déjà une solution, à condition que chacun accepte de se « sacrifier » pendant les dix-huit mois de la transition. En effet, il suggère que les émoluments de ces membres soient divisés par deux voire trois par rapport aux émoluments des anciens députés. Ainsi, le problème de la charge financière du CNT sur le Budget National sera résolu tout en garantissant une plus large représentativité en son sein. « Aujourd’hui, il n’y a pas lieu de s’enfermer dans le fétichisme des 121 membres annoncés. Si nous voulons éviter le risque d’une instabilité chronique durant cette Transition, nous devons accepter d’aller à ce compromis dynamique qui devrait satisfaire l’écrasante majorité des acteurs nationaux », exhorte Aliou Boubacar Diallo.

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