Abdoulaye Diouf Sarr, la nouvelle bombe au sein de l’Apr

Macky Sall est désormais, comme Nicolas Sarkozy, dans le temps des tempêtes. Abdoulaye Diouf Sarr, fraîchement élu, 1er vice-président de l’assemblée nationale, est vraisemblablement dans l’inconfort au point qu’on lui prête la sérieuse idée de créer son propre parti. Dans cette ambiance, on annonce que l’allié Seydou Diouf, patron du PPC, ne comprend pas pourquoi le professeur Ismaïla Madior Fall, qui a mordu comme lui la poussière aux dernières Locales soit redevenu ministre de la Justice. Seydou Diouf, homme politique le plus titré de Rufisque semble humilié. Voilà un climat qui s’accommode mal avec le « Nemmeku tour » d’Ousmane Sonko venu déranger la quiétude de Macky Sall. Lui qui espérait pouvoir dérouler son agenda de restitution des affaires et de redistribution des rôles dans la perspective de la Présidentielle de 2024.Ministre Abdoulaye Diouf Sarr

Un séisme d’une amplitude jamais enregistrée en politique menace dangereusement l’Alliance pour la République (Apr). On annonce, en effet, que le 1er vice-président de l’assemblée nationale, Abdoulaye Diouf Sarr, est sur le point de créer sa propre formation politique. L’idée serait en gestation très avancée. Et naturellement, les piliers qui tiennent l’Apr accusent déjà le frémissement des grandes frayeurs. « Actionnaire majoritaire » de l’Apr, le sémillant Diouf Sarr a fait une fracassante sortie ce week-end à l’occasion de la mise en place d’un mouvement de soutien acquis à sa cause. Il a remonté le temps et mis le doigt accusateur vers/sur des « saboteurs » enrôlés dans le gouvernement dirigé par Amadou Ba. « On a mis des saboteurs de ma campagne dans le gouvernement », a-t-il martelé lors de la même réunion. L’allusion à Mame Mbaye Niang, promu ministre du Tourisme est sans équivoque. Après trois années de purgatoire, Mame Mbaye Niang retrouve le gouvernement et le poste qu’il a occupé entre 2017 et 2019. Un come-back qui a d’ailleurs surpris plus d’un. Car, Mame Mbaye Niang s’était lancé, lors des dernières Locales, dans une aventure avec sa liste parallèle Sénégal 2035 contre le candidat de Macky Sall pour Dakar, Abdoulaye Diouf Sarr. Analysant son limogeage du gouvernement à la suite des 11 bébés morts calcinés de Tivaouane, Diouf Sarr estime avoir été injustement démis de ses fonctions de ministre de la Santé. L’usage de « On » ne trompe personne. Diouf Sarr s’adresse, en effet, au chef de l’Etat, seul capable, par la constitution, de mettre et de démettre des ministres dans le gouvernement. Autant dire qu’en dépit de son engagement à travailler et à rester fidèle à Macky Sall comme il l’a assuré au cours de cette manifestation, Diouf Sarr est vraisemblablement dans l’inconfort. Et en rappelant son investissement à l’Apr, il essaie, sans doute, de le signifier au patron. Ce n’est pas la seule bombe qui menace l’Apr.

On annonce également que le député Seydou Diouf, patron du PPC, fraîchement élu président de la Commission des finances et du contrôle budgétaire du nouveau parlement ne comprend pas la promotion faite au professeur Ismaïla Madior Fall, redevenu ministre de la Justice. Il semble que l’héritier de feu Mbaye Jacques Diop broyé comme Ismaïla Madior Fall aux dernières Locales par Yewwi Askan Wi n’aurait dû jamais, au regard du patron du PPC, être nommé ministre. Cette récompense faite aux perdants ne serait donc pas du goût de Seydou Diouf. Et puis, quoi qu’on dise, Seydou Diouf est incontestablement l’homme politique le plus titré de Rufisque. Son parcours et son expérience auprès de Me Mbaye Jacques Diop a été ignoré au moment des récompenses. Sans compter que le nouvel élu de l’assemblée nationale a frontalement affronté Ousmane Sonko notamment lors de la manifestation interdite de Yaw, ça a donc tout l’air pour Seydou Diouf d’une humiliation qui passe mal.

A ce cocktail vient s’ajouter l’échec annoncé des retrouvailles entre Benno et Wallu. La seule amnistie de Karim Wade n’emballe guère nombre de libéraux qui estiment que Macky Sall est dans une pente déclinante. « Il n’y a rien à faire, Macky Sall n’est plus un cheval qui gagne et s’allier à lui mène droit vers le mur », soutient mordicus ce vieux cacique libéral qui a souhaité masqué son identité. Mieux, on annonce même que c’est Karim Wade, porteur de cette analyse, qui a freiné des quatre fers.

Si dans cette ambiance Ousmane Sonko annonce un « Nemmeku Tour » qui s’achève en juillet prochain, tout se complique pour l’agenda du chef de l’Etat. Macky Sall qui cherche, lui aussi, un espace dans les 14 mois le séparant de la fin son mandat, pour dérouler son plan de restitution du pouvoir. Le président Sall croyait pouvoir trouver la sérénité juste au sortir des Législatives. Mais il fallait compter avec Sonko qui refuse de céder un iota à Macky Sall dans l’espace politique.  

Le temps file et il faudra impérativement à Macky Sall un moment pour exprimer son autorité et surtout jeter dans la mare de la Présidentielle ses hommes. Mais plus le temps passe moins le chef de l’Etat aura suffisamment d’autorité et même de légitimité pour distribuer tranquillement les positions dans son parti. Rien visiblement ne lui sera concédé s’il met du temps à clarifier le jeu au sein de sa propre formation politique.

Félix DIAGNE – laviesenegalaise.com

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